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Marieme est une jeune fille de 16 ans en échec scolaire. Sans réel soutien parental ou familial, elle va croiser une bande de filles, qui fait la loi dans la cité. Fascinée par leur aplomb et leur désinvolture, elle va les rejoindre et changer son prénom pour elle aussi être « quelqu’un »…
À Cannes, Céline Sciamma scandait que nous devrions tous vouloir faire partie de cette « bande de filles »… Après le visionnage, il faut se rendre à l’évidence que peu partageront cette envie. En effet, si faire partie d’une bande de filles dans une banlieue parisienne signifie raquetter à la sortie des écoles pour se faire accepter d’un groupe de nénettes en échec scolaire.... Je dis tout simplement non. Si cela signifie obtenir le respect des autres par la violence. Je dis non aussi.
Alors qu’elle souhaitait certainement mettre en lumière l’énergie et la force que dégagent les bandes de filles qui passent leurs samedis après midi dans les couloirs de Châtelet et chantent à l’unisson « Diamonds » de Rihanna dans une chambre d’hôtel (magnifique scène à l’énergie électrisante), Céline Sciamma ne réussit pas à remporter une adhésion complète, malgré la fascination que l’on peut ressentir pour le mélange de force et de fragilité de ces filles.
« Bande de filles », c’est un peu le portrait d’une génération désenchantée. Certes, tous les ados cherchent leurs repères auprès des icônes de mode ou des stars de la musique, et se fantasment une vie idéale, tout en tentant de s’affranchir de leur parents (ici des parents souvent absents ou dont le travail les dégoûte). Au travers du personnage de Marieme, on découvre ainsi le parcours d’une jeune fille sage, qui devient peu à peu femme et rêve d’amour interdit. Au contact de ses nouvelles copines, elle va apprendre la violence, celle qui engendre la peur chez les autres, et qu’elles prennent pour une manière d’imposer le respect dans le regard des autres… Tendre illusion. La journée, elles errent dans les boutiques où elles volent occasionnellement. Et dans une lutte des classes, elles s’affrontent dans des street fight qu’elles filment pour rétablir la hiérarchie au sein de leurs cités, jouant ainsi comme les garçons, à faire régner la terreur…
Au final, « Bande de filles », pourrait être l’éloge du combat d’une jeune fille des cités qui veut s’en sortir, un combat féministe, ou bien un portrait revendicateur de la condition de la femme dans les banlieues ? Il y a de quoi se poser la question, compte tenu de la part importante que prend la question de la féminité dans le film ; Marieme passe de la jeune ado en jogging qui cache ses formes, à une jeune femme qui aime jouer de sa féminité, puis qui va se bander les seins et porter des tenues militaires pour se faire oublier et devenir la petite main d’un dealer…
Personnellement, ce film me semble faire le même effet que « Into the wild » de Sean Penn. Adoré des uns, détesté des autres. « Bande de filles » est un film dans lequel il est difficile de ne pas porter de jugement sur les actes des personnages, qu’ils soient enfantins, immatures, irrespectueux, nécessaires, ou libérateurs... Quelle que soit notre position, on ne peut qu’admettre que Céline Sciamma est une grande réalisatrice, qui filme les femmes comme personne, et qui a eu le courage qu’aucun réalisateur français n’a encore eu : faire un film uniquement avec des actrices noires. Quatre diamants bruts à l’état pur, qui ne laisseront aucun spectateur indifférent.
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