affiche film

© Alfama Films

ASTRAGALE (L’)


un film de Brigitte Sy

avec : Leïla Bekhti, Reda Kateb, Esther Garrel, Jocelyne Desverchere, India Hair, Jean-Charles Dumay, Jean-Benoüt Ugeux, Delphine Chuillot, Zimsky, Billie Blain, Louis Garrel


Pour s’évader de prison, Albertine chute d’un mur de 10m et se casse un petit os du pied : l’astragale. Gisant au bord d’une route, la jeune fille est recueillie par Julien qui prendra soin d’elle et dont elle tombera amoureuse



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Photo film

Un film soigné mais boiteux

AdaptĂ© une premiĂšre fois au cinĂ©ma en 1969 par Guy Casaril avec MarlĂšne Jobert, le roman autobiographique « L’Astragale » a marquĂ© les annĂ©es soixante en Ă©voquant la vie de prostituĂ©e de son auteure Albertine Sarrazin. AbandonnĂ©e Ă  Alger Ă  sa naissance, la romanciĂšre fut adoptĂ©e Ă  2 ans par un couple de français qui Ă©levĂšrent la jeune fille dans une Ă©ducation stricte et religieuse. ViolĂ©e Ă  10 ans par son oncle, Albertine accumula les dĂ©rives jusqu’à ĂȘtre complice d’un meurtre. EmprisonnĂ©e Ă  Doullens dans la Somme, elle rĂ©ussit Ă  s’échapper et ainsi dĂ©bute l’histoire de son premier roman « L’Astragale ».

Plus qu’un procĂšs Ă  charge contre une sociĂ©tĂ© moralisatrice et patriarcale, « L’astragale » Ă©voque avant tout une histoire d’amour, celle d’Albertine avec Julien qui comme elle, alterne taule et cavale. Pour exalter la beautĂ© de ses deux personnages magnifiquement incarnĂ©s par LeĂŻla Bekhti et Reda Kateb, Brigitte Sy pare son film d’une photographie soignĂ©e. Un noir et blanc vaporeux piquĂ© d’un grain trĂšs fifties qui rappelle les plus beaux films de la nouvelle vague. Un parti pris esthĂ©tique qui dĂ©connecte l’histoire de la rĂ©alitĂ© sans pour autant l’assumer complĂštement.

Ce dĂ©calage, dĂ©jĂ  perceptible dans l’atmosphĂšre que dĂ©gage le film, est amplifiĂ© par des dialogues qui oscillent entre diffĂ©rents styles trĂšs marquĂ©s et qui au final donnent un rĂ©sultat assez chaotique. LeĂŻla Bekhti, dĂ©clame souvent des phrases trop bien Ă©crites pour ĂȘtre naturelles. Certainement des passages du roman initial qui donnent Ă  ses paroles un ton empesĂ©, rĂ©flĂ©chi et plutĂŽt prĂ©tentieux. ParallĂšlement Ă  cela, certaines scĂšnes se veulent plus populaires, en utilisant un vocabulaire imagĂ© et gouailleur, digne de rĂ©pliques de Jacques Audiard. Cette succession d’hommages artistiques prend ainsi le pas sur l’émotion et peu de scĂšnes au final rĂ©vĂšlent une vraie sensibilitĂ©.

On assiste ainsi Ă  une chronique un peu dĂ©suĂšte, plus proche de la bluette que de l’histoire d’amour passionnelle. Un film engluĂ© dans un exercice de style, qui Ă  trop vouloir en faire ne retient en fin de compte que l’aspect « dĂ©modé » de cette histoire. Un paradoxe pour une deuxiĂšme adaptation, qui est censĂ©e apporter un second souffle Ă  un vieux succĂšs littĂ©raire des annĂ©es 60.

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