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Légendaire trompettiste de jazz des années 60, Chet Baker se voit un jour proposer par un producteur hollywoodien de tenir le premier rôle dans un film relatant son propre parcours. C’est durant ce tournage qu’il tombe amoureux de Jane, sa partenaire, et qu’il subit un jour un violent passage à tabac qui provoquera l’arrêt du tournage. Physiquement abîmé, Chet se replie sur lui-même et revit intérieurement les grandes étapes de son passé. Mais grâce à Jane et à la musique, il entame un long retour vers la célébrité…
Si l’on est néophyte en la matière, un petit tour rapide sur sa fiche Wikipédia permet de se faire une idée sur le trompettiste de jazz Chet Baker et sur une vie marquée par toutes sortes d’épreuves douloureuses. Peut-être pour esquiver les conventions lourdingues du biopic, Robert Budreau – déjà auteur d’un autre film sur Chet Baker sorti huit ans auparavant – s’est focalisé sur l’un de ces tragiques événements : un violent passage à tabac qui laissera Baker la mâchoire fracassée suite à une dette non honorée auprès de son dealer, mais duquel il finira par remonter la pente grâce à l’amour et au soutien d’une actrice rencontrée sur un plateau de tournage. La résurrection d’un perdant, en somme, soit l’un des sujets que Hollywood porte le plus en estime, et qui, ici, reste susceptible de magnifier le spleen d’un artiste de plus en plus tenté vers l’abîme.
Rien qu’en sachant cela, on rêve déjà de ce qu’un Ferrara ou un Scorsese auraient fait d’un tel matériau, ne serait-ce que sur le rapport diffus entre addiction à la drogue et pratique de l’art (la première sert-elle la seconde au point de la transcender ?). En l’état, il faudra se contenter du style anodin d’un réalisateur inconnu au bataillon, qui compte exclusivement sur la prestation grandiose d’Ethan Hawke (un acteur toujours capable de surprendre dans différents registres) et sur la beauté d’une photographie en couleur et noir et blanc (ça ne sert pas à grand-chose, mais c’est très joli) pour donner à son film une vraie singularité artistique. Des efforts hélas vains, tant le film ne ressasse rien de fort, de l’immersion dans le mythique club Birdland de New York (Clint Eastwood avait déjà fait le tour de la question avec son excellent "Bird", consacré au jazzman Charlie Parker) jusqu’au tableau d’un artiste qui se bat avec ses pires démons pour accéder à la rédemption (un sujet devenu depuis un gimmick un peu lassant). Sans personnalité réelle ni réflexion intrinsèque, la partition de "Born to be blue" demeure à cheval entre les conventions fades du genre et les fausses notes dues à une mise en scène sans style. Du biopic mi-babiole mi-bémol, pour faire simple.
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