Difficile d’obtenir un classement qui satisfasse tout le monde cette année ! Les rédacteurs d’Abus de Ciné devaient attribuer à 10 films sortis en 2015 de 1 à 10 points. Ils ont fait preuve de choix très variés et très personnels qui ont impliqué la sélection de très nombreux films, bien plus que les années précédentes (84 contre 73 en 2014, avec un rédacteur en moins), signe que l’année cinéma 2015 a été riche et qu’aucun long métrage n’a finalement fait l’unanimité. D’ailleurs, plus de la moitié des films cités ne l’auront été qu’une seule fois (parmi lesquels étrangement "Le Fils de Saul", "Le Pont des espions", "Seul sur Mars", "Taxi Téhéran", "American sniper"…). Le trio de tête du classement obtient 7 à 9 citations quand, l’an dernier, il en obtenait de 10 à 12. Finalement, les films américains trustent le podium ainsi que les quatre dernières places, laissant trois films européens occuper le reste du top 10, dont deux coproductions auxquelles la France a participé ("Mustang" et "Snow therapy"). À noter, hors top, au pied des marches de ce podium, les films "Mon Roi", "Ex Machina", "The Visit" et "Suburra".
Découvrez maintenant notre TOP 10 Films en mots et en images :
10e // FOXCATCHER
de Bennett Miller
avec Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo, Anthony Michael Hall, Sienna Miller, Vanessa Redgrave...
Mark et David Schultz sont deux frères, champions de lutte gréco-romaine et qui se préparent pour les futurs Jeux Olympiques de Séoul de 1988. John du Pont les contacte pour leur proposer de composer une équipe à entraîner sur sa propriété de Foxcatcher. David refuse mais Mark, qui voit l’opportunité de sortir de l’ombre de son frère, accepte et emménage chez la puissante et richissime dynastie des du Pont…
Le réalisateur livre un beau condensé de ses deux précédents longs métrages "Truman Capote" et "Le Stratège". S’ajoute ici à ces thématiques, un beau film de fratrie, une vision inédite d’un sport peu exploité au cinéma et l’analyse d’une lutte qui va au-delà des tapis puisqu’il s’agit aussi d’une lutte des classes. Bennett Miller confirme enfin qu’il est un extraordinaire directeur d’acteurs, exploitant le talent de chacun de ses comédiens.
>>> Lire notre critique du film
9e // STAR WARS ÉPISODE VII : LE RÉVEIL DE LA FORCE
de J.J. Abrams
avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill…
Il y a longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… 30 ans après les événements qui auront mené à la chute de l’Empire et à la mort de Dark Vador, une nouvelle menace se profile à l’horizon, menaçant à nouveau l’équilibre et la paix dans la galaxie…
Rythme hyper-soutenu et batailles spatiales monstrueuses s’enchaînent ici à un rythme hallucinant, riche d’une flopée de plans-séquences immersifs en diable et d’une production design qui s’impose de très loin comme la plus belle de toute l’histoire de la saga. Jamais n’avait-on vu un "Star Wars" aussi riche, aussi visuellement spielbergien, aussi thématiquement incarné. Ce qui ne veut pas dire que le film soit un pur rollercoaster sans aucune respiration. Au contraire : l’univers a tout le temps d’exister…
>>> Lire notre critique du film
8e // SICARIO
de Denis Villeneuve
avec Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin, Jon Bernthal…
Kate est une jeune agent du FBI qui espère encore pouvoir faire régner la loi dans cette zone frontalière entre le Mexique et les États-Unis où les narcotrafiquants sont rois. Recrutée par un groupe d’élites, elle va bientôt se rentre compte que le bien a besoin du mal pour exister, et que ses valeurs n’ont peut-être plus aucun sens à notre époque…
Thriller oppressant doté d’une mise en scène envoûtée et envoûtante, le film doit aussi bien à l’incroyable direction d’acteurs qu’à l’image d’un Roger Deakins au sommet de son art. Brisant les barrières entre la réalité et le fantasmagorique, le métrage est une fable politique onirique sans concession, froide et brutale, dont la violence épouse le propos.
