© Shellac
Des hommes viennent du monde entier dénicher leur bonheur d'entre tous les vestiges d'une casse automobile. À travers cet océan d'épaves à ciel ouvert, le monde se monte, et se démonte à chaque rencontre...
On pourrait résumer ce documentaire à la phrase suivante : dans une casse automobile, des gens causent, puis démontent des tas de pièces, puis re-causent, puis prennent la pose face caméra, puis re-re-causent, puis démontent un pare-brise, et puis causent à nouveau. Voilà. C’est peu. C’est en tout cas trop peu pour ne pas assimiler le visionnage de ce documentaire à une interminable perte de temps. On peut certes distinguer où voulait en venir la réalisatrice : mettre en parallèle un monde (la mécanique) qui se démonte avec un autre (l’homme) qui se monte, toujours au gré des rencontres dans les deux cas. Il y avait sans doute un geste de documentariste très fort à oser ici, encore fallait-il l’assumer au travers d’un parti pris de captation assez spécifique. Ce que Nadège Trebal ne fait hélas jamais, laissant toute notion de rythme et de découpage le plus loin possible dans le rétroviseur.
Pas sûr qu’une mise en scène aussi monotone puisse arriver à rendre captivantes l’ensemble des conversations piochées ici et là entre les hommes pauvres qui démontent les carcasses de cette casse automobile, y compris lorsque l’une d’elles se centre sur le parcours de l’un d’entre eux en évoquant son enfance et son arrivée en France avec très peu d’argent. Pas sûr non plus que les quelques scènes capturées au hasard par la caméra (des gens qui courent pour se protéger de la pluie, une caisse à outils qui tombe par terre, etc…) aient un vrai potentiel symbolique ou narratif. Pas sûr, enfin, que l’on puisse voir dans ces quelques gros plans de visages face caméra (avec un léger zoom avant) autre chose qu’un banal gadget esthétique, à la manière des photos de l’artiste JR dans "Women are Heroes". Le gros problème de "Casse" est ici : tenter la stylisation quand elle n’est pas nécessaire, et la bannir lorsqu’elle aurait au contraire une vraie utilité. Une schizophrénie qui s’avère ici fatale.
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