© Mars Films
Chaque année, à l’université de Saint-Denis se déroule le concours « Eloquentia » qui désigne le « meilleur orateur du 93 ». Des étudiants de tous les cursus y participent et assistent à une formation à la rhétorique. Au fil des semaines, ils évoluent sous l’œil de la caméra, gagnant en confiance en eux et se livrant plus intimement jusqu’aux joutes oratoires de la finale où ils espèrent tous remporter le titre tant convoité…
"À voix haute" est un documentaire qui présente le concours « Eloquentia » désignant chaque année le meilleur orateur de la commune de Saint-Denis. Voilà qui fait de ce long-métrage un exercice des plus périlleux : comment intéresser le spectateur à un art de la parole sans romancer le propos ? Comment créer du rythme dans ce contexte qui peut sembler un peu rébarbatif ? Rassurez-vous, Stéphane de Freitas sait exactement où il veut emmener le spectateur et on le suit très volontiers.
En effet, c’est à 10 jours seulement des élections présidentielles que sort "À voix haute" et ce n’est en rien le hasard du calendrier qui a voulu cela mais bien le réalisateur lui-même. Le propos du documentaire est clair : le vivre-ensemble est possible et repose sur le respect, l’écoute active et la bienveillance, qui sont d’ailleurs les maîtres mots du concours. Chacun peut prendre la parole et utiliser cette arme pour convaincre ou émouvoir. Pour les jeunes de banlieue qui participent, ce concours est une chance d’être formés à la prise de parole et donc de mieux maîtriser les codes du langage qui peuvent parfois les marginaliser.
Le spectateur a la chance de suivre le parcours des participants du début de leur formation jusqu’à la finale du concours. Le film est structuré selon un décompte de jours qui crée un certain rythme voire une tension et une excitation similaire à celle que les candidats peuvent ressentir. Les portraits des étudiants sont des véritables parcours de vie : on y découvre les blessures profondes de certains candidats, leur lieu de vie et leurs plus vives convictions. L’humain et l’humanisme sont au cœur de ce long-métrage. L’émotion est également portée par la musique de Superpoze, en osmose avec la photographie, elle aussi, très soignée. On pense, par exemple, au très beau plan sur le chemin que parcourt tous les jours Eddy pour aller à l’université.
La difficulté de filmer un art purement oratoire et verbal, là où le cinéma peut se contenter de suggérer par l’image, n’est pas moindre. Cependant, le montage du documentaire tient le spectateur en haleine. Bien sûr, on regrette que les discours (notamment lors de la finale) ne soient pas montrés dans leur intégralité mais cela confirme l’habileté de la réalisation : on vibre devant le talent de ces jeunes orateurs. Un documentaire puissant et optimiste qui nous laisse imaginer qu’un bel avenir s’offre à nous, dans une société tolérante et solidaire, où le dialogue serait restauré…
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