affiche film

AUJOURD’HUI

(Tey)


un film de Alain Gomis

avec : Saul Williams, Aïssa Maïga, Djolof M'bengue, Anisia Uzeyman…

Un homme se réveille en sueur, dans sa propre chambre. Les gens, autour de lui, lui lancent des regards bienveillants et ont des gestes affectueux. Dans une pièce, sa mère l'attend et l'étreint, lui chuchotant « n'aie pas peur »...


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Photo film

Jouer des contrastes pour mieux parler du deuil

Réalisateur du remarqué « Andalucia », Alain Gomis a fait sensation avec son dernier film, en compétition au Festival de Berlin 2012, sorte de conte doux-amer sur l'acceptation de la mort. « Aujourd'hui » se base sur une croyance africaine selon laquelle la Mort s'annonce la veille à chacun. Le futur disparu se réveille ce jour-là dans la maison de sa mère. Il peut alors faire la paix avec tous ceux qu'il a croisés.

Œuvre sensorielle, évoquant de manière frontale et poétique le thème du deuil, « Aujourd'hui » joue des contrastes, pour mieux faire ressortir douleur et douceur. Douleur de la perte, qui s'exprime en des visages, des pleurs, des cris à peine voilés... Douceur des chants et des couleurs, ou des êtres chers qui, regroupés, vous offrent une main ou une épaule, sans pour autant vous pardonner toutes vos erreurs.

Le film s'ouvre donc en mêlant des gros plans sur les yeux d'un Saul Williams affolé, et des plans en caméra subjective, traduisant ainsi sa recherche éperdue de la réalité de son corps. Aidé à se lever, il se trouve alors embarqué dans ce qu'on peut qualifier de cheminement passif, dans lequel l'homme est guidé, tel un condamné, au travers des pièces de sa demeure, familière, envahie par des proches exprimant déjà leur douleur. Point d'apitoiement, l'homme semble bien portant, enfermé simplement dans un mutisme initial qui renforce le mystère.

Après la première accalmie face à sa mère, vient un autre soubresaut. L'homme se retrouve embarqué dans une foule bigarrée composée de voisins et d'amis, au son des tambours et des chants. Se terminant sur un gros plan marquant la fin de l’allégresse, c'est ensuite un travelling arrière qui marque la transition apaisée vers une autre déambulation, plus tournée vers la vie et ses plaisirs. Puis viennent les retrouvailles avec une ancienne conquête... Le temps s'arrêtera alors à nouveau. C'est ainsi, en jouant des contrastes de rythmes comme d'ambiances, qu'Alain Gomis crée l'émotion.

Il compose le voyage d'un homme vers la mort, mêlant êtres chers, souvenirs rassurants ou douloureux, faisant se percuter musique et silence, amis et ennemis, ancienne maîtresse et femme dévouée. Le récit se transformera peu à peu en parcours volontaire, aussi joyeux que triste, à l'image des choix qui ont fait la vie de cet homme dont Saul Williams transmet à merveille le mélange de peur contenue et d'envie de vivre, encore un peu. Alternant scènes intimistes et d’allégresse, élans et règlements de comptes, Alain Gomis sait générer quelques moments de grâce, tout en affichant au passage le profond besoin de pouvoir partir en paix. Un film magique qui donne à sentir les vibrations du monde.

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