>>> Lire notre critique du film
7e // IT FOLLOWS
de David Robert Mitchell
avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Danny Zovatto, Olivia Luccardi, Lili Sepe…
Une fille sort en furie de sa maison. Elle semble poursuivie, seulement personne ne l'a rattrape. « Tout va bien ma chérie ? », interpelle son père. Elle répond que oui, mais elle continue à paniquer et roule vers une plage où elle est finalement retrouvée démembrée...
Il n'y a pas à dire le contraire, David Robert Mitchell dispose d'un vrai sens des images. Son premier film, "The Myth of the American Sleepover", était visuellement magnifique. On retrouve ce sens du cadre et de la photographie dès les premières séquences d'"It Follows". Le réalisateur américain confie qu'il désirait faire un « beau » film d'horreur. De ce point de vue, on peut dire que c'est réussi. "It Follows" deploie un style accrocheur. En prime, pour accompagner ces images à la photo très élégante, "It Follows" dispose d'une bande originale électro accrocheuse et anxiogène comme dans un bon vieux Carpenteur des années 80.
>>> Lire notre critique du film
6e // SNOW THERAPY
de Ruben Östlund
avec Johannes Bah Kuhnke, Lisa Loven Kongsli, Clara Wettergren...
Tomas et Ebba, un couple suédois, vient passer ses vacances d’hiver avec ses deux enfants dans les Alpes françaises. Alors qu’ils déjeunent en terrasse, ils sont témoins d’une avalanche sur le versant d’en face qui s’approche d’eux recouvrant le restaurant d’un fin brouillard de neige. Alors que la mère a eu le réflexe de protéger ses enfants, le père a pris la fuite. Une fois l’incident terminé, le père revient à table. Femme et enfants vont alors changer de regard sur le fugueur...
Jouant à rendre absurde des situations anodines, telles un repas avec d'autres vacanciers, le scénario imprègne chacun des moments de ce séjour en vacances du besoin de psychothérapie familiale ou de couple. Loin d’être seulement un film intellectuel ou philosophique, « Snow therapy » aborde avec un humour tout nordique la remise en question du couple, de ses valeurs, de sa solidité et de sa structure. Il s'avère au final une comédie grinçante et hors norme, jouant sur le malaise de la perte de repère, et sur l'image de héros qu'est censé incarner l'homme.
>>> Lire notre critique du film
5e // THE LOBSTER
de Yórgos Lánthimos
avec Colin Farrell, Jessica Barden, Rachel Weisz, Olivia Colman, Ashley Jensen, Ariane Labed, Angeliki Papoulia, John C. Reilly, Léa Seydoux…
Plaqué par sa femme, David est aussitôt arrêté par la police et placé dans un hôtel pour célibataires. Il dispose alors de 45 jours pour trouver une nouvelle compagne et l'épouser, sinon il sera transformé en un animal, dont il peut néanmoins choisir l'espèce. Chaque soir, avec les autres pensionnaires, il est emmené pour une partie de chasse aux célibataires fuyards cachés dans les bois. Et les proies abattues peuvent lui permettre de gagner des jours "bonus"...
Le réalisateur construit un film clairement divisé en deux parties, complémentaires, même si la seconde paraîtra à certains moins accessible et moins drôle que la première. Reste que le film réussit à surprendre jusque dans ses dernières minutes, renouvelant son concept en cours de route. […] Délice d'imagination et de complexité, "The Lobster" est une œuvre à plusieurs niveaux de lecture. […] Cynique et finement construit, le film a reçu le Prix du jury au Festival de Cannes 2015 et une mention spéciale à la Queer Palm.
