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© Rezo Films

CAVANNA : JUSQU’À L'ULTIME SECONDE, J’ÉCRIRAI


un documentaire de De Nina & Denis Robert

CrĂ©ateur des journaux de presse satirique Charlie Hebdo et Hara-Kiri, François Cavanna laissa Ă  sa mort, le 29 janvier 2014, une longue carriĂšre de polĂ©miste et d’écrivain. Les documents d’archives et les tĂ©moignages des personnes qui l’ont cĂŽtoyĂ© reviennent sur sa personnalitĂ© et son combat pour une presse libre et impertinente



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Photo film

À quoi bon enfoncer des portes ouvertes ?

L’actualitĂ© terrible de ce dĂ©but d’annĂ©e 2015 aura fini par rattraper le projet commun de Nina et Denis Robert : un hommage Ă  François Cavanna, pionnier de la presse satirique française et crĂ©ateur de Charlie Hebdo, pourtant bien moins connu que ses anciens confrĂšres Choron et SinĂ©. La rĂ©habilitation et la redĂ©couverte d’une figure mythique de l’esprit « bĂȘte et mĂ©chant » Ă©taient donc au cƓur de ce documentaire conçu Ă  quatre mains, mais toute la question Ă©tait de savoir ce qu’un tel tĂ©moignage pouvait offrir comme informations nouvelles et comme impact thĂ©matique. Dans les deux cas, pas de chance : la sincĂ©ritĂ© des deux rĂ©alisateurs a beau crever les yeux, elle n’est jamais communicative, vu que le rĂ©sultat se contente d’enfoncer des portes ouvertes autour de celui qui, autrefois, n’hĂ©sitait pas Ă  les dĂ©foncer.

L’intelligence suprĂȘme de Cavanna, l’admiration qu’il suscitait auprĂšs de ses collĂšgues, l’esprit Hara-Kiri qui aura pu se prolonger avec Charlie Hebdo, le dĂ©sir d’évacuer la politique pour se concentrer sur l’humour et la provocation, les unes de journaux chocs et hilarantes, les bisbilles avec Choron ou Philippe Val, les hommages lors de l’enterrement de Cavanna, les attentats de janvier 2015, etc. Le moins que l’on puisse dire, c’est que 75 % du film ne prĂ©sente pas l’ombre d’une demi-information nouvelle et que le reste se limite en majoritĂ© Ă  des dĂ©tails qui sonnent presque comme du hors sujet – Ă  quoi bon nous relater les problĂšmes autour de l’appartenance du titre du journal ? Dans ces moments-lĂ , on sent presque que Cavanna Ă©tait un prĂ©texte pour aborder autre chose.

C’est un condensĂ© assez disparate et peu homogĂšne que nous livrent ici Nina et Denis Robert, visiblement hĂ©sitants entre le pur hommage post-mortem et la captation d’un esprit impertinent au cƓur de la presse, qui plus est avec des inserts sur l’écran d’extraits des livres de Cavanna – le procĂ©dĂ© est plus maladroit qu’autre chose. Au final, le film n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se concentre sur Cavanna lui-mĂȘme, vieux moustachu attachant qui Ă©voque face Ă  Michel Drucker sa propre idĂ©e de la CrĂ©ation (un rĂ©gal Ă  Ă©couter) et qui ressasse son parcours Ă  Denis Robert avec une Ă©motion jamais feinte. C’est peu, mais il faudra hĂ©las s’en contenter.

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