affiche film

© MK2 Diffusion

APRÈS LA BATAILLE

(Baad el mawkeaa)


un film de Yousry Nasrallah

avec : Menna Chalaby, Bassem Samra, Nahed el Sebaï, Salah Abdallah, Phaedra…

Mars 2011, la ville du Caire est en pleine révolution. Reem est une jeune égyptienne laïque aux mœurs modernes travaillant dans la publicité. Elle décide de suivre sa meilleure amie, Dima, œuvrant au sein de la SPA, qui doit donner des sacs d’avoines aux cavaliers du village de Nazlet. Là, un cavalier se faisant chahuter se voit refusé l’avoine. Il aurait participé à l’assaut contre les manifestants anti –Moubarak ayant eu lieu un mois plus tôt place Tahrir. La détresse de cet homme interpelle la jeune Reem...


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Photo film

À la va vite, après la bataille…

Alors qu’il avait le scénario de son prochain projet prêt à être filmé en janvier 2011, la révolution éclata en Egypte. En cinéaste citoyen, et devant l’ampleur des manifestations, Nousry Nasrallah a soudainement vu le sujet d’  « Après la bataille » s’imposer à lui. C’est en tournant le court métrage « intérieur / extérieur » pour le film collectif « 18 jours » qu’il tomba sur une vidéo tournée lors de la « Bataille des chameaux » où des cavaliers et chameliers pro-Moubarak, venant du village de Nazlet El-Samman, ont chargé les manifestants de la place Tahrir. Après plusieurs visions, il est stupéfait de voir qu’en réalité ceux qui étaient dépeints par les médias locaux comme des agresseurs, n’étaient en fait pas armés et avaient même été utilisés pour couvrir des attaques bien plus barbares que l’assaut de ces chameliers qui vivaient du tourisme avant que la révolution n’éclate.

De cette révélation, Nasrallah a tiré « Après la bataille », un film qui tente d’exposer la manipulation des médias et des puissants envers les masses et surtout ceux dont le manque d’instruction et d’information transforme en des proies faciles. Avec telle matière il y avait de quoi faire un film captivant. Hélas, le réalisateur égyptien s’embourbe dans une pseudo histoire d’amour entre la publiciste, véritable donneuse de leçon des quartiers aisés déguisée en bon samaritain, et un cavalier devenu la risée de son village à cause d’une vidéo Youtube prenant sur le vif le fiasco de sa charge envers les manifestants anti-régime qui l’ont, par la suite, roué de coups. Nasrallah en profite donc pour souligner une bonne dizaine de fois le gouffre culturel et social entre Le Caire et les petits villages où la tradition a toujours un poids pesant, notamment envers les femmes. L’autre discours sous-jacent est l’amour impossible entre deux personnes issues de milieux sociaux si différent.

Alors, si le réalisateur n’oublie heureusement pas de nous livrer un bien intéressant constat de la situation après la révolution (les ravages des émeutes sur l’économie du tourisme à travers le village de Nazlet, le changement qui n’est pas pour « maintenant » contrairement à en occident,), le gros problème réside dans l’absence de réelle proposition de cinéma. Non content d’asséner un discours didactique omniprésent et à la longue pesant puisqu’il finit par plomber le récit, le réalisateur égyptien manque également d’inspiration lorsqu’il s’agit de mettre en scène sa fiction et de diriger ses acteurs qui peinent à donner du corps aux personnages stéréotypés qu’ils incarnent. C’est définitivement à ce niveau que l’absence initiale de scénario et de préparation avant tournage se fait le plus ressentir. Filmer avant tout sur un sujet, c’est bien, mais tourner après avoir rédigé un scénario et des dialogues qui tiennent la route, c’est mieux ! Et la question à se poser est finalement la suivante : un documentaire n’aurait-il pas été plus approprié ?

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