Dans un futur proche, les stars vendent leurs virus à des cliniques spécialisées pour les inoculer à leurs fans. Syd March, commercial pour l’une de ces cliniques, détourne les virus pour les revendre à un réseau parallèle. Lorsqu’il est appelé au chevet de la célèbre Hannah Geist, touchée par un nouveau virus, il en profite pour se contaminer afin de bénéficier d’une exclusivité. Or le lendemain, on apprend que ladite star a succombé à la maladie…
Présenté dans la section Un Certain Regard du festival de Cannes 2012, le premier long-métrage du fils de David Cronenberg était attendu au tournant. Il est vrai que porter un tel nom met d’emblée la pression, tout comme de se lancer dans une histoire aussi originale et ambitieuse. Une chose est sûre, Brandon Cronenberg a bien étudié la question, car son scénario présente toutes les qualités d’un bon film d’anticipation : une idée de base terrifiante mais plausible (l’herpès qu’on se récupère de son idole, c’est quand même mieux qu’un simple autographe), des personnages énigmatiques au physique marquant (Caleb Landry Jones et sa rousseur qui pique les yeux) et une intrigue intelligente mêlant thriller scientifique et polar mafieux (le sang infecté et sa valeur marchande). La frontière entre le monde actuel et celui projeté dans le film est donc fine, créant rapidement un sentiment de malaise qui ne nous quitte plus.
Pour autant, le film n’est jamais vraiment glauque. Le récit sur la vie cachée de Syd, qui a fait de son appartement aseptisé un laboratoire et se sert de son propre corps pour faire transiter les virus, est certes glaçant mais passionnant. Le concept-même du commerce de virus, ingénieux, offre un terreau idéal pour se moquer des excès du star-system et de l’opportunisme des industriels (du milieu hospitalier au traiteur du coin, qui vous vendra un jour de la viande faite à base de cellules de votre idole). Grâce au minimalisme des décors et à la blancheur de la photographie, Brandon Cronenberg parvient en outre à créer une véritable ambiance, pénétrante et glaçante, que vient renforcer une bande son aux tons très lynchiens. Car s’il est vrai qu' « Antiviral » fait parfois penser à certaines œuvres de Cronenberg père (« La Mouche », « Chromosome 3 » ou même « Faux-semblant »), il y a aussi à chercher du côté de David Lynch, Andrew Niccol ou même Richard Kelly, créateurs d’ambiances hors du temps.
Fascinant par son propos et remarquable dans sa dimension formelle (hormis quelques éclaboussures de sang en trop), « Antiviral » est donc un film qui frappe fort, atteignant d’emblée un très haut niveau. On peut lui reprocher un dénouement un peu laborieux, qui tranche clairement avec la progression générale du métrage, mais rien qui puisse gâcher la jubilation de voir un film différent, d’un cinéaste qui a pris des risques. Vous connaissiez son nom, maintenant retenez son prénom. Brandon Cronenberg crée sans conteste l’une des meilleurs surprises du festival de Cannes 2012.
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