affiche film

© Warner Bros France

BATMAN V SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE

(Batman V Superman : Dawn of Justice)


un film de Zack Snyder

avec : Ben Affleck, Henry Cavill, Jesse Eisenberg, Amy Adams, Diane Lne, Jeremy Irons, Gal Gadot, Laurence Fishburne, Holly Hunter, Scoot McNairy, Kevin Costner, Tao Okamoto, Jason Momoa, Jeffrey Dean Morgan, Lauren Cohan, Ezra Miller, Michael Shannon


Suite aux attaques du GĂ©nĂ©ral Zod qui ont dĂ©truit une large partie de MĂ©tropolis, Batman commence par juger les pouvoirs de Superman beaucoup trop dangereux. Il dĂ©cide alors de l’affronter. Mais un danger plus grave menace la ville, avec les deux super-hĂ©ros comme pions d’une partie d’échecs plus large que prĂ©vu



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Photo film

L’aube de l’injustice

On pourrait faire simple en disant que c’est l’histoire de deux bellĂątres en lycra qui se foutent sur la tronche pendant deux heures – mais en rĂ©alitĂ© dix petites minutes sur 2h33 – pour savoir lequel des deux a les collants les mieux repassĂ©s. On pourrait en rajouter une couche en disant que ce projet bidon, rendu dĂ©jĂ  inutile Ă  la simple lecture du titre et du rĂ©alisateur, n’est finalement rien d’autre qu’un paquet de lessive sans Ăąme, destinĂ© Ă  faire patienter les geeks pour mieux prĂ©parer la giga-partouze super-hĂ©roĂŻque de DC Comics, Ă  savoir la Justice League. On pourrait enfin dire que l’overdose des super-hĂ©ros au cinĂ©ma commence sĂ©rieusement Ă  nous sortir par les narines, et qu’on en arrive Ă  grincer nos deux derniĂšres incisives devant la sensation permanente d’ĂȘtre pris pour des vaches Ă  lait. En mĂȘme temps, on aura beau rĂąler et se servir du film comme d’un punching-ball pour mieux se dĂ©charger de sa colĂšre, ça ne changera pas grand-chose


La rĂ©ception critique dĂ©sastreuse du film aux États-Unis (et, dans une moindre mesure, en Europe) n’empĂȘchera Ă©videmment pas "Batman V Superman" d’ĂȘtre un carton en salles. D’autant que les geeks d’aujourd’hui, sans doute mĂȘme pas au courant de l’existence d’un comics mythique avec lequel le film n’a plus grand-chose Ă  voir, ne manqueront pas de retourner leur veste face Ă  une taylorisation aussi grotesque de tout un pan de la culture geek. En mĂȘme temps, avec un Zack Snyder autoproclamĂ© fan-boy depuis "300" et "Watchmen", ça n’a rien d’une surprise. Toujours adepte d’une mise en scĂšne oĂč le super-ralenti et le super-accĂ©lĂ©rĂ© visent Ă  faire oublier qu’il existe une vitesse au milieu, le bonhomme ne fait ici qu’entĂ©riner cette entreprise de nivellement par le bas que "Man of Steel" avait contribuĂ© Ă  crĂ©er. Soit une nouvelle catĂ©gorie de blockbuster hypocrite, qui poussait dĂ©jĂ  le pĂšre des super-hĂ©ros (c’est-Ă -dire Superman) Ă  trahir son Ăąme originelle. Voir Superman expliquer le sens du « S » sur son costume (?!?), bavarder dans un bureau comme n’importe quel type en visite chez son banquier (?!?!?) ou saccager une ville entiĂšre pour se venger d’un vilain trĂšs vilain sans se prĂ©occuper des gens qui crĂšvent en-dessous (?!?!?!?), c’était juste n’importe quoi. La laideur visuelle assommante du spectacle avait fait le reste.

MĂȘme chose ici, mais avec une victime de plus : Batman. Le Chevalier Noir, que l’on pensait pourtant arrivĂ© au bout de son statut de freak ravagĂ© par la dualitĂ© grĂące Ă  l’éblouissante trilogie de Christopher Nolan, est ici rĂ©duit Ă  un boudeur qui file des torgnoles dans la pĂ©nombre, qui conduit sa Batmobile et qui serre les dents en voyant Superman faire son travail sans avoir besoin de gadgets. On va quand mĂȘme relever un bon point qui fait malgrĂ© tout assez plaisir : que ce soit en Batman ou en Bruce Wayne, l’inattendu Ben Affleck se rĂ©vĂšle ĂȘtre un excellent choix, en tout cas face Ă  un Henry Cavill toujours aussi fade. Au fil d’un scĂ©nario tellement abracadabrantesque qu’on imagine le scĂ©nariste en cure de repos pour au moins un an, nos deux hĂ©ros pas si super que ça se retrouvent donc manipulĂ©s par un Lex Luthor rajeuni et visiblement cocaĂŻnĂ© jusqu’à la rate, ici jouĂ© par un Jesse Eisenberg qui, Ă  grands coups de bavardages sous speed et de gesticulations Ă©pidermiques, semble Ă©crire une trĂšs jolie lettre de motivation pour les Razzies Awards. On va avoir bien du mal Ă  trouver une prestation d’acteur plus grotesque que celle-lĂ  cette annĂ©e


Ajoutez Ă  cette foire aux zinzins des seconds rĂŽles qui n’existent quasiment pas, un dĂ©coupage trop rapide qui laisse sentir les coupes effectuĂ©es dans le montage d’origine, des cadres iconiques gĂąchĂ©s par une omniprĂ©sence de la pluie (c’est pas bientĂŽt fini, cette noirceur packaging par mĂ©tĂ©o interposĂ©e ??), une photo visiblement trempĂ©e dans l’huile de moteur, un combat final illisible qui sert Ă  introduire la future Justice League (dont une Wonder Woman qui est là
 pour nous montrer qu’elle est lĂ ), un sens de la narration qui surligne chaque intention de montage au Stabilo pour mieux nous gĂącher le moindre effet de surprise, et vous aurez une bonne idĂ©e du calvaire que reprĂ©sente le visionnage de ce gros marshmallow sans glucides
 En sortant de la salle, certains commenceront dĂ©jĂ  Ă  rĂ©flĂ©chir sur comment la Justice League va tenter de faire la nique aux Avengers. C’est leur problĂšme. En ce qui me concerne, dĂ©solĂ©, mais c’est fini. Le divorce avec les adaptations de comics est consommĂ© : trop d’injustices, ça n’annonce rien de bon pour l’avenir.

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