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Ryota avait tout pour réussir. Mais après un premier succès littéraire, le romancier se retrouve à jouer les détectives privés. Dépensant ses modestes revenus en jouant aux courses, il est même devenu incapable de payer la pension alimentaire de son fils et de s’occuper de lui. Mais l’arrivée d’un typhon pourrait paradoxalement tout arranger…
Habitué parmi les habitués, Kore-Eda était de retour au Festival de Cannes (dans la section Un Certain Regard) avec “Après la tempête”, une uvre sensible et pudique sur une famille séparée par le divorce. Ryota est un romancier victime du célèbre syndrome de la page blanche. Ayant connu un succès notable avec son premier ouvrage, l’homme se retrouve aujourd’hui incapable d’écrire la moindre ligne, jouant les détectives privés pour soi-disant retrouver l’inspiration. En réalité, il végète, traquant les adultères pour ne pas oublier que son propre mariage a capoté. Fauché, accro aux courses, le père est désormais incapable de s’occuper de son fils et obligé d’observer son ancienne femme dans les bras d’un homme plus simple d’esprit mais au compte en banque mieux rempli. Mais lors d’une nuit, la famille va être à nouveau réunie, obligée de rester cloîtrée chez la grand-mère, en raison du typhon qui menace la ville.
Moins mielleux que ses précédents opus, le réalisateur retrouve la mélancolie et l’aigreur de “Nobody knows”, livrant un métrage sophistiqué et épuré comme il sait si bien le faire. Parcouru de conversations animées et habitées, “Après la tempête” capture dans ces petits détails anodins les sentiments des personnages, cette douleur dormante face à l’inexorable évanouissement de l’amour. Souvent drôle par l’excentricité des protagonistes, en particulier cette matriarche bienveillante au regard rempli de malice, le film évoque avec brio des thématiques pourtant vite caricaturales comme le futur rêvé ou les aspérités à devenir une autre personne. Kore-Eda signe une parenthèse enchantée, aux multiples couleurs et tonalités, prenant le temps d’installer chaque élément de sa trame narrative pour transformer cette nuit mouvementée en un grand moment de Cinéma. La puissance des mots et la sobriété de la mise en scène ne rendent que plus intenses ces deux heures profondément marquées par l’empreinte de leur auteur.
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