affiche film

© SND

BLOOD FATHER


un film de Jean-François Richet

avec : Mel Gibson, Erin Moriarty, Diego Luna, Michael Parks…

John Link tient aujourd’hui un salon de tatouages et vit reclus dans une caravane au milieu de nulle part. Depuis bien longtemps, il a tourné le dos à ses vieux démons qui l’ont emmené jusqu’en prison. Mais lorsque sa fille vient lui demander de l’aide, l’homme est prêt à tout pour la sauver, quitte à ressortir le pistolet…


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Photo film

Mel au coeur du néant (géographique et scénaristique)

Jean-François Richet s’était fait remarquer il y a déjà plus de vingt ans avec deux premiers films particulièrement engagés, "État des lieux" et "Ma 6-T va crack-er", avant de se tourner vers le cinéma d’action et le polar (le biopic en deux volets de Mesrine, c’est lui). Sauf que ces dernières années, le réalisateur nous avait surpris, et profondément déçu, avec ses projets, qu’il s’agisse de son remake d’"Un moment d’égarement" ou de son choix plus que surprenant de produire les bouffonneries de Rémi Gaillard (très drôle sur internet) avec "N’importe qui". L’annonce de son retour aux métrages plus virils, avec le revenant Mel Gibson, nous avait ainsi fait fortement saliver.

Le pitch est assez simple : un homme est prêt à tout pour sauver sa fille (ne cherchez pas, Liam Neeson n’est pas dans le film). Cet individu en question, c’est Jonh Link qui, avec son bon nom d’Américain prêt à casser des bras, a mal tourné. Passé par la case prison, il vit désormais reclus dans une caravane au milieu de nulle part, tuant le temps en faisant quelques tatouages aux quidams du coin. Jusqu’au jour où sa fille, disparue des radars familiaux depuis bien longtemps, refait surface, pourchassée par des narcotrafiquants. Et lorsqu’on touche à sa progéniture, Mad Mel dégaine vite les flingues pour faire fuir les assaillants et rappeler qui est le patron.

Et c’est bien là le seul et unique point fort de "Blood Father" : son protagoniste principal. Le portrait de ce cet ex-taulard, ancien alcoolique et père absent, a quelque chose d’aussi émouvant que réjouissant. Touchant, parce que le personnage a conscience de ses limites, que chaque action le mène à sa perte (mais est-ce que pouvoir se rapprocher de son enfant et la sauver ne constitue pas la rédemption absolue après laquelle il courait ?). Savoureux, parce que chaque réplique de ce John Link sonne comme une référence au propre passé du comédien, un repentir des erreurs que beaucoup ne lui pardonnent pas.

Malheureusement, on aurait aimé que cette série B assumée développe un scénario plus consistant ne se limitant pas à un Mel Gibson enfourchant une moto au cœur des déserts arides et poussiéreux du Sud sauvage pour aller régler leur compte aux méchants mexicains. Si cette image est grandement jubilatoire, elle résonne également comme tristement manichéenne pour une œuvre qui ne quitte jamais les sentiers battus du genre. Redondantes et vite lassantes, les différentes séquences s’avèrent être bien moins violentes et intéressantes que prévues. Car à part le plaisir de retrouver Mel Gibson dans un rôle qui entretiendra sa légende, le spectateur n’a vraiment pas grand-chose à se mettre sous les dents. Réussir à nous ennuyer en moins de 90 minutes avec un tel postulat n’était pas une mince affaire. Et pour y être parvenu, Jean-François Richet ne mérite pas les honneurs…

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