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BELLEVILLE BABY


un documentaire de Mia Engberg

Après un mystérieux appel d’un ancien amant, une jeune femme se retrouve confrontée à son passé…


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Photo film

Une romance atypique pour un objet filmique détonant

Après avoir suscité de nombreuses réactions avec sa dernière production "Dirty Diaries", compilation de 12 courts métrages pornographiques et féministes, Mia Engberg revient avec un film plus classique sur le fond mais tout autant original sur la forme. Débutant par des bribes du mythe d’Orphée et Eurydice, l’histoire d’amour contée dans "Belleville Baby" a de fortes chances d’être tourmentée (pour résumer : après avoir perdu Eurydice, Orphée se rendra au royaume des enfers pour la ramener auprès des vivants, mais sur le chemin du retour, celui-ci se retourna avant que sa belle soit revenue du soleil, ce qu’Hadès lui avait interdit, la perdant ainsi à tout jamais). Objet filmique original, le métrage est autant constitué de matériaux visuels qu’audio. Exploration des sens et des souvenirs mais également réflexion sur les banlieues, "Belleville Baby" mélange passé et présent dans une construction formelle ambitieuse.

Ce documentaire autobiographique, aux caractères fictionnels assumés, raconte les suites d’un appel téléphonique d’un ancien amant à une réalisatrice suédoise. Mi-fiction, mi-documentaire, le film évoque comment les souvenirs et la perception d’évènements peuvent évoluer et varier selon les personnes. Alternant des images en super 8, des conversations téléphoniques sur fond noir ou graffitis qui défilent, des images capturées par un téléphone, la réalisatrice nous invite dans un univers onirique dont l’ivresse n’est pas toujours au rendez-vous. Capturant la nature, des foules, des masses informes ou encore des personnages de dos, l’approche contemplative de réalisatrice finit par nous faire oublier le propos du métrage. Car malgré le lyrisme et la poésie, l’engouement du spectateur n’est jamais total, l’enchantement retombant aussitôt après avoir été suscité, en particulier si on est indifférent à ce genre de mise en scène.

En multipliant les pistes narratives, de la romance à la réalité de l’amour, de la perception des souvenirs au sort des banlieues, en passant par l’affaire Rey-Maupin, le tout accompagné d’images télévisuelles d’archives, il est parfois difficile de saisir le propos et ne pas décrocher le wagon en cours de parcours. Si l’aspect intrigant de "Belleville Baby" ne s’estompe pas au fil des minutes, la force du contenu est amenuisée par les différentes digressions, notamment celles sur le sort réservé aux jeunes de banlieues. Toutefois, Mia Engberg poursuit son chemin atypique, ses films étant définitivement animés d’une flamme inimitable. Délaissant l’univers pornographique et les revendications féministes de ces précédentes œuvres, la cinéaste ne réussit ainsi qu’à moitié son virage.

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