© Sophie Dulac Distribution
1840. Qui aurait bien pu imaginer que ce jeune garçon lisant la Bible dans une cabane de chasse perdue au milieu des bois, deviendrait un jour capitaine de navire baleinier ? Personne. Et pourtant, de mains tendues en coups reçus, Achab grandit et s'empare des océans. Devenu un capitaine redoutable, il rencontre une baleine éblouissante de blancheur... Moby Dick...
Achab, personnage mythique, rattaché à jamais à l’objet de sa quête : l’insaisissable baleine blanche Moby Dick. Personnage obsessionnel, à l’obstination féroce, porté au pinacle par la plume d’Herman Melville. John Huston en a déjà tiré un (grand) film. Philippe Ramos en tire autre chose, comme une lecture entre les lignes. De la grandeur épique du roman fleuve il ne reste pas grand-chose à l’écran. Il reste Achab, humanisé là où Melville croquait un mythe.
Ramos nous fait le coup de l’homme derrière la légende, en narrant son enfance, en brossant le portrait d’un gamin devenu chasseur, cherchant à capter ce qui transforma un lecteur de la Bible en aventurier obstiné. Cela serrait viable si la composition des plans et la référence perpétuelle à une iconographie mythologique n’emportait le naturalisme vers le mythe. De silences sans fin aux longs regards pénétrés, le cinéaste nous sort l’arsenal du film d’auteur apprêté.
Le film ne résout ainsi jamais cette contradiction entre un personnage par essence hors norme et la volonté de s’en tenir à la partie congrue de son odyssée. Au final "Capitaine Achab" souffre d’un hermétisme pénalisant, ne cédant jamais une miette sur le terrain de l’âpreté des sentiments et des situations. L’image est soignée, le jeu de Denis Lavant en Achab fortement incarné, mais on a le droit de s’ennuyer ferme.
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