© Bodega Films
Six copains s’apprêtent à affronter la terrible épreuve du baccalauréat. Enfin plus précisément cinq parce qu’Alex, le petit comique de la bande, a redoublé. Au rythme des chansons, la caméra nous plonge dans les espoirs et les désillusions de ces jeunes qui espèrent bien pouvoir réaliser leurs rêves…
Lorsqu’on réalise un panorama des différents genres cinématographiques, la comédie musicale et le documentaire semblent être aux antipodes, le premier avec ses numéros préparés et chorégraphiés au millimètre qui créent une distorsion dans le réel, le second avec son désir de capturer une certaine vérité abrupte. Alors, lorsque David André a eu l’idée de mêler ces deux formes artistiques pour retranscrire la vie de six lycéens à l’approche du bac, son idée, en plus d’être farfelue, paraissait difficilement réaliste. Pourtant, la greffe prend parfaitement dès les premières minutes du métrage, les chansons, partiellement écrites par les adolescents eux-mêmes, devenant un moyen d’expression complémentaire, plus intime et personnel.
Peu de mouvements de caméra, peu de profondeur de champ, pas d’effet de lumière, l’objectif s’efface complètement devant son objet, permettant aux spectateurs de pénétrer pudiquement dans cette période charnière de la vie des enfants, où il leur appartient de prendre cette décision qui impactera le reste de leur vie. Entre les doutes et les espoirs, les craintes et les joies, ces adolescents vont se livrer comme rarement on a pu le voir à l’écran, avec la musique pour moteur et les lyrics comme cri de guerre.
Et quelle jubilation de faire la rencontre de ces personnages hauts en couleur, avec notamment Alex, le petit comique coiffé comme Desireless dans sa grande époque, Nicolas, le poète intello, ou encore la douce Caroline, dont l’histoire est terriblement touchante. Car la véritable force du film est là : nous offrir un vrai moment de vie dans un documentaire faussement réaliste. Dans cette ville de Boulogne-sur-Mer où le passé glorieux n’est plus qu’un lointain souvenir, ces jeunes portent les expectatives de toute une génération biberonnée au chômage de masse et aux messages alarmants de crise économique irréversible.
Mais au lieu de chercher à dresser un portrait pessimiste et dépressif de cette jeunesse, le réalisateur trouve la bonne tonalité, la naïveté et l’allégresse juvéniles les armant contre la morosité ambiante de cette cité portuaire, l’amitié les protégeant des difficultés quotidiennes. David André dévoile ainsi les hauts et les bas que rencontre cette bande atypique à qui on s’attache très rapidement. Objet hybride, aussi bien détonnant qu’étonnant, "Chante ton bac d’abord" est une réussite formelle et scénaristique, un conte social subtilement amené et jamais moralisateur. Le pari osé du cinéaste est réussi, ce mariage incongru entre le documentaire et la comédie musicale débordant de charme et de poésie. Qui a dit qu’on ne pouvait pas avoir Ken Loach et Stanley Donen comme références pour un même film ?
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