>>> Lire notre critique du film
4e // MUSTANG
de Deniz Gamze Ergüven
avec Güneş Nezihe Şensoy, Doğa Zeynep Doğuşlu, Elit Işcan, Tuğba Sunguroğlu, Ilayda Akdoğan…
C’est la fin de l’année scolaire et Lale, émue, dit adieu à sa professeure qui part enseigner à Istanbul. Une fois ses larmes séchées, la jeune fille court sur la plage avec ses sœurs et ses copains pour fêter le début des vacances. Heureux, les adolescents s’amusent dans les vagues, les filles sur les épaules des garçons. Des jeux innocents qui ne sont pas du goût de tout le monde et que les jeunes filles vont devoir payer cher, une fois rentrées à la maison…
Avec son premier long-métrage, Deniz Gamze Ergüven évoque une descente aux enfers avec une mise en scène juste et sensible. Cette fluidité de narration nous emporte dès les premières minutes par la fraîcheur de ses héroïnes, qui malgré les premières remontrances, débordent de joie de vivre et entendent bien ne pas se laisser enfermer dans des carcans. En résulte des scènes solaires qui vous transportent et vous ravissent, comme celle de la joie décuplée de Lale, la benjamine de la famille, quand elle réussit à emmener ses sœurs assister à un match de foot…
>>> Lire notre critique du film
3e // VICE-VERSA
de Pete Docter et Ronnie Del Carmen
avec les voix en VO de Amy Poehler, Mindy Kaling, Bill Hader, et en VF Charlotte Le Bon, Mélanie Laurent, Pierre Niney, Marilou Berry, Gilles Lellouche…
Riley est une petite fille toujours souriante, pleine de vie. Et le déménagement pour San Francisco aurait ainsi dû se dérouler sans accroc. Mais ça, c’était sans compter sur les Émotions qui vivent dans sa tête. Parce que lorsque Joie et Tristesse se perdent au fin fond de l’esprit de la bambine, Peur, Dégoût et Colère ont bien du mal à tenir la baraque ; et les conséquences sur la pauvre Riley pourraient bien être irréversibles…
Outre son originalité, "Vice-Versa" impressionne par son esthétisme et sa richesse visuelle. Des îles de la personnalité au studio de production des rêves, du pays de l’imaginaire aux étagères de souvenirs, des statues géantes à la fabrication de petits amis fantasmés, chaque recoin du cerveau de la gamine est aussi gracieux que délirant. Didactique et ludique, le film fait partie de ces dessins animés qui touchent autant qu’ils font rire, car le moralisme laisse place à l’émotion pure, car le fond et la forme ne font qu’un, car il s’adresse autant aux parents qu’aux enfants.
>>> Lire notre critique du film
2e // MAD MAX : FURY ROAD
de George Miller
avec Tom Hardy, Charlize Theron, Nicholas Hoult, Zoé Kravitz, Nathan Jonesn Rosie Huntington-Whiltley, Riley Keough…
Alors qu'il erre dans le désert fuyant ses démons, Mad Max se retrouve capturé par les Warboys de l'infâme Immortan Joe. Malgré lui, il finit par être embarqué dans un convoi dirigé par l'impératrice Furiosa qui mène une insurrection contre son maître avec les meilleures pondeuses de la tribu…
Miller trouve rapidement un équilibre parfait entre le côté psychédélique et extravagant de la franchise (qui allait parfaitement dans années 80) et son atmosphère résolument sombre et nihiliste. Une fois le convoi démarré, le reste du long métrage est tout bonnement époustouflant ! Miller nous emporte dans un film aux courses-poursuites complétement épiques d'une bonne vingtaine de minutes chacune durant lesquelles il ne laisse absolument aucun répit. Rarement, on aura assisté à des séquences de courses-poursuites aussi haletantes.
>>> Lire notre critique du film
1er // BIRDMAN
de Alejandro Gonzalez Iñarritu
avec Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Andrea Riseborough, Amy Ryan, Emma Stone, Naomi Watts…
Riggan Thomson, acteur autrefois très connu pour le rôle du super-héros Birdman, blockbuster aux différentes suites, tente, après une longue traversée du désert, de monter une pièce de théâtre à Broadway. Espérant retrouver le devant de la scène, il doit affronter ses propres démons, de ses proches à son propre ego...
Porté par un casting aussi pertinent sur le papier que percutant à l'écran, « Bidman » est certainement le film le plus réussi d’Alejandro Gonzalez Iñarritu au niveau mise en scène, donnant l'apparence d'un unique plan séquence, jusque dans les dernières minutes du long métrage. […] Doté de qualités formelles, esthétiques, narratives, scénaristiques, philosophiques, et surtout expressives, le film constitue au final un objet fascinant, dont l'attrait aura su séduire l'Académie des Oscars, qui lui aura décerné quatre statuettes, dont celles du meilleur réalisateur et du meilleur film.
>>> Lire notre critique du film
Mathieu Payan
Cinémas lyonnais
Cinémas du Rhône
Festivals lyonnais