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Les meilleurs films de 2012 selon Frédéric Wullschleger


Une année de cinéma, c’est un peu pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, ce sont les films que l’on n’attendait pas et que l’on se prend en pleine tête ; ce sont les cinéastes que l’on aime qui prouvent une nouvelle fois tout leur talent… Le pire, ce sont les films qu’on attendait et qui se révèlent n’être que néant ; ce sont les cinéastes que l’on aime et qui prouvent que même les meilleurs peuvent se tromper. Une année de cinéma, c’est beaucoup d’images, de dialogues, de thématiques, qui s’imprègnent en nous ; et parfois, marquent la rétine avec une persistance toute particulière.

Bilan légèrement contrasté, quand on y pense, pour cette dernière année avant la fin du monde. Une fin de trilogie aux ambitions mal gérées pour Christopher Nolan, malgré de très belles choses (dont Tom Hardy et Anne Hathaway) ; un Leonardo DiCaprio empêtré dans le latex pour un Clint Eastwood en demi-teinte ; des Vengeurs aux péripéties jouissives mais dans un long-métrage bien trop sage et inoffensif ; un Cronenberg outrageusement bavard, malgré quelques fulgurances bien senties ; ou bien un Oliver Stone qui retrouve la pêche de ses meilleurs films, mais la dilue dans une série B certes amusante mais totalement vaine… Voilà pour des films attendus (peut-être trop ?), mais jamais à la hauteur des espérances. Heureusement, certains des meilleurs cinéastes contemporains auront relevé le défi d’un cinéma total, aussi parfait sur le fond que sur la forme.

Le revenant William Friedkin est de ceux-là, qui aura eu le culot de balancer à des spectateurs pas vraiment avertis un film aussi énervé et singulier que son magnifique "Killer Joe", plongée terrifiante au pays des rednecks, révélant un Matthew McConaughey comme on ne l’avait encore jamais vu. Plus maintream, en un sens, mais pas moins important, