© Warner Bros France
Suite aux attaques du GĂ©nĂ©ral Zod qui ont dĂ©truit une large partie de MĂ©tropolis, Batman commence par juger les pouvoirs de Superman beaucoup trop dangereux. Il dĂ©cide alors de lâaffronter. Mais un danger plus grave menace la ville, avec les deux super-hĂ©ros comme pions dâune partie dâĂ©checs plus large que prĂ©vuâŠ
On pourrait faire simple en disant que câest lâhistoire de deux bellĂątres en lycra qui se foutent sur la tronche pendant deux heures â mais en rĂ©alitĂ© dix petites minutes sur 2h33 â pour savoir lequel des deux a les collants les mieux repassĂ©s. On pourrait en rajouter une couche en disant que ce projet bidon, rendu dĂ©jĂ inutile Ă la simple lecture du titre et du rĂ©alisateur, nâest finalement rien dâautre quâun paquet de lessive sans Ăąme, destinĂ© Ă faire patienter les geeks pour mieux prĂ©parer la giga-partouze super-hĂ©roĂŻque de DC Comics, Ă savoir la Justice League. On pourrait enfin dire que lâoverdose des super-hĂ©ros au cinĂ©ma commence sĂ©rieusement Ă nous sortir par les narines, et quâon en arrive Ă grincer nos deux derniĂšres incisives devant la sensation permanente dâĂȘtre pris pour des vaches Ă lait. En mĂȘme temps, on aura beau rĂąler et se servir du film comme dâun punching-ball pour mieux se dĂ©charger de sa colĂšre, ça ne changera pas grand-choseâŠ
La rĂ©ception critique dĂ©sastreuse du film aux Ătats-Unis (et, dans une moindre mesure, en Europe) nâempĂȘchera Ă©videmment pas "Batman V Superman" dâĂȘtre un carton en salles. Dâautant que les geeks dâaujourdâhui, sans doute mĂȘme pas au courant de lâexistence dâun comics mythique avec lequel le film nâa plus grand-chose Ă voir, ne manqueront pas de retourner leur veste face Ă une taylorisation aussi grotesque de tout un pan de la culture geek. En mĂȘme temps, avec un Zack Snyder autoproclamĂ© fan-boy depuis "300" et "Watchmen", ça nâa rien dâune surprise. Toujours adepte dâune mise en scĂšne oĂč le super-ralenti et le super-accĂ©lĂ©rĂ© visent Ă faire oublier quâil existe une vitesse au milieu, le bonhomme ne fait ici quâentĂ©riner cette entreprise de nivellement par le bas que "Man of Steel" avait contribuĂ© Ă crĂ©er. Soit une nouvelle catĂ©gorie de blockbuster hypocrite, qui poussait dĂ©jĂ le pĂšre des super-hĂ©ros (câest-Ă -dire Superman) Ă trahir son Ăąme originelle. Voir Superman expliquer le sens du « S » sur son costume (?!?), bavarder dans un bureau comme nâimporte quel type en visite chez son banquier (?!?!?) ou saccager une ville entiĂšre pour se venger dâun vilain trĂšs vilain sans se prĂ©occuper des gens qui crĂšvent en-dessous (?!?!?!?), câĂ©tait juste nâimporte quoi. La laideur visuelle assommante du spectacle avait fait le reste.
MĂȘme chose ici, mais avec une victime de plus : Batman. Le Chevalier Noir, que lâon pensait pourtant arrivĂ© au bout de son statut de freak ravagĂ© par la dualitĂ© grĂące Ă lâĂ©blouissante trilogie de Christopher Nolan, est ici rĂ©duit Ă un boudeur qui file des torgnoles dans la pĂ©nombre, qui conduit sa Batmobile et qui serre les dents en voyant Superman faire son travail sans avoir besoin de gadgets. On va quand mĂȘme relever un bon point qui fait malgrĂ© tout assez plaisir : que ce soit en Batman ou en Bruce Wayne, lâinattendu Ben Affleck se rĂ©vĂšle ĂȘtre un excellent choix, en tout cas face Ă un Henry Cavill toujours aussi fade. Au fil dâun scĂ©nario tellement abracadabrantesque quâon imagine le scĂ©nariste en cure de repos pour au moins un an, nos deux hĂ©ros pas si super que ça se retrouvent donc manipulĂ©s par un Lex Luthor rajeuni et visiblement cocaĂŻnĂ© jusquâĂ la rate, ici jouĂ© par un Jesse Eisenberg qui, Ă grands coups de bavardages sous speed et de gesticulations Ă©pidermiques, semble Ă©crire une trĂšs jolie lettre de motivation pour les Razzies Awards. On va avoir bien du mal Ă trouver une prestation dâacteur plus grotesque que celle-lĂ cette annĂ©eâŠ
Ajoutez Ă cette foire aux zinzins des seconds rĂŽles qui nâexistent quasiment pas, un dĂ©coupage trop rapide qui laisse sentir les coupes effectuĂ©es dans le montage dâorigine, des cadres iconiques gĂąchĂ©s par une omniprĂ©sence de la pluie (câest pas bientĂŽt fini, cette noirceur packaging par mĂ©tĂ©o interposĂ©e ??), une photo visiblement trempĂ©e dans lâhuile de moteur, un combat final illisible qui sert Ă introduire la future Justice League (dont une Wonder Woman qui est là ⊠pour nous montrer quâelle est lĂ ), un sens de la narration qui surligne chaque intention de montage au Stabilo pour mieux nous gĂącher le moindre effet de surprise, et vous aurez une bonne idĂ©e du calvaire que reprĂ©sente le visionnage de ce gros marshmallow sans glucides⊠En sortant de la salle, certains commenceront dĂ©jĂ Ă rĂ©flĂ©chir sur comment la Justice League va tenter de faire la nique aux Avengers. Câest leur problĂšme. En ce qui me concerne, dĂ©solĂ©, mais câest fini. Le divorce avec les adaptations de comics est consommĂ© : trop dâinjustices, ça nâannonce rien de bon pour lâavenir.
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