© Sophie Dullac Distribution
Frederick Wiseman suit les élèves, les professeurs et le staff de Berkeley, l'université publique la plus renommée des États-Unis. Durant tout un semestre, il devient une part de cette vie de campus si particulière...
Le documentariste propose avec ce long-métrage une vision qui se veut la moins orientée possible. En effet, la discrétion de la mise en scène et l'absence du réalisateur dans la diégèse est appréciable, face aux désormais classiques cinéastes / protagonistes passant plus de temps devant la caméra que sur leur scénario. On sent la maitrise due à ses plus de 45 ans de documentaire. Frederick Wiseman sait où placer sa caméra. Ainsi, on enchaine les images tournées en salle de cours avec de longs plans d'échange entre les étudiants et celles capturées en réunion de comité avec cette figure du doyen de l'université qui capte notre attention. Grâce à ce style discret et ces plans réfléchis, on devient alors un étudiant gréviste, un professeur ou encore un membre de l'administration de Berkeley. Effectivement l'immersion est totale durant l'entièreté des quatre heures que durent ce film.
Néanmoins, on peut facilement imaginer que cette longue durée pourra rebuter certaines personnes. D'ailleurs le rythme du film semble redondant par moment, avec une structure de base passant de plans en cours, à des plans de réunion administrative puis des plans dans les bureaux. Le tout, illustré d'images montrant la tenue parfaite des différents établissements du campus californien. Et si on ne rentre pas dès le début dans l'univers dépeint par Wiseman, on aura du mal à suivre tout le documentaire. De plus, une chose peut déranger lorsque l'on suit le film jusqu'à la toute fin du générique : le nom de l'Université de Berkeley apparaissant dans la liste des producteurs. On s'aperçoit alors que le financement étant interne, le film est au final plutôt partisan, montrant une vision très positive et polie du campus. Les étudiants que l'on voit faire grève sont par la suite critiqués et ridiculisés par l'administration les comparants aux jeunes manifestants contre le Guerre du Vietnam. Et la seule allusion faite aux soirées organisées (qui font pourtant partie intégrante de la vie étudiante) par les fraternités et les sororités ne dure que quelques minutes et pour la première fois du documentaire, le réalisateur se trouve en dehors de l'action.
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