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Alors qu'ils interrogent un suspect d'enlèvement de fillettes qu'ils avaient pour mission de suivre en filature, des policiers se font filmer par un lycéen. La vidéo se retrouvant sur internet, Miki se voit finalement mis à pieds mais va continuer l'enquête à sa manière. Tout comme le père de la victime, finalement retrouvée ligotée à une chaise en plein milieu des bois sans tête, qui semble bien décidé à tout tenter pour faire parler le suspect...
"Big Bad Wolves" est un film israélien dans la directe lignée du récent "Prisoners" de Denis Villeneuve, dont il partage les thématiques et une partie de la trame, tout en assumant parfaitement un humour noir salvateur. Véritable régal, le scénario pousse le bouchon assez loin, se servant de l'humour dans les pires moments, notamment lors de scènes de tortures proches de l'insoutenable, où l'on a droit à des dialogues incongrus sur les relations mère-fils, ou les frustrations liées à un régime végétarien imposé pour cause de cholestérol. Amplificateur d'un suspense déjà grand, le rire, même jaune, fonctionne comme un échappatoire nécessaire face à une histoire des plus horribles.
Car les réalisateurs n'épargnent rien à nos nerfs. Ils montrent ou suggèrent tout, nous préparant, comme leurs victimes, au pire, ce avec un certain sadisme : arrachages d'ongles de pieds, doigts de la main brisés avec diverses instruments... Et ils transforment peu à peu les personnages du film, le flic comme le père de la victime, en de véritables bourreaux dans leur face à face avec un suspect supposé lui même torturer les petites filles. La mise en scène stylisée est d'une redoutable efficacité, alliant zooms avant sur des visages dans des moments clés, pour mieux souligner des enjeux (« parle ») ou suspendre une pression déjà grande, et nombre de travelling inquiétants aux cadrages qui tirent le meilleur de lieux lugubres savamment choisis (une serre en ruine, un sous-sol et des couloirs sombres, les bois dans lesquels on retrouve la victime...).
À cela s'ajoute un savant usage du son, comme d'une musique qui fait grimper la pression dans certaines scènes (dont la formidable et inquiétante scène de cache-cache introductive, entièrement tournée au ralenti...). Formidable d'efficacité, la mise en scène de Aharon Keshales et Navot Papushado permet de faire oublier les quelques aspects irréalistes du film, liés notamment à la surveillance du suspect. Quelques scènes vous scotcheront littéralement au fauteuil (le test du cri avec l'agent immobilier, le dernier mode de torture...) tandis que d'autres viendront délicieusement détendre l'atmosphère (la préparation du gâteau et son accompagnement musical, l'apparition de l'arabe à cheval...).
Un soupçon de persécution, une possible injustice, du sadisme à la pelle, une critique de la famille (les coups de fil de la mère juive qui croit son fils parti de la maison...), "Big Bad Wolves" offre une vision acide de la famille israélienne, critiquant au passage les méthodes de la police (la scène de torture à coups de poings et de bottins du début...), et celles de l'armée (le « test du feu » pratiqué par le grand-père...), dans un pays où le simple soupçon justifie finalement tout (surtout la violence...). Servi par un casting hors pair, mené par Lior Ashkenazi ("Mariage tardif", "Tu marcheras sur l'eau") et Tzahi Grad ("Les Méduses", "Restless"), le film s'attache à montrer que chacun des personnages est loin d'être irréprochable dans ses agissements quotidiens. Pourtant tous, comme vous et moi, sont dans certaines situations, des bourreaux potentiels.
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