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Durant la guerre, une jeune juive dénommée Rachel Stein voit sa cachette champêtre détruite lors d'un bombardement. Elle tente alors de rejoindre la zone de libre de la Hollande et assiste au massacre des siens. Ayant finalement rejoint la résistance, elle réussit à infiltrer les services de renseignement allemand, où elle obtient un emploi de secrétaire, puis de chanteuse...
Tant attendu depuis des années, voici le retour de Paul Verhoeven. Espéré à Cannes et finalement présent à Venise, le réalisateur de "Basic Instinct" nous a livré une oeuvre à part dans sa filmographie: un grand film de guerre et de résistance. Après une incursion rapide en 1956 en Israël, le personnage principal, Rachel Stein, se souvient, et le film entame son déroulement en un long flash back. Quelques images suffisent pour accrocher l'oeil du spectateur par un bucolique paysage, dans lequel une jeune fille étendue au bord de l'eau, rencontre un jeune homme, beau, torse nu, qui accepte de l'accueillir sur son bateau. On croirait voir naître une histoire d'amour. Mais c'est à un puissant récit de séparations, manques et faux semblants que l'on va assister.
Un avion passe, larguant quelques bombes et le film bascule radicalement dans la noirceur de la guerre. "Black Book" nous conte ainsi un destin hors du commun, celui d'une jeune juive hollandaise devenue résistante. Intelligemment, le scénario apporte de l'huile aux rouages de la collaboration ou de la résistance, selon de quel point de vue on se place. Entre rapprochements inattendus et multiples trahisons, il mêle l'intime et l'humain à la grande Histoire et provoque à la fois indignation, dégoût et compassion. On se prend ainsi d'affection pour cette femme volontaire à qui il ne sera fait aucun cadeau et notre coeur balance entre le néerlandais et l'allemand dont les objectifs ne sont pas si nets.
En confiant le rôle principal à Carice Van Houten, jeune femme au visage angevin et à la coiffure libre, il a su repérer l'une des grandes actrices européennes de demain, mais prend des risques en se privant de véritable tête d'affiche internationale. En maintenant le récit dans un hollandais omniprésent, faisant place ponctuellement à des dialogues en allemand, il a joué la carte de l'authenticité en sacrifiant aux sirènes de l'anglais fédérateur. Une chose est sûre cependant, Verhoeven a bien fait de revenir à ses racines. En sa Hollande natale, il nous livre une grande fresque sur les dessous pas si simples de la libération de son pays. Un film d'une puissance émotionnelle rare.
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