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Un agent secret français est assassiné en plein champs, au Sud de l'Espagne. Une fois son corps rapatrié, les services secrets y récupèrent une puce électronique comportant des secrets sur une filière de trafic d'armes en Afrique. Deux coéquipiers se faisant passer pour un couple (Vincent Cassel et Monica Bellucci) sont alors envoyés au Maroc, accompagnés de deux plongeurs professionnels, pour faire sauter un bateau chargé d'armes…
Le propre du film de Frédéric Schoendoerffer (Scènes de crimes) est de disséquer le monde des espions modernes pour le rendre terrifiant par le vide qu'il génère dans le semblant de vie privé de chacun des protagonistes. Car ici les seules personnes heureuses, ou profitant un minimum de l'existence, sont les travailleurs en free lance. Les autres sont aux prises avec une institution, une organisation qui les dépasse et les contrôle, quand elle ne les manipule pas. Alors ce n'est pas l'intrigue en elle même qui est ici captivante, mais la manière dont chacun tente d'échapper à des rouages destructeurs qui font bien peu de cas des destins individuels.
Etre espion est semble-t-il un choix de vie, ou plutôt de non vie, que Schoenderffer met magnifiquement en avant, au travers d'un monde étriqué, dangereux, aux couleurs souvent froides, à l'image de la prison suisse dans laquelle Monica Bellucci se retrouve enfermée malgré elle. Et sa mise en scène devient particulièrement brillante dans les quelques scènes d'actions, finement découpées, alternant faux calmes et tempête (l'accident de voiture), et générant l'inquiétude permanente du spectateur, qui n'a aucune idée des endroits où l'on peut bien l'emmener.
Vincent Cassel est à la fois physique et félin, toujours à chercher la faille qui lui permettra de montrer sa fidélité à cette partenaire qu'il semble affectionner par dessus tout. Monica Bellucci est émouvante comme jamais, prise au piège de son désir de liberté, et tachant de réprimer ses émotions. Et si la vision de leur monde est des plus troublante car crue et originale, les seconds rôles brouillent un peu la perception de et univers, par leur aspect caricatural, qu'il s'agisse de Dussollier en vieux de la vieille compatissant mais droit, ou de Bruno Todeschini en clone de l'homme à la cigarette tout droit sorti d'X files. Heureusement le malaise persiste longtemps après la vision du film, et confirme qu'il s'agit d'un grand polar.
CONTRE: Niveau 0 - Une bonne idée de départ mais un goût d'inabouti
Cela partait d'une bonne intention: faire un film d'agents secrets plus cérébral, concentré sur la psychologie des personnages plutôt que sur le côté spectaculaire de leur métier. Sauf que cela a un goût d'inabouti. A trop vouloir montrer que ces personnes sont des gens comme les autres, qu'ils restent des êtres humains malgré leur quotidien plutôt spécial, les personnages perdent un peu de leur crédibilité professionnelle. Bien sûr ça fait quand même du bien de s'éloigner des grosses brutes froides d'Hollywood qui n'ont peur de rien. Mais l'humanité de ces personnages nous donne envie d'en savoir un peu plus sur eux, sur leur passé. Au lieu de ça, le film ne fait finalement qu'effleurer leur humanité, nous laissant à la fin dans un sentiment de frustration.
D'autant que le film manque cruellement de rythme, avec bon nombre de petites séquences de remplissage qui ne font que casser le rythme qui semble se mettre en place par moments. Sans parler des quelques scènes "impressionnantes" qui font un peu taches à côté de cette volonté d'humanité ! La performance du couple Bellucci-Cassel est elle aussi décevante, en-deça de ce dont ils sont capables. Dommage puisque leur relation de faux couple à l'écran est intéressante! On prend tout de même plaisir à voir Monica dans un rôle qui s'éloigne de son image de femme fatale. En fait le meilleur du film vient dès le début, avec la superbe performance d'un Charles Berling muet très convaincant. On regrettera donc qu'il n'ait qu'un petit rôle.
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