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PARCOURS : Alex de la Iglesia de A à Z (ou presque) 1/2


Un nouveau film de Alex De La Iglesia, c’est toujours un évènement en soi. Et la sortie de son dernier chef-d’œuvre, le corrosif et poignant "Balada triste", est l’occasion de se pencher un peu plus sur le travail du meilleur cinéaste européen en activité. Voici donc un petit abécédaire non exhaustif (il manque quelques lettres…) qui, je l’espère, vous donnera envie de plonger dans l’œuvre hors-norme de ce cinéaste majeur. Olé !


A comme… Action mutante
En 1991, Pedro Almodovar produit "Action mutante", premier long-métrage d’un jeune fou furieux. Une œuvre de SF punkisante, compensant son manque de moyen par une méchanceté réjouissante et une énergie folle. Tout De La Iglesia est déjà là, dans la thématique (des rebelles mutants et moches en guerre contre la dictature des apparences) comme dans la forme (une idée par plan), et le cinéaste de rejoindre le cercle des barjos à suivre.

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B comme… Blake & Mortimer
Grand fan de la création d’Edgar P. Jacobs, Alex De La Iglesia tente depuis plusieurs années de monter une adaptation de l’album La Marque jaune. Un projet ambitieux, que le manque de reconnaissance internationale du cinéaste ne permet pas d’aboutir pour le moment. On croise les doigts pour qu’il y parvienne, tant le résultat pourrait bien nous surprendre !

C comme… Clowns
Protagonistes de "Balada triste", les clowns (tristes ou joyeux) ont toujours été au centre de l’œuvre du cinéaste. Des comiques héros de "Mort de rire", en passant par le final du "Crime farpait", on ne compte plus les figures clownesques de son cinéma. Sans doute le reflet du réalisateur lui-même, qui se définissait dans une interview en 2002 comme « un clown dans une machine à laver »

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D comme… Def Con Dos
Groupe de rap-rock espagnol, fondé en 1989 par quelques trublions, et profondément lié aux débuts cinématographiques du cinéaste. En effet, Alex De La Iglesia réalisera plusieurs de leurs clips, leur confiant parallèlement la création des chansons-titres d’"Action mutante" et du "Jour de la Bête". On en retiendra une énergie punk très communicative, de même qu’un refrain culte : « 666, El Dia de la Bestia ! »

E comme… Espagne
Son pays d’origine, lieu de tous ses succès, de toutes ses déceptions. Qu’il revisite l’histoire de la télévision espagnole ("Mort de rire"), qu’il rende hommage aux acteurs de son glorieux passé cinématographique ("800 balles"), qu’il brocarde l’omniprésence de la religion ("Le Jour de la Bête") ou qu’il enrage sur son Histoire complexe ("Balada triste"), De La Iglesia a toujours eu une relation d’amour et de haine avec la péninsule ibérique. Et franchement, on espère que ça va durer.

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F comme… Farpait
Septième film de Alex De La Iglesia, et sans aucun doute le plus virulent et agressif qui soit (si l’on excepte "Balada triste"). Comédie d’une noirceur implacable, "Le Crime farpait" (titre en hommage à Astérix et Obélix… farpaitement !) brocarde le consumérisme à tout va, la quête de perfection de tout un chacun, moquant les beaux et les moches, les arrivistes du travail et les cinglés du mariage, jusqu’à un final apocalyptique réglant leur compte à tout le monde sans faire de distinction. Un grand décrassage furieux et jouissif, forcément culte !

G comme… Goya
L’équivalent des Césars ou des Oscars, en Espagne. Alex De La Iglesia en récoltera quatre, directement ou indirectement : Meilleur réalisateur et effets-spéciaux pour "Le Jour de la Bête", meilleurs effets-spéciaux pour "Mes chers voisins" et "800 balles". En 2009, De La Iglesia devient président de l’Académie du cinéma espagnol qui les délivre, avant de donner sa démission suite à l’adoption par le gouvernement d’une loi semblable à Hadopi.


H comme… Hitchcock
L’un des maîtres à penser de De La Iglesia, dont on ne compte plus les hommages plus ou moins directs. Et c’est souvent lors des climax de ses films que l’influence se fait sentir : décors gigantesques, course poursuite en haute altitude, suspense savamment dosé et mouvements de caméra virtuoses… "Mes chers voisins", "Le Crime farpait", "Crimes à Oxford" et "Balada triste" en sont les meilleurs exemples qui soient.

I comme… Immeuble
C’est le décor principal du très bon "Mes Chers voisins". Une histoire de voisinage meurtrier et de gros sous, pleine de références geeks (Luc Besson, Star Wars…) et de gueules impayables, qui permet à De La Iglesia de fustiger à nouveau les travers de ses contemporains, leur avidité comme leur soif de pouvoir. Une comédie hitchcockienne qui ne ressemble à rien, sinon parfois à du Billy Wilder, portée par l’excellente Carmen Maura.

J comme… Jour de la Bête
Le second film de De La Iglesia. Une comédie sataniste, qui voit un prêtre sombrer dans le péché afin d’invoquer le Diable et de le détruire. Complètement déjanté dans le fond (ça vole, ça tue, ça se drogue, ça sacrifie de la vierge) et hilarant à en tomber par terre (Santiago Segura y est pour quelque chose), le film s’attaque à l’Eglise et à ses représentants, sur fond de heavy métal et de bouc maléfique. Certains ne se sont jamais remis de la vision de ce film, l’auteur de ces lignes peut en témoigner !

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Frédéric Wullschleger

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