© Wild Bunch Distribution
Amin Jaafari est un chirurgien arabe reconnu en Israël. Titulaire d'un passeport israélien et habitant une maison cossue avec sa femme, il considère que l'Etat d'Israël l'a adopté. Cependant, à l'issue d'un attentat suicide meurtrier faisant dix-sept victimes dans un restaurant du centre de Tel Aviv, il apprend que sa femme en était l'auteure. Dès lors, Amin devient suspect aux yeux des autorités israéliennes.
Après "Ce que le jour doit à la nuit", un nouveau roman de Yasmina Khadra est porté à l'écran, cette fois par le cinéaste libanais Ziad Doueri ("Lila dit ça"). L'histoire est celle d'un éminent chirurgien arabe pratiquant en territoire Israélien, qui découvre que sa défunte femme s'est transformée en bombe humaine afin de perpétrer un attentat meurtrier à Tel Aviv. Tandis que l'auteur du roman s'attachait principalement à retranscrire les peurs d'Israël et les humiliations envers les palestiniens, Ziad Doueri se concentre sur le drame et sur l'état émotionnel du héros cherchant à comprendre ce qui a bien pu pousser sa femme à un tel acte. Même si les thèmes de Khadra sont bels et bien présents (l'interrogatoire, le vandalisme, la conversation finale entre Amin et Kim), le réalisateur libanais sait bien qu'il explorerait un terrain miné où aucune des positions ne tend à laisser du terrain. Comme le déclare le prêtre dans le film, on pourrait en discuter des jours et des années, chacun resterait sur ses positions. En temps d'occupation, les résistants de l'un sont les terroristes de l'autre, et vice et versa…
Nous suivons donc Amin condamnant fermement les actes terroristes perpétrés par sa femme. Lorsqu'il apprend qu'elle est le kamikaze qui s'est fait exploser au restaurant, tuant à l'occasion huit enfants, il est terrassé. Comment a-t-il pu vivre quinze ans auprès de sa femme sans se douter de ses agissements ? Blessé dans sa fierté d'époux, il mène une enquête personnelle afin de découvrir la vérité. C'est le cheminement de cette enquête qui est la partie la plus intéressante du film. Il y a certes également l'état émotionnel d'Amin qui est évoqué par le biais de ponctuels flashbacks mais ils ne provoquent que rarement une sincère empathie envers le couple. Après le déni, Amin va remettre en perspective ses souvenirs et se rendre compte peu à peu à quel point il ne connaissait pas la personne avec laquelle il partageait sa vie depuis tant d'années. Loin d'être un film choc comme le prétend son affiche, "L'Attentat" n'en demeure pas moins une intéressante tentative d'éviter de prendre parti dans un conflit qui s'enlise pour s'attacher à conter une histoire sur la confiance et les failles des rapports humains face à une situation politique qui nous dépasse.
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