©Cinévia Films
Quelque part en pologne, des citoyens s'adonnent à un jeu virtuel interdit. Celui-ci doit se jouer dans des centres clandestins, car une fois passé un certain point, le concurrent ayant atteint Avalon, risque de ne plus en revenir. Parmi les candidats, l'une des légendaires championnes se nomme , et entend bien gagner seule la partie…
Mamoru Oshii est le réalisateur de " Ghost in the Shell ", dessin animé futuriste hyper violent, tatant déjà de la cyber réalité. Avec Avalon, Oshii va plus loin sans pour autant renchérir en terme de castagne, ni d'effets spéciaux, puisqu'il a choisi cette fois-ci des images " réelles ".
Tourné entièrement en Pologne, le film, ocre et blanc, allie des techniques d'animation et d'images de synthèse. Lorsqu'un candidat est abattu, celui-ci se fige en 2D, tel une image prise au piège d'un miroir ou d'une vitre, puis explose en milliers de brisis. L'actrice ne joue pas les gros bras, et sous couvert de trauma masqué, ne nous laisse que peut entrevoir sa personnalité.
Peu à peu, bercé d'une sublime musique de Kenji Kawai, sorte d'opéra cosmique, le spectateur plonge dans une sorte de monde parallèle, dont on ne sait pas trop s'il reviendra lui-même un jour. En tout cas les images restent… longtemps après.
Le Japon. Pays en mouvement: d'Itaku (les jeunes japonais passionnés de jeux vidéo et qui se réfugient dans un monde imaginaire) aux androgynes, de la féodalité à l'ultramodernisme précurseur, du moyen âge à la révolution technologique, le Japon s'équilibre entre son passé et son présent. Et pour cause: la langue japonaise a la particularité de ne pas comporter de futur. Cela structure une forme de pensée, une forme d'expression.
Ne vous trompez pas: pour apprécier Avalon, et comprendre sa symbolique, il faut connaître la société japonaise et son évolution. Si les acteurs sont polonais et si le film se passe à Varsovie, c'est justement pour montrer que cette évolution nous guette finalement tous.
C'est aussi un passage esthétique du dessin (où les personnages ne sont jamais bridés) à la pellicule... peut être aussi un désir du réalisateur de permettre plus facilement une identification des occidentaux aux héros...
Ici le virtuel est le réel, où est-ce l'inverse? Le présent intègre le futur, la femme intègre et surpasse l'homme. Car dans Avalon, le héros est à nouveau féminin. Mais un féminin fort, qui n'a rien à envier aux hommes. La femme est masculine: c'est une guerrière dans le monde virtuel.
Tout comme dans GHOST IN THE SHELL où elle est un androïde qui tue. Dans Avalon, Ash, le personnage principal, est une femme solitaire et qui se protège de la société dans laquelle elle vit tout en l'intégrant à part entière. Oshii retranscrit à travers Ash la complexité de la société japonaise, son évolution, son mal-être, et la détresse de l'individu au milieu du groupe.
Avalon révèle bien plus de l'inconscient des jeunes japonais que ne pourrait le faire quelque autre film tourné en occident. Oshii est un compositeur. Ici, sa mélodie visuelle est moins cadencée que dans Ghost in the shell, et le spectateur a tout le temps de s'identifier à Ash, et de l'accompagner dans son voyage initiatique.
Et l'on retrouve dans AVALON des scènes gratuites, qui cassent volontairement le rythme de l'histoire, sur un fond musical superbe que l'on doit à Kenji Kawaï, celui là même qui avait signe la bande son de Ghost in the Shell.
AVALON est un film avant tout esthétique. Et par l'image et par le son. Chaque image, chaque plan, est une oeuvre d'art à lui seul. Déjà dans Ghost in the shell, Oshii nous envoûtait: on se souviendra de cette superbe séquence où la mégapole chinoise du futur se dévoilait à nous depuis un bateau sillonnant les canaux de la ville, vue au travers des yeux de l'héroïne, sur un fond musical de Kenji Kawaï.
Dans AVALON, les scènes gratuites peuvent donner l'impression de quelques longueurs au film. Le spectateur prendra soin d'en profiter pour apprécier à leur juste valeur l'art pictural de Oshii et l'art musical de Kawaï. Et pour comprendre le voyage initiatique de Ash vers Avalon. A voir absolument, et revoir sans lire les sous-titres, pour apprécier la plastique de l'oeuvre de Oshii.
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