© 20th Century Fox France
Nina, jeune ballerine dévouée à son art et étouffée par les hautes attentes de sa mère, se réveille en sursaut. Se préparant depuis plusieurs mois pour l'adaptation du ballet "Swan Lake" ("Le lac des cygnes" par le célèbre directeur artistique Thomas Leroy, elle vient de rêver d'une inquiétante danse entre elle et un cygne noir. Nina aurait toutes les qualités requises pour jouer le premier rôle, mais lors de l'audition, une autre danseuse vient se démarquer et intéresser le directeur artistique…
A chacun de ses films, Darren Aronofsky nous sort un style radicalement différent du dernier, déroutant le fan aux premiers abords, pour finalement mieux s'imprégner du propos. Avec "Black Swan", Aronofsky démontre tout son talent de réalisation et, par-dessus tout, confirme sa capacité à passer d'un genre à un autre, en adaptant dans une symbiose parfaite la mise en scène à l'histoire qu'il nous conte. Rien que la scène d'ouverture est incroyable de maîtrise. Elle en donne même la chair de poule.
Aronofsky filme un monde exigeant, où les sacrifices sont de mise, afin d'aspirer à une carrière digne de ce nom. Rayonnante, Natalie Portman est l'actrice parfaite pour ce rôle d'ange sous constante pression, de la part d'une mère qui l'étouffe (une Barbara Hershkey habitée), d'une adversaire sournoise (une envoûtante Mila Kunis) et d'un directeur artistique la poussant dans ses retranchements. Vincent Cassel, bien que convaincant, est dans ce rôle moins impressionnant que Portman, qui se voit indéniablement attribuer le meilleur rôle de sa carrière.
On se rendra vite compte que son pire ennemi réside en fait dans ses propres attentes; celles d'incarner le rôle de sa carrière, cette volonté maladive d'être la meilleure d'entre toutes. Et même si le twist final n'a rien d'étonnant car annoncé à maintes reprises depuis le début du film, il faut bien se rendre compte que l'intérêt de "Black Swan" ne demeure pas dans une quelconque pirouette scénaristique, mais bien dans l'expérience mémorable et indélébile que procure la vision du film.
Tantôt rappelant fortement celle de "The Wrestler", avec ses plans serrés en caméra portée filmant inlassablement Natalie Portman de dos, la mise en scène d'Aronofsky alterne avec des séquences beaucoup plus frontales et dynamiques, sous une musique endiablée et omniprésente, qui clouent au siège. Il joue avec la perception du personnage de Nina et par la même occasion de la notre, lors de moments de paranoïa hautement maîtrisés. L'oppression dont est victime Nina est palpable. Le montage est calculé à la seconde, pour ne perdre aucun rythme, aucune intensité.
"Intense" est d'ailleurs le terme qui définit le mieux "Black Swan". Avec cette œuvre, Aronofsky confirme son don pour un cinéma véritablement sensoriel. Chacune des sensations de Nina se transpose dans notre corps, on est tour à tour, captivé, révulsé et terrifié. Le film monte crescendo dans la tension, la folie suppurant de la pellicule, pour s'achever sur un final de toute beauté. Magistral.
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