© Wild Bunch Distribution
Djemila a enfin quitté le foyer familial à 30ans, mais son propre appartement se trouve à deux pas de ses parents, sa mère possessive ne perdant jamais sa fille de vue. Sa voisine de palier est une mère déjantée qui galère pour élever ses deux enfants. Alors que tout les oppose, une amitié sincère va naître entre elles…
Pour son premier long-métrage, Françoise Charpiat a décidé de plonger les spectateurs au cœur d’une cité, une manière pour elle d’évoquer les thèmes de l’immigration et de l’intégration. Mais c’est avec une patte attendrissante qu’elle va nous délivrer sa vision positive des banlieues.
Djemila est une juriste, célibataire, qui, à trente ans, a enfin réussi à se séparer du foyer familial. Elle va alors faire la rencontre de sa nouvelle voisine, Emma, mère délurée, pour qui les fins de mois sont difficiles. Par l’amitié naissante entre ces deux jeunes femmes, qui vont apprendre progressivement à apprivoiser leurs différences, la réalisatrice construit une fable sociale, sur fond de crise. Il est alors aussi bien question du poids de l’héritage des traditions que des problèmes de couple. Diffusant des messages de tolérance et d’acceptation de l’autre, "Cheba Louisa" commet l’erreur de rechercher à tout prix le sentimentalisme. Pour combler un scénario quelque peu bancal, la réalisatrice va alors multiplier les couches de guimauve pour espérer capter une émotion chez le spectateur.
Et c’est bien dommage, car la performance des actrices, entre subtilité et outrance maîtrisée, suffisait pour ne pas rajouter lourdement différents ressorts scénaristiques et stylistiques maladroits. Isabelle Carré en mère aimante, plus pute que chic, est éblouissante, dégageant une énergie solaire galvanisante, tandis que Rachida Brakni interprète parfaitement cette jeune trentenaire qui s’efforce, au maximum, de cacher ses origines. La musique occupant une place particulièrement importante dans le parcours des deux copines, Rachida Brakni en profite pour démontrer à l’écran tous ses talents de chanteuse. Pour autant, malgré la fraîcheur et le talent des comédiennes, il manque quelque chose pour emballer le spectateur, pour nous transporter dans l’univers des chebas.
Bien que la mise en scène nous offre quelques fulgurances, notamment lors de cette scène où le personnage de Djamila communie physiquement avec sa grand-mère, le rythme nonchalant empêche le métrage d’atteindre les sommets. Et en dépit de l’alchimie parfaite entre les deux protagonistes principales, aidées de seconds-rôles excellents, en premier lieu Biyouna qui fait, à nouveau, des merveilles en mère poule, le scénario trop banal freine notre véritable plaisir. On aurait aimé être emballé par ce portrait optimiste et enchanté de la banlieue, aux valeurs bienveillantes et aux messages d’espoir, mais malheureusement l’engouement ne se produira jamais…
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