Retour en France cette année 2012, et donc naturellement plus de films français visionnés. Sur le 240 films visionnés, dont finalement plus de la moitié, 125, ailleurs que dans les salles françaises (103 dans les festivals de l'année ou des années précédentes, 4 en projections de presse, 14 à l'étranger -Espagne et GB-, et 6 directement en DVD). De quoi se poser des questions sur ma propre envie de me rendre au cinéma. Pourtant, ce ne sont pas les occasions qui manquent, de l'UGC Ciné Cité Confluence qui a ouvert début avril à moins d'un kilomètre de chez moi, à des déplacements sur Paris, en passant par toutes les initiatives lancées par les cinémas (festivals d'avant-premières...). Alors pourquoi cette concentration sur les festivals et pas les salles ?
Peut-être parce que la morosité ambiante qui devrait trouver des échappatoires au travers des films ne rencontre pas d'échos dans des comédies de plus en plus navrantes (« Les Seigneurs », « Mince alors ! », « Comme un chef »... la palme revenant certainement à « Bowling »). Peut-être parce que les blockbusters sensés servir de défouloirs n'ont pas non plus convaincu (« Battleship », « Blanche neige et le chasseur », « The Darkest hour ») et que même les meilleurs metteurs en scène semblent tourner en rond (Nolan et son « The Dark knight rises », Spielberg et son « Cheval de guerre »...). Quant aux suites, elles ont souvent déçu (« Avengers », « Street Dance 2 », « Twilight 5 »...).
Du coup, je vous livre aujourd'hui un Top constitué de films sensibles, à la mise en scène parfois originale, mais mettant l'humain au centre du récit. Cet humain survit face à un monde hostile (« Bullhead », « L'Odyssée de Pi », « Les Bêtes du Sud sauvage », « The Impossible »), se reconstruit (« Je me suis fait tout petit », « Holy motors », « Café de Flore »), que ce soit face au divorce ou la séparation (« I wish », le film de Jean Marc Vallée), ou au deuil (le Carax, le Ang Lee)... Mais dans tous les cas, c'est la solidarité (le Kore-Eda), le contact de l'autre (« Starbuck ») qui fait renaître l'espoir, la vie.
Les quelques films que j'ai finalement écartés à la dernière minute de ce Top 10, confirment d'ailleurs cette tendance (« Week-end », « Inside », « Ai Wei Wei never sorry », « La Colline aux coquelicots » et « My week with Marilyn ») où relèvent de plaisir face à des prouesses de mise en scène (« Faust », « Kill list »). Alexandre Sokurov et Ben Wheatley ont donc naturellement leur place parmi les meilleurs réalisateurs, avec notamment le retour bouleversant de Leos Carax, pour une œuvre de l'ordre du testament, qui relève d'une vraie envie de cinéma, et une autre révélation en la personne d'Andrés Baiz, metteur en scène du brillant thriller « Inside ».
Enfin, si l'on examine les personnages qui ont marqué cette année, si l'on exclut Meryl Streep et Michelle Williams dans deux rôles de figures historiques (la première dans un vrai navet sur Tatcher ne faisant aucune part au politique, la seconde présentant une Marilyn troublante et perdue dans un film tout en sensibilité), les autres sont des actrices françaises. Cotillard, Huppert et Corinne Masiero, la révélation de « Louise Wimmer », vue depuis dans « De rouille et d'os » de Jacques Audiard. Côté hommes, le panel de rôles intéressants était bien plus large, révélant au passage un Matthias Schoenaerts imposant, un Denis Ménochet tout en bonhomie fragile, et un Tom Cullen attachant en diable. Mais c'est le rôle choc de Peter Mullan (« My name is Joe ») dans « Tyrannosaur », en alcoolique emporté par sa colère, qui m'aura finalement marqué le plus.
Sur ces quelques mots je vous ne dérange pas plus... Je ne voudrais pas vous faire rater la prochaine séance. À bientôt, dans les salles !
Meilleurs films
1. Bullhead, de Michael R. Roskam
2. Holy motors, de Leos Carax
3. Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin
4. Je me suis fait tout petit, de Cecilia Rouaud
5. Starbuck, de Ken Scott
6. Dans la maison, de François Ozon
7. I wish, de Hirokazu Kore-Eda
8. L'Odyssée de Pi, de Ang Lee
9. The Impossible, de Juan Antonio Bayona
10. Café de flore, de Jean-Marc Vallée
Pires films
1. Bowling, de Marie-Castille Mention-Schaar
2. La Dame de fer, de Phyllida Lloyd
3. Battleship, de Peter Berg
4. Sport de filles, de Patricia Mazuy
5. Resident Evil : retribution, de Paul W.S. Anderson
Meilleurs réalisateurs
1. Alexandre Sokurov (Faust)
2. Andrés Baiz (Inside)
3. Wes Anderson (Moonrise Kingdom)
4. Ben Wheatley (Kill list, Touristes)
5. Leos Carax (Holy motors)
Meilleurs acteurs
1. Peter Mullan (Tyrannosaur)
2. Matthias Schoenaerts (Bullhead, De rouille et d'os)
3. Denis Ménochet (Je me suis fait tout petit, Dans la maison)
4. Mads Mikkelsen (La Chasse, Royal affair)
5. Tom Cullen (Week end)
Meilleures actrices
1. Isabelle Huppert (Captive, Amour, In another country, Les Lignes de Wellington, Dubaï Flamingo)
2. Michelle Williams (My week with Marilyn)
3. Marion Cotillard (De rouille et d'os, The Dark knight rises)
4. Corinne Masiero (Louise Wimmer, De rouille et d'os, Ombline)
5. Meryl Streep (La Dame de fer, Tous les espoirs sont permis, Arctique)
Thème au choix :
Dessins animés : une tendance au documentaire
1. La colline aux coquelicots, de Goro Miyazaki
2. Alois Nebel, de Tomas Lunak
3. Frankenweenie, de Tim Burton
4. Ernest et Célestine, de Benjamin Renner, Stéphane Aubier et Vincent Patar
5. Le Lorax, de Chris Renaud, Ken Daurio et Cinco Paul
6. Le voyage de Monsieur Crulic, de Anca Damian
7. Rebelle, de Mark Andrews et Brenda Chapman
8. Les enfants loups, Amé et Yuki, de Mamoru Hosoda
9. La balade de Babouchka, de Alexander Tatarsky, Mihkail Aldashin, Eduard Nazarov, Marina Karpova et Oleg Uzhinov
10. Couleur de peau : miel, de Jung et Laurent Boileau
Olivier Bachelard
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