© UFO Distribution
Deux amis consacrent tout leur temps libre à la construction de lance-flammes et d'armes de destruction massive dans l’espoir qu'éclate une apocalypse mondiale qui laisserait la place à leur gang imaginaire, "Mother Medusa"…
S’ouvrant sur une citation de Lord Humungus, despote barbare du film "Mad Max 2", le premier long-métrage du jeune Evan Glodell semble s’inscrire dans la mouvance actuelle des films questionnant une possible fin du monde, avec ses jeunes désœuvrés se construisant une voiture infernale afin de survivre en cas d’holocauste nucléaire. Seulement, en s’intéressant à ses personnages, plutôt qu’à un contexte encore totalement hypothétique, "Bellflower" ouvre en fait une brèche vers la métaphore cinématographique, laissant entendre que l’apocalypse en question n’est pas tant un cataclysme en devenir qu’un état d’esprit.
Vivant dans une sorte de no man’s land socialement coupé du monde (personne ne semble avoir un boulot, tous passent leur temps à picoler et construire des engins infernaux), progressivement contaminés par leur obsession de fin du monde, malgré une porte de sortie vers la « normalité » personnifiée par deux jeunes femmes amoureuses, les protagonistes de "Bellflower" semblent en sursis perpétuel, comme prêts à l’implosion. Une sensation prégnante de fin de toute chose que la mise en scène et la photographie du film accentuent, jouant sur les effets de montage quasi-invisibles et l’aspect brûlé de la lumière.
S’il n’est pas exempt de légers défauts (réalisateur, producteur et scénariste, Evan Glodell est aussi l’acteur principal, et n’est pas vraiment à la hauteur de ses partenaires), "Bellflower" laisse entrevoir un talent naissant, et s’impose comme un premier film magnifique, conte moderne sur l'errance sentimentale et l'évanescence du souvenir, laissant entrevoir une sourde menace psychologique inintelligible, culminant dans une représentation hallucinante de ce qu'est, mentalement, une apocalypse intime. To the darkest hour...
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