Sacha essaye de faire vivre comme il peut la très vielle ferme qu’il a décidé de reprendre quelques années plutôt. Mais les bénéfices se font rares, et lorsqu’une offre lucrative de rachat lui est proposée, il voit le moyen de sortir de cette galère. Néanmoins, poussé par ses employés à poursuivre l’exploitation, le choix ne s’avère pas aussi facile que prévu…
C’est au cœur d’une petite exploitation familiale qu’a décidé de nous transporter le réalisateur Boris Khlebnikov (« Koktebel »), afin de s’intéresser au destin de Sacha. Ce dernier est un brave garçon qui essaye tant bien que mal de faire survivre la ferme dont il a la responsabilité. Sans machine et avec peu de moyens, les bénéfices ne sont pas fréquents, mais la persévérance et l’opiniâtreté du jeune homme ne sont pas pour autant atteintes. Toutefois, lorsqu’une offre, difficilement refusable, lui est faite pour racheter son terrain, les doutes s’emparent de son esprit. Et c’est précisément l’évolution de ce personnage que va tâcher de suivre la caméra. D’une nature souriante, le fermier va progressivement se renfermer sur lui-même, d’autant plus lorsque son entourage l’abandonne.
Aidé d’un scénario intelligent, le metteur en scène va s’attaquer aux différentes étapes du processus de révolte, de la colère à l’abnégation, en passant par la peur et la résignation. Dans une mise en scène stylisée, alternant des séquences lentes et des plans plus énergiques, caméra à l’épaule, Boris Khlebnikov nous ballade dans la campagne russe sans jamais perdre son fil conducteur. Une grande partie de la réussite du métrage repose ainsi sur les épaules d’Alexander Yatsenko qui excelle dans une composition de ce garçon instable et dépassé par les événements. En permanence au bord du gouffre, celui-ci va voir les conséquences de ses choix l’emprisonner, jusqu’à devoir s’écarter du droit chemin.
Toutefois, si le personnage d’Alexander Yatsenko brille autant, c’est notamment parce qu’il accapare tout le récit, le scénario délaissant complètement les seconds rôles. Or, on aurait aimé que les revendications des fermiers ne soient pas expédiées en quelques minutes, mais développées tout au long de l’intrigue. En décidant de favoriser l’aspect dramatique par rapport à la dimension sociale, le réalisateur affaiblit considérablement l’environnement dans lequel va évoluer son protagoniste principal. La romance entre ce dernier et une jeune fille, travaillant pour le bureau en charge du rachat de la ferme, est ainsi très mal exploitée, celle-ci ne trouvant jamais une résonance concrète dans la trame narrative. Néanmoins, « A long and happy life » ne demeure pas moins un drame joliment amené et filmé, qui tient la plupart de ses promesses, et dont l’ironie du titre fait sourire à la sortie de la salle.
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