© Bodega Films
Chala a beau n’être qu’un enfant, c’est lui qui doit s’occuper de sa mère, toxicomane et incapable de l’éduquer. Du haut de ses dix ans passés, le jeune garçon doit ramener de l’argent à la maison pour vivre. Et si la délinquance serait une l’option de facilité, son institutrice Carmela veille à ce que le bambin reste du bon côté de la barrière…
Fort d’une réputation d’énorme succès au box-office local, le film cubain "Chala, une enfance cubaine" sort dans nos salles françaises alors même que le pays multiplie les signes d’ouverture sur le reste du monde. Comme son titre l’indique, le métrage se veut une chronique universelle de la jeunesse dans les rues délabrées de la Havane. Chala est un gamin d’une dizaine d’années. Pour autant, il est déjà le chef de son foyer, la faute à une mère droguée du matin au soir. Pour s’en sortir, le bambin donne dans le combat de chiens, activité illégale qui rapporte suffisamment pour survivre mais pas assez pour rêver de jours meilleurs. À l’image de cet enfant, cette chronique sociale déborde d’une énergie bouillonnante, avec sa caméra à l’épaule et sa mise en scène nerveuse.
Chala, lui, court tout le temps, sur les toits de la capitale comme dans les couloirs de son école, sur les voies ferrées où il traîne avec ses amis, comme dans les ruelles des bas-fonds de son quartier. Une seule personne semble pouvoir l’apaiser : Carmela l’institutrice bienveillante, adorée et respectée de tous les minots. Et alors qu’on imaginait cette peinture pathétique comme celle d’un basculement vers une délinquance promise, le réalisateur nous amène sur d’autres pistes, bien plus subtiles, où il est moins question de drame que d’une fable touchante et positive flirtant avec l’héritage de Truffaut. Néanmoins, là où "Chala, une enfance cubaine" aurait pu embrasser sa dimension pamphlétaire, le film reste malencontreusement sage, la faute probablement à une grande part de financements publics dans le budget du projet.
La fluidité du récit, avec ses multiples sous-intrigues dont chacune aura droit à une résolution, et le portrait de ces personnages profondément touchants, nous offrent un voyage sensible et tendre. En refusant le fatalisme, cette leçon de vie remplie d’espoir réussit même à véritablement émouvoir, notamment grâce à sa pudeur et à la fraîcheur du ton. Si cela satisfait notre plaisir de cinéphile, on ne peut pas s’empêcher de regretter que cette esquisse de la société cubaine effleure les sujets dramatiques sans jamais les décortiquer. À l’heure où la dictature se meurt, les contradictions du pays qui servent de toile de fond auraient mérité d’être sur le devant de la scène. Car les grosses ficelles utilisées pour décrier les failles du régime et la bureaucratie des institutions finissent presque par diminuer la force du propos. Heureusement, le sourire d’Armando Valdes Freire nous fait tout oublier…
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