© Stray Dogs Distribution
Gina est une hĂŽtesse de lâair amĂ©ricaine. AprĂšs le suicide de son petit ami, elle se fait draguer lors dâune escale par un barman parisien et finit la nuit avec lui. PersuadĂ©e quâil sâagit lĂ du dĂ©but dâune histoire, elle sâincruste dans sa vie...
PrĂ©sentĂ© comme « lâ(anti)-comĂ©die romantique de l'Ă©té », "Câest qui cette fille" semble en permanence Ă la recherche dâune tonalitĂ© et dâune esthĂ©tique originales. PassĂ©e par Venise (JournĂ©es des auteurs), Tribeca, mais aussi Sitges, cette Ćuvre pour le moins Ă part, paraĂźt cependant en permanence dans lâexagĂ©ration, malgrĂ© des interprĂštes impliquĂ©s, qui semblent du coup un peu perdus dans cet univers plus proche du cauchemar intime que de la bluette sympatique.
Si lâon veut bien croire au fait que, perturbĂ©e par le suicide de son grand amour, Gina passe son temps Ă lire son horoscope, et suite Ă une sĂ©ance de voyance dĂ©cide de rester Ă Paris, on reste un peu perplexe face Ă ses agissements, proches dâun inconscient harcĂšlement. Lâidentification fonctionne donc difficilement avec cette protagoniste oscillant de plus entre naĂŻvetĂ© et calcul monomaniaque. Câest du coup le personnage de JĂ©rĂŽme, le barman, qui fascine, grĂące au jeu excellent de Damien Bonnard ("Rester vertical", et bientĂŽt dans lâexcellent "En libertĂ©"), qui casse joyeusement le mythe du « french lover », ici Ă la fois vulgaire, bourrĂ©, ventru et mal fagotĂ©.
Jacques Nolot vient notamment complĂ©ter le casting, parfait dans son rĂŽle de patron de boĂźte, Ă la fois nerveux et intĂ©ressĂ©. Malheureusement, lâesthĂ©tique du film agace rapidement, mĂȘme si lâon en comprend vite les rouages. Lâaspect ouatĂ© (comme dans un rĂȘve ou un monde idyllique), lâutilisation Ă outrance dâambiances colorĂ©es (un orange venant de la rue, une chambre bleu-rose, une boĂźte de nuit rouge et verteâŠ) sont un peu trop prĂ©gnants. Son monde tout rose Ă elle, qui finira par voler en Ă©clats face Ă une rĂ©alitĂ© bien cruelle, aurait peut-ĂȘtre suffi comme un moment ponctuel, Ă lâimage du rĂȘve façon comĂ©die musicale. Et mĂȘme si on nâadhĂšre pas ici Ă la forme, on reste intriguĂ© par ce que Nathan Silver ("Uncertain terms", dĂ©couvert Ă Deauville en 2014) pourrait nous proposer Ă lâavenir.
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