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AO, de retour dans sa grotte après avoir vaincu l’ours blanc qui menaçait les siens, retrouve sa communauté décimée. Sa compagne et leur unique enfant, la petite Néa tout juste née, n’ont pas survécu. Désormais seul et privé de sa descendance, AO décide alors de partir à la recherche de son frère, à qui il fut jadis arraché. Cette traversée de l’Europe du Nord vers le Sud marquera-t-elle la disparition de l’homme de Néandertal ?
Près de trente ans après “La Guerre du feu” de Jean-Jacques Annaud, qui suivait la quête d’un groupe d’homo sapiens à l’âge de pierre, Jacques Malaterre relève à son tour l’incroyable défi : raconter à sa façon un volet majeur de l’origine de l’humanité, à travers le destin imaginé d’un homme et des siens.
Parce que si Malaterre a su conquérir des millions de téléspectateurs avec ses docu-fictions consacrés à la préhistoire -”L’Odyssée de l’espèce” (c’était lui), passer du documentaire TV à la fiction cinématographique n’était pas gagné d’avance. La dimension pédagogique évidente d’un film sur la préhistoire peut en rebuter certains, et le caractère “singesque” en dissuader d’autres. Or, malgré quelques mini bémols, force est de constater que le pari est plutôt réussi.
En choisissant de tourner en décors naturels, dans des conditions climatiques parfois effroyables (cf. les scènes de grand froid en Europe du Nord), avec des acteurs maquillés "façon Néandertal", parlant un langage préhistorique recréé et évoluant sans aucun trucage numérique ni animatronique (l’ours blanc est bien réel), on peut dire que Jacques Malaterre se donne les moyens de ses ambitions. Ainsi, il mise sans concession sur l’authenticité, conférant à l’ensemble un caractère ultra-réaliste. Seule la voix off, qu’il emploie avec parcimonie pour restituer la pensée du héros (et heureusement pas pour commenter les scènes), vient rappeler qu’il s’agit d’une fiction, où les motivations profondes des personnages ont autant d’importance que la réalité scientifique des reconstitutions qui les entourent.
On s’émerveille donc à la fois face aux grands et petits espaces qui défilent sous nos yeux (merveilleuses grottes de stalactites), à la mise en scène jamais pompeuse ni trop scolaire des comportements et mœurs de l’ère paléolithique, ainsi qu’à l’esprit épique qui parcourt l’échine du film. Surtout, on est fasciné par la beauté du personnage d’AO, incarné par le sidérant Simon Paul Sutton. Outre sa force et son courage, il révèle une spiritualité et une sensibilité étonnantes, qui cassent l’image caricaturale de l’homme de Néandertal. Ceci dit, la direction d’acteurs est globalement remarquable, et tous les personnages parviennent à être crédibles.
Seuls bémols : l’esprit un peu trop grand public du film, qui tombe parfois dans l’excès d’héroïsme, et la sensation de flottement qui se dégage de certaines scènes de bravoure, parfois un peu pataudes. Néanmoins, ces impressions sont d’assez courte durée, laissant la place au plaisir d’apprendre des choses sur cette fascinante période qu’est le Paléolithique, et aussi de découvrir, à travers le destin tragique du dernier Néandertal, une partie cachée de nous-même.
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