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Trois secrétaires découvrent effarées, une banderole tendue sous la fenêtre d'un des habitants de l'immeuble d'en face, indiquant en lettres blanches sur fond noir: Homme seul. Commencent alors de nombreuses interrogations qui iront jusqu'à impliquer des cadres et autres personnels des bureaux...
Voilà bien longtemps que le nouveau film de Bruno Podalydès (« Versailles rive gauche », « Dieu seul me voit », « Le parfum de la dame en noir ») était attendu sur les écrans, puisqu'il était annoncé initialement pour le printemps 2008. La patience du spectateur est enfin récompensée, au moins partiellement, aux vues du casting impressionnant que réunit l'auteur, avec plus de 30 têtes d'affiches françaises, qui semblent prendre un certain plaisir à apparaître, même pour une simple tirade (voir Micheline Dax en voisine de palier...).
Malheureusement, on ne peut pas dire que la sauce prenne vraiment, la plupart des dialogues, pourtant finement écrits, mais qui semblent bien loin d'un naturel propre aux relations amoureuses et à la solitude dont parle avec une certaine langueur le film. Celui-ci est en effet découpé en trois parties distinctes: celle dans les bureaux, les gens s'interrogeant sur la signification de la banderolle « homme seul », celle dans le square à l'heure du déjeuner, et la dernière dans le magazin de bricolage « Brico dream », devenant ponctuellement brico-drame, au fil des pannes de la lettre lumineuse « e »...
Si ces petits détails amusent, ils finissent par être légions et par noyer le propos. Ainsi l'on sourit beaucoup (à la scène de réanimation d'une armoire, avec Catherine Deneuve, caméra tournoyante autour d'un caddie – brancard façon « Urgences » ou autre série médicale...), mais les interrogations multiples éclairant à peine la constellation de solitudes décrite, on s'agace assez vite de ce zapping forcé. On aurait aimé que l'auteur se concentre sur certains personnages, comme celui d'Isabelle Candellier, qui en pleine rupture rembarre un Elie Seimoun un peu trop insistant et d'une lourdeur d'approche inégalable. Mais les scènes se succèdent, sans réelle âme, sans réel rire, et l'oublie s'installe, à l'image de tous ceux qu'on croise chaque jour, dans les grandes villes, sans jamais oser les aborder ou s'intéresser à eux.
2ème avis - Des gags ingénieux qui s'accumulent un peu gratuitement
La première chose qui surprend dans le nouveau film de BrunoPodalydès c'est le générique de début: sur des images passe-partout (un trajet en métro) défile....tout le gratin du cinéma français ! L'un après l'autre sont annoncés tous les acteurs célèbres d'aujourd'hui... on a à peine le temps de se dire : « il ne manque que Catherine Deneuve » que son nom apparaît ! Les acteurs étant cités « par ordre d'apparition » cela veut dire que la scène avec Deneuve... est à la fin du film !
Et, de fait, dès que l'histoire commence on ne cesse de croiser des visages connus,de reconnaître des silhouettes un peu moins célèbres. Et le jeu est d'autant plus amusant que les acteurs interprètent des personnages anonymes, qu'ils jouent le rôle de gens ordinaires, vous ou moi en quelque sorte... Quand arrive le générique de fin on vous cite à nouveau tout ce beau monde avec l'emploi occupé (« Mère de Marianne/cliente à lunette : Chiara Mastroianni, Mère d'Arthur : Emmanuelle Devos, Client paillasson : Michael Lonsdale, etc...) pour que chacun puisse vérifier qu'il a bien mis le bon nom sur la bonne personne. Pas de surprise dans ce générique : on n'avait oublié personne !
Pas de surprise enfin si.....après les acteurs on cite l'équipe technique et à la rubrique scénario il y a cinq noms (le réalisateur et sa co-scénariste, plus trois personnes de renfort pour la dernière partie du film). Tant de monde et si peu de choses ! Car l'argument de « Bancs Publics », avec une chute à la fin, comme il se doit, tient en quelques mots qui donneraient plus matière à un court-métrage qu'à un « grand film ». Du coup les gags ingénieux et souvent réussis et qui rendent gentiment hommage aux maîtres du cinéma comique, de Tati à Louis de Funès avec un clin d'œil au Café de la Gare, s'accumulent un peu gratuitement, donnant parfois l'impression que l'auteur « tire à la ligne ».
C'est le seul reproche à faire à cette agréable ballade cinéphilique. Et pour conclure, en restant dans le 7° art, on ne dira pas « Tout ça pour ça! », ce serait excessif, mais plutôt « C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule ».
Jean-François Martinon
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