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Larguée par son petit ami, non retenue pour occuper un poste d’importance sur une grosse chaine d’infos, Meghan décide de suivre ses copines en boîte pour se changer les idées. À la fin de la soirée, passablement éméchée, elle fait la rencontre du beau Gordon qui lui propose de la raccompagner chez lui. Le lendemain, Meghan apprend qu’elle est de nouveau en lice pour le poste et qu’elle dispose de huit petites heures pour rejoindre les studios. Toute à sa joie, elle se précipite en dehors de l’appartement et se retrouve dans les rues de Los Angeles sans papiers, argent ni téléphone portable et dans la minirobe jaune prêtée par son amie Denise. Ces huit heures vont lui réserver bien des surprises…
C’est maladroitement qu’on tente (titre, affiche et slogan compris) de nous faire passer le film de Steven Brill comme un "Very Bad Trip" en talons hauts. Pourtant, les enjeux des deux films ne sont pas les mêmes : dans la trilogie précitée, il s’agissait de retrouver la mémoire sur ce qui s’était passé pendant la biture, alors que dans "Blackout total", le scénario consiste à rejoindre un point donné (le studio de la chaine de télévision locale) le lendemain de la cuite. C’est donc au présent que se conjugue cette odyssée urbaine dans les bas-fonds d’un Los Angeles peuplé par un tas d’individus tous rongés par l’individualisme et la notion de capitalisme (en gros, « je veux bien t’aider mais il faut que tu me donnes autre chose en échange »).
La pauvre Meghan devra notamment faire face à un chauffeur de taxi libidineux, à des dealers de crack, à un môme pervers ou bien encore à la police qui, aveuglée par sa minijupe moulante, la prend pour une prostituée. Si l’on doit rattacher ce parcours semé d’embuches à une œuvre postérieure, c’est davantage du coté de Martin Scorsese et de son "After Hours" qu’il faut chercher. Cependant, pour être à la hauteur de son modèle, Steven Brill aurait dû ajouter à sa potion cinématographique une certaine dose de cynisme et de férocité afin de pousser son processus vers un extrême à l’humour dévastateur.
Si "Blackout total" inspire plus de sourires que de rires, il n’en reste pas moins un divertissement agréable aux péripéties cocasses et au rythme soutenu qui ne faiblit que lors d’un final des plus conventionnels. Porté par l’excellente Elizabeth Banks (vue notamment dans la franchise "Hunger Games"), le métrage est parsemé de gags souvent amusants, parfois nauséabonds quand ils portent la marque d’un racisme comme c’est le cas à l’envers des personnes de fortes tailles. Le tout est assez poilant pour qu’on n’en refuse pas l’invitation mais on se prend à songer à ce que des réalisateurs comme Blake Edwards ou Franck Capra auraient, en leurs temps, fait d’un tel sujet de comédie.
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