Jamais bilan personnel n’a été aussi centré sur le cinéma francophone.
Paradoxalement, cet horizon a priori limité s’accompagne d’un constat optimiste. Alors que notre époque est souvent considérée (à tort ou à raison) comme sombre et inquiétante, nombre de cinéastes semblent avoir voulu donner une tournure plus positive à leur œuvre, que ce soit à travers l’affirmation d’une liberté sans entraves, à travers la glorification de l’imaginaire ou encore avec divers messages d’espoir, d’amour ou de bienveillance.
En 2017 plus que jamais, le cinéma a été un phare. Et pour continuer de rêver, quoi de mieux qu’un jeu ? Un jeu des correspondances, comme une sorte de "Trois Petits Chats" cinématographique.
C’est parti pour le cercle vertueux de 2017 !
Mon n°1 de l’année, "Paris pieds nus", est une déambulation dans Paris, comme l’est aussi "Ouvert la nuit", qui comprend une scène avec un « homme-singe » comme "The Square", film qui questionne le décalage entre les principes et les actes, ce que l’on retrouve dans "Problemos", qui développe de vraies questions sous une couche apparemment potache, tout comme "Bienvenue au Gondwana", qui évoque la responsabilité des Occidentaux en Afrique, ce qui est un thème secondaire de "Carré 35", lequel explore les secrets d’une histoire familiale, ce qui est aussi le cas dans "Ôtez-moi d’un doute", véritable réflexion sur les racines à la manière de "Ce qui nous lie", qui pose la question de la solidarité au sein d’une fratrie, qui est centrale dans "Seven Sisters" (photo ci-contre), où l’on se demande si une femme peut être prête à tout pour l’amour et la liberté, de la même façon que dans "The Young Lady", lequel est centré sur des personnages féminins dans les années 1860 avec des scènes de ramassage de champignons, ce qui est exactement le cas pour "Les Proies", dans lequel une scène d’amputation fait basculer un personnage, ce qui est une péripétie majeure dans "Grave", où la consommation de viande est un thème central, tout comme dans "Okja", dont le scénario tourne autour d’une grande arnaque économique, ressort que l’on a également dans "Au revoir là-haut", où la Première Guerre mondiale est une toile de fond, de même que pour "Wonder Woman", dont le personnage principal est parfois naïf après avoir vécu tant d’années à l’écart de la civilisation, comme celui de "Santa et Cie", relecture hilarante d’un mythe comme "Lego Batman", film pour la jeunesse avec un personnage adopté, ce qui est la situation du protagoniste de "Paddington 2", dans lequel l’humour british se contrefiche du réalisme, un peu à la manière de "Kingsman, le cercle d’or", qui nous donne à voir le cynisme du pouvoir, aspect encore plus capital dans "Le Caire confidentiel", qui montre entre autres les inégalités sociales en Afrique, que l’on voit dans "Makala", qui interroge les limites de ce qu’un humain peut endurer pour s’en sortir, ce qui est évidemment l’enjeu de "Tunnel", dont la claustrophobie peut trouver un écho lointain dans le cercueil de "Grand Froid", avec Jean-Pierre Bacri et son air de chien battu à l’honneur, comme dans "Le Sens de la fête", dont le mariage ne se passe pas comme prévu, ni pour celui de "Going to Brazil", où Alison Wheeler joue une névrosée qui se décoince petit à petit comme dans "Loue-moi ! " qui est une romance avec un grand cri d’amour dans le titre comme pour "Embrasse-moi ! " qui commence par une histoire de rupture comme débute aussi "Faute d’amour", drame sur un enfant qui disparaît comme dans "Mon garçon", où les limites entre mise en scène et improvisation sont floues, tout comme les deux road-movies semi-documentaires qui sillonnent la France que sont "Visages, villages" et "Avant la fin de l’été", ce dernier montrant les conséquences intimes de l’exil, tout comme "L’Autre Côté de l’espoir", réflexion humaniste sur l’altérité avec un soupçon d'espérance comme "Djam", véritable hommage à la musique pour rapprocher les êtres, ce qui est aussi le cas de "Coco", relecture poétique de la mort comme "A Ghost Story", dont la mise en scène met en valeur la perception du temps qui passe, ce que l’on saisit également dans "T2 Trainspotting", qui nous permet