affiche film

© Pretty Pictures

BLIND SUN


un film de Joyce A. Nashawati

avec : Ziad Bakri, Yannis Stankoglou, Mimi Denissi, Louis-Do de Lencquesaing, Gwendoline Hamon, Laurène Brun...

Dans un futur proche, une station balnéaire de Grèce se retrouve frappée par une vague de chaleur, qui pousse le gouvernement à imposer une limitation des stocks d’eau. Ashraf, un paisible immigré, est engagé par une famille française pour garder sa luxueuse villa en son absence. Mais dans ce paysage aride, il n’en faut pas beaucoup pour basculer dans la folie et la violence…


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Photo film

On étouffe… d’ennui !

De ce contexte caniculaire à un postulat de huis-clos mental évoquant "Le Locataire" de Roman Polanski, tous les ingrédients étaient là pour un vrai choc visuel et symbolique. Hélas, pour son premier film après plusieurs courts-métrages très remarqués, Joyce A. Nashawati nous laisse dans un état de frustration très avancé. "Blind Sun" fouille en réalité plusieurs pistes prometteuses : d’abord un angle social en évoquant l’intolérance vis-à-vis des immigrés, ensuite un angle mental en filmant la paranoïa d’un protagoniste plongé dans une ambiance où tout devient une menace potentielle, enfin un angle sensoriel en usant d’un Scope littéralement éblouissant qui met en valeur de superbes compositions de cadre. Des pistes prometteuses qui finissent par s’annuler par manque de rythme.

La réalisatrice a beau faire tout son possible dans la mise en place d’une atmosphère solaire censée intensifier la paranoïa grandissante de son héros, elle ne réussit pas à empêcher son film de s’incarner en coquille vide, avant tout gouvernée par un pur jeu de surfaces abstraites qui, à force de s’additionner, finissent par soustraire leur impact. La mise en scène, aussi magistralement pensée que paradoxalement trop verrouillée, abonde malheureusement dans ce sens : le manque de mouvements de caméra tend ici à bloquer le trouble et l’instabilité qu’un tel cadre était censé faire naître. Si "Blind Sun" révèle un vrai sens du cadre et de montage chez Joyce A. Nashawati, il ne nous laisse jamais dans l’état de peur et de suffocation que l’on aurait voulu tutoyer. On ne parlera pas pour autant de « douche froide », mais plutôt d’un film tiède qui finit même par devenir paradoxal : l’atmosphère y est suffocante, mais on étouffe surtout d’ennui.

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