© Ad Vitam
Une adolescente de 16 ans, George, tombe amoureuse d’Alex, jeune étudiant réputé pour sa tchatche et son statut de dragueur. Avec lui, elle décide un jour d'initier dans Biarritz un jeu collectif nommé « Bang Gang » où tous les participants se lancent dans une exploration totalement désinhibée de leur sexualité. Mais à force de multiplier les partouzes, la distinction entre la réalité et l’illusion ne sera plus aussi claire pour certains d’entre eux…
Le titre n’est pas une fausse promesse : il sera question dans « Bang Gang » de sexe, bien sûr, qui plus est à plusieurs et sans aucune inhibition vis-à-vis de la nudité, mais l’inversion des deux mots annonce déjà la couleur. À un moment-clé du film, en pleine séance de fumette pré-coïtale, une ligne dialogue fait mention de particules nucléaires pour évoquer la collision entre ces adolescents explorateurs de leurs limites sexuelles. Il y a en effet quelque chose de chimique dans ce film, qui peut se voir autant comme un portrait de groupe en coupure sèche avec le monde extérieur (presque un « gang » en soi) que comme un cocon organique dans lequel des électrons surchauffés rentreraient en collision, attirés les uns vers les autres de façon instinctive.
Le problème, c’est qu’il existait déjà un film sur ce sujet-là, à savoir "Les lois de l’attraction", chef-d’œuvre orgiaque de Roger Avary qui retranscrivait avec brio et culot toute la sève subversive du roman éponyme de Bret Easton Ellis, en allant parfois très loin dans la peinture d’une génération Y aveuglée par ses pulsions. Rien de tout ça ici. Ce qui rend le premier film d’Eva Husson aussi terne que quelconque vient du fait que la fièvre tant espérée ne déborde jamais de l’écran, la faute à une mise en scène qui suit ses ados jusqu’à se coller à leur nuque mais sans incarner ce qui les rend aussi bouillants de l’intérieur. On sent le film constamment retenu, trop pudique pour éviter de se mouiller, trop hésitant dans son parti pris pour vraiment nous désorienter.
Il était d’ailleurs difficile de deviner comment la réalisatrice allait pouvoir s’en sortir, vu la relative pauvreté de son scénario : coincé quelque part entre "The Bling Ring" et Larry Clark, le récit hésite entre plusieurs directions qu’il finit par alterner sans réelle cohérence, switchant du trip sensoriel au drame social, du teen-movie sous substances à la chronique alerte sur les dangers d’Internet et des maladies sexuellement transmissibles. Trop de tonalités mal équilibrées achèvent donc de brouiller les pistes sur la ligne directrice du projet, tout en mettant en évidence des choix scénaristiques pour le moins moralisateurs, où le sexe se chope encore le rôle du coupable et où le retour à la norme devient la règle n°1 pour sortir de ce cercle vicieux.
Scénaristiquement bêta, "Bang Gang" ne peut même pas compter sur ses acteurs pour faire pencher la balance du bon côté. Déjà, leur ressemblance frappante avec de jeunes stars américaines accroît la maladresse du film à vouloir se connecter à un genre qu’il ne maîtrise pas (côté filles, Marilyn Lima et Daisy Broom sont les sosies respectifs d’Emily Browning et de Jena Malone). Mais surtout, chacun d’eux incarne ici un stéréotype plus éculé tu meurs (la blonde sexy, la brune sympa, le dragueur impénitent, le musicien asocial, le père autoritaire, la mère sensible, etc…). On se consolera avec une très belle photo et une bande-son atmosphérique (signée White Sea), qui réussissent parfois à faire ressentir les pulsations cardiaques et les pulsions de liberté que cette jeunesse charnelle tente d’apprivoiser jusqu’au bout. C’est très peu, mais c’est déjà ça de gagné.
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