Une femme mariée, au bord de l'alcoolisme, semble s'ennuyer voire regretter certains de ses choix. Elle invite à déjeuner un joueur de guitare de rues, qui a toujours été l'un de ses amis. Un célèbre acteur de série télé prépare le petit déjeuner pour sa petite amie, mais débarquent à l'inproviste son oncle et un ami, un peu éméchés. Un amour semble naître entre un jeune homme (dont c'est l'anniversaire) et une magnifique brune qui est en couple avec un homme plus âgé. Un homo attend son frère pour déjeuner, son ami fait la cuisine...
Le film est construit en trois 3 chapitres plutôt cohérents: le repas du matin (le petit déjeuner / el desayuno), le repas de midi – ou plutôt du medio-dia car nous sommes en Espagne (le déjeuner / el almuerzo) et le repas du soir (le souper / la cena). Mais nous ne sommes cependant pas dans un film culinaire (contrairement au récent « Bon appétit », à « Julie et Julia » ou encore à « Le goût de la vie »), la nourriture, la cuisine, n'étant là que pour signifier la vie et la convivialité qui font le sel des relations humaines. Ces repas ne sont finalement que prétextes à faire se croiser nombre de personnages, tous liés entre eux, et plus ou moins développés, à la manière d'un film de Robert Altman (« Short cuts »). Et si l'on y regarde de plus près, ils formeraient presque une légère parabole de la vie de couple : la rencontre / la vie de couple (le quotidien, les disputes, l'adultère) / la rupture ou la renaissance à une autre histoire.
Le problème ou l'avantage de ce scénario éclaté, c'est qu'on sera plus ou moins séduit ou touché selon les histoires. On s'agacera face aux deux pochetrons qui s'éclatent tous seuls, certes plein de bonne volonté, mais surtout préoccupés d'eux-mêmes, et qui risquent bien de pourrir un petit déjeuner en amoureux. On accordera que le comique de répétition fonctionne plutôt bien , avec les scènes du jeune acteur, parfait cuisinier... qui se fait poser lapin sur lapin par celle qui partage sa vie. On essuiera une larme durant le dialogue entre une femme devenir triste et celui qu'elle n'a pas choisi. Luis Tosar (« Les lundis au soleil », « Cellule 211 ») est d'ailleurs toujours impérial dans son jeu. Tout passe dans le regard. Il est déchirant d'hésitations face à celle qu'il a aimé... et qui lui fait un rentre dedans pas possible.
Dans ces moments, plus intimes, le réalisateur filme les visages, mais aussi les petits gestes qui en disent long. Une femme qui frottent ses deux pieds l'un à l'autre avec frénésie, un homme qui se met en colère sans pour autant exploser et s'allume machinalement une cigarette... Malheureusement, dans ce scénario multiple, le superflu finit par prendre trop de place. On relèvera la presque anecdotique histoire des deux sœurs qui tiennent un restaurant de famille et dont l'une veut devenir chanteuse, les chansons sur-signifiantes interprétées par Luis Tosar dans la rue, ou encore le personnage du macédonien voleur, caution sociale d'un film qui ne manque pourtant pas de points de vue.
En bref, « 18 comidas » est un recueil d'histoires d'amours et de besoin de l'autre, une histoire d'adieux et de renouvellement, qui touchera forcément. Qu'il s'agisse de la dernière étreinte de la jeune fille à son vieil amant, terrifié par l'idée de s'installer pour ensuite se retrouver seul..., de l'ancien amant qui embrasse tendrement celle qui ne l'a pas choisi, avant de s'en aller, portant sa tristesse sur son visage..., de l'étreinte avec un frère qui n'accepte pas la relation homosexuelle de celui-ci..., de l'élan vers un père gisant sur le sol, tout est ici affaire de cœur et de contact. Et le vrai renouveau, cette belle porte ouverte sur un avenir radieux, semble lui réservé cependant à une certaine jeunesse. Logique jusqu'au bout.
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