© Simon Letellier
Eric et Quentin sont les présentateurs-stars d’un programme télé pour enfants. Après un dérapage accidentel lors d’une soirée, une photo d’eux, diffusée sur les réseaux sociaux, les présente comme des participants d’une partouze zoophile néo-nazie ! Pour conserver leur réputation et leur emploi, ils vont devoir contrer médiatiquement ce bad buzz en trouvant une idée de good buzz…
Révélés dans "Le Petit Journal" sur Canal+, et toujours collaborateurs de Yann Barthès depuis son déménagement vers l’émission "Quotidien" sur TMC, Eric et Quentin tentent, comme beaucoup avant eux, de franchir le fossé entre sketchs télévisuels (ou YouTube pour d’autres) et long métrage sur grand écran. Après une première apparition au cinéma dans "Robin des Bois, la véritable histoire", Eric Metzger et Quentin Margot (oui, vous ignoriez peut-être encore leur patronyme respectif) écrivent leur premier scénario pour s’offrir les rôles principaux qu’ils méritent (ou pas). Pour les épauler dans ce chemin de croix, c’est Stéphane Kazandjian qui s’y colle pour la réalisation, après trois autres films qui ne sont pas restés dans les annales (on vous laisse chercher si vous êtes curieux) et une plus grande variété de collaborations pour l’écriture, au ciné comme à la télé (dont "Un monstre à Paris" et les récents "Pattaya", "Bienvenue au Gondwana" et "Sahara") . Plus étonnant, la musique est confiée à Fred Avril, compositeur et musicien electro injustement méconnu (il est notamment l’auteur de la BO de "Sound of Noise"), dont la contribution est peut-être ce qu’il y a de mieux dans "Bad Buzz" pour peu qu’on y prête attention !
Bref, tout cela sentait déjà un peu le roussi et le rassis avant même que le film ne sorte. Et après visionnage, c’est confirmé : ce n’est pas du cinéma et c’est plus que poussif. Certes, le style d’Eric et Quentin est volontairement axé sur l’exagération du jeu et les blagues potaches. Si leur humour peut fonctionner sur des formats courts à la télé (et encore, pas toujours !), ce ton-là nécessite d’avoir d’autres atouts pour le cinéma. Or, il n’y a pas grand-chose d’autre qu’un objet audiovisuel foutraque et mal filmé. Certains gags nous décrochent quelques rires (et on est étonné que cela vienne en partie de Marie-Anne Chazel, dont on n’attendait plus grand-chose depuis longtemps !), mais l’ensemble est trop incohérent ou pas assez fou (au choix) pour qu’on puisse adhérer sur la longueur. La revendication d’un propos politique de la part des deux compères n’y change rien : les intentions sont sans doute louables, par exemple dans la volonté de défendre les migrants ou dans la tentative de valorisation (très maladroite) de garçons trisomiques (qui s’avèrent plus malins que les personnages principaux), mais cette posture manque de modestie et ne peut clairement pas atteindre son but dans un tel gloubi-boulga de gags rarement distingués.
Sur le même sujet (la gestion d’un bad buzz qui provoque un enchaînement catastrophe de type effet papillon), le duo du Palmashow avait réalisé un sketch bien plus puissant et efficace : "Les Internets", vu plus de 3,5 millions de fois à ce jour sur YouTube. Comme quoi, il vaut parfois mieux rester au format court et continuer d’y faire ses armes. Ceci dit, on peut toujours regarder ce film d’un œil distrait (en faisant du repassage, tiens, par exemple) et le petit bonus post-générique vaut presque plus le coup que tout ce qui a précédé. Quoiqu’il en soit, même avec toutes les corvées de repassage de France et de Navarre, il est peu probable que ce flop devienne un film tardivement culte comme ce fut le cas des "Clefs de bagnole" de Laurent Baffie…
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