de replonger avec plaisir dans un univers cinématographique cultissime tel "Blade Runner 2049", qui pose la question de l’âme pour un humanoïde de synthèse, tout comme "Ghost in the Shell", l’une des honnêtes adaptations d’un classique de la bande dessinée de science-fiction avec "Valérian et la Cité des mille planètes", qui propose une perception fun de l’espace-temps comme "La Colle", regard tendre sur la jeunesse française, ce qui est le cas dans "À voix haute", lequel met en avant le pouvoir de la parole, un élément pivot dans "Le Vénérable W." qui est une plongée glaçante dans l’extrémisme et la haine des autres, comme l’est "Chez nous", film militant dans l’air du temps comme "120 battements par minute", qui suit l'évolution intime de personnages homosexuels sur plusieurs années tel "Moonlight", qui propose un regard original sur la place sociale des Afro-Américains ce que fait aussi "Get Out", qui développe un univers dérangeant avec un soupçon de médecine, comme "Thelma", qui met en scène l’émancipation de la jeune fille-titre comme "Ava", qui explore les bouleversements d’un corps qui trahit, ce que propose forcément "Patients", qui nous permet d’avoir une regard différent sur le handicap, qui est aussi l’atout de "L’École de la vie", film chilien d’une grande sensibilité comme l’est "Rara", qui montre que ce n’est pas toujours facile de jongler entre sa vie personnelle et sa famille quand on est ado, ce que l’on perçoit dans "Noces", qui débat sur la liberté des musulmanes dans les pays européens comme "Cherchez la femme" où un homme se met à la place d’une femme alors que la situation est inverse dans "Si j’étais un homme", dont le potentiel est gâché par des choix grotesques, ce qui est malheureusement le cas de "Jeannette, l’enfance de Jeanne d’Arc", qui a toutefois bousculé le genre du biopic, ce qu’a beaucoup mieux réussi "Barbara", qui offre un regard sur la vie de comédienne, tout comme "La La Land", qui est une ode à l’imaginaire, à l’amour et à la poésie comme "Paris pieds nus". On recommence ?
TOP 10 films
1. Paris Pieds nus, de Fiona Gordon et Dominique Abel
2. La La Land, de Damien Chazelle
3. Ôtez-moi d’un doute, de Carine Tardieu
4. Ce qui nous lie, de Cédric Klapisch
5. The Square, de Ruben Östlund
6. Patients, de Mehdi Idir et Grand Corps Malade
7. Carré 35, de Éric Caravaca
8. Djam, de Tony Gatlif
9. Le Caire confidentiel, de Tarik Saleh
10. Barbara, de Mathieu Amalric
FLOP 5 films
1. Cinquante nuances plus sombres, de James Foley (photo ci-contre)
2. Bad Buzz, de Stéphane Kazandjian
3. Gangsterdam, de Romain Levy
4. Si j’étais un homme, de Audrey Dana
5. Jeanne, l’enfance de Jeanne d’Arc, de Bruno Dumont
TOP 5 réalisateurs
1. David Lowery (A Ghost Story)
2. Barry Jenkins (Moonlight)
3. Mathieu Amalric (Barbara)
4. François Ozon (L’Amant double)
5. Emmanuel Gras (Makala)
TOP 5 acteurs
1. Jérémie Rénier (L’Amant double - photo ci-contre)
2. Laurent Lafitte (Au revoir là-haut / K.O.)
3. Pablo Pauly (Patients)
4. Nahuel Pérez Biscayart (120 battements par minute / Au revoir là-haut)
5. François Damiens (Ôtez-moi d’un doute)
TOP 5 actrices
1. Jeanne Balibar (Barbara - photo ci-contre)
2. Noomi Rapace (Seven Sisters)
3. Daphné Patakia (Djam)
4. Ana Girardot (Ce qui nous lie)
5. Marina Vacth (L’Amant double)
TOP 5 des tops 5 thématiques !
1. Premiers longs métrages de fiction : Patients ; Get Out ; Ava ; Je danserai si je veux ; Bienvenue au Gondwana
2. Films pour enfants : Le Grand Méchant Renard et autres contes… ; Santa et Cie ; Paddington 2 ; Lego Batman, le film ; Coco
3. Documentaires : Carré 35 ; Makala ; L’École de la vie ; Visages, villages ; À voix haute
4. Thématiques LGBT : Moonlight ; Rara ; Je danserai si je veux ; 120 battements par minute ; Embrasse-moi !
5. Comédies sympathiques et sous-estimées : Santa et Cie ; Problemos ; Bienvenue au Gondwana ; La Colle ; Loue-moi !
Révélations 2017
Outre les révélations déjà mentionnées plus haut (Daphné Patakia, Pablo Pauly et Nahuel Pérez Biscayart), deux autres talents à suivre : Noée Abita (Ava) et Alban Ivanov (Le Sens de la fête ; Patients).
Raphaël Jullien
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