© Diaphana Distribution
Un homme d’affaires américain arrive dans un hôtel de l’aéroport Charles-de-Gaulle à Paris. Il s'installe et doit récupérer des documents pour ensuite repartir conclure un deal à Dubaï. En pleine réflexion sur le sens de sa vie et de ses responsabilités, il décide de se donner un peu de temps et de rester une nuit de plus. Dans cet hôtel travaillent de nombreux anonymes (étudiants, personnes en situation de précarité, cadres) ; parmi eux, Audrey, une jeune femme de chambre qui aspire elle aussi à autre chose...
Sur le fond, croiser les destins de deux personnages que tout oppose (nationalité, niveau de vie, classe sociale, etc.) mais unis par une féroce envie d’échapper à leur quotidien constitue un point de départ intéressant. La solitude, le doute, le questionnement, la prise de risque… tous ces sentiments qui se développent autour de la question de l’acceptation de son quotidien et de sa condition auraient vraiment pu faire de "Bird People", un grand film, marquant le retour de Pascale Ferran, 7 ans après son encensé "Lady Chatterley", qui avait notamment reçu le César du meilleur film en 2007.
Et pourtant, l'histoire de cet homme et de cette jeune femme retombe comme un soufflé. Tout d’abord, la structure narrative du film en deux parties bien distinctes donne l’impression que deux films auraient pu être faits. Seules quelques rapides scènes à la fin du film les relient et ce plutôt maladroitement. Pour s’attacher un minimum au personnage d’Anaïs Demoustier, il aurait fallu la voir dans d’autres scènes que celles où elle discute avec Camélia Jordana, qui apparaît plus charismatique qu’elle. Ensuite, Pascale Ferran a fait un choix particulier pour exprimer l’envie d’ailleurs de la jeune femme. En effet, par un tour de magie, Audrey se transforme en moineau. Oui, oui ! Plutôt que de filmer la belle et talentueuse actrice (précédemment vue dans "Thérèse Desqueyroux", "Quai d'Orsay" ou "Belle épine"), Pascale Ferran la transforme en oiseau qui virevolte, espionnant les occupants de l'hôtel, les passants, les voyageurs, ses collègues...
Bien que l’on reconnaisse la prouesse de « diriger » de si petits oiseaux, on ne comprend pas vraiment pourquoi transformer son personnage en une bestiole voyeuriste. En effet, la métaphore de l'oiseau et sa liberté de se déplacer sans contrainte et où bon lui semble pourrait être intéressante... On imagine la sensation grisante de se sentir au-dessus de tout et de tous, l’espace d'un instant... Mais de cette métamorphose, elle n’en tire pas de liberté, mais l’entraîne dans un passe temps malsain et peu enrichissant : l’observation de ses congénères, incognito. Pourquoi ne pas avoir simplement doté son personnage d’une paire de longue vue ? Car cela est dommageable au film, cette transformation ruinant complètement le potentiel parallèle entre l’histoire de la jeune fille et celle du businessman. Si on ajoute à cela, le stéréotype du personnage solitaire qui enchaîne les clopes, on se dit que Ferran se positionne en tête des réalisateurs prêts à bosser pour Philip Morris.
Malgré une thématique contemporaine et de très beaux plans de foule en début et fin de film, Pascale Ferran ne nous séduit pas avec un "Bird People" aux faux accents poétiques. On peut, à la rigueur, saluer les plans de survol de l’aéroport (certainement réalisés à l’aide de drones) accompagnés du magnifique morceau de David Bowie, "Space Oddity". Mais cela ne suffit pas à emporter le spectateur dans son univers migratoire.
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