affiche film

1917, LA VERITE SUR OCTOBRE

(1917, Der Wahre Oktober)


un film d'animation de Katrin Rothe

avec : les voix de Inka Friedrich, Claudia Michelsen, Martin Schneider...

En février 1917, le tsar est renversé. En octobre, les bolcheviks gouvernent eux-mêmes. Que faisaient les poètes, les penseurs et les avant-gardistes comme Maxime Gorki et Kasimir Malevitch durant cette réforme radicale du pouvoir ? Cinq artistes sortent de la pile de livres de la réalisatrice comme des personnages découpés animés et participent à des salons, à des comités et à des émeutes dans la rue…


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Photo film

Les feuilles mortes d’Octobre

C’est sans doute le piège le plus fatal dans lequel tombe souvent le cinéma d’animation dès qu’il s’agit d’interpeller un sujet historique par le biais de la fiction ou du documentaire : la forme animée n’a de sens et d’intérêt que si elle apporte un « plus » évident pour soutenir le sujet et la démonstration. A ce jour, peu d’exemples probants ont su esquiver ce piège avec tact, et le meilleur que l’on puisse garder en tête reste l’intense "Valse avec Bachir" d’Ari Folman. On en profite d’ailleurs pour rappeler ce qui faisait la grandeur de ce film : aborder le thème de la mémoire fuyante et/ou traumatique par le biais d’une animation qui transcende la violence des scènes de guerre (visualisées alors comme des séquences surréalistes et irréelles) et accroît le caractère instable des scènes de rêves visualisées. Par rapport à Ari Folman, la réalisatrice allemande Katrin Rothe n’utilise pas l’animation comme ressort symbolique mais comme simple outil de reconstitution. Mais avec un ton aussi pédago, la pilule ne pouvait qu’avoir du mal à passer…

La réalisatrice cite le célèbre film de Sergueï Eisenstein ("Octobre") dès les premières lignes de dialogue, et elle n’aurait pas dû : le ton lourdement illustratif et pédagogique dont elle va faire preuve pendant un peu moins de 80 minutes n’encourage à rien d’autre que se replonger dans des œuvres cinématographiques qui savaient exploiter la grammaire du montage. Ici, en se limitant à un résumé des faits (tel jour ceci, tel jour cela, etc…) et en fixant sa narration sur cinq personnages éparpillés dans une forme bordélique à souhait (archives vidéos, photos, animation…), Rothe se confronte vite à un pépin : à quoi bon user de l’animation si ces scènes-là ne consistent juste qu’à combler les trous laissés par le manque d’images d’archives ? Peut-être à inclure de la fiction dans une forme documentaire, certes, mais les séquences n’ont hélas aucun dynamisme. Tout comme le fait de se filmer en train de récupérer tout un paquet de livres sur le sujet dans une librairie suffit à entériner l’échec du projet : sa période de documentation – à laquelle nous n’avons hélas pas participé – a visiblement été plus enrichissante pour elle que le résultat final. Fêter le centenaire de la révolution d’Octobre 1917 méritait donc clairement mieux que ce pensum désincarné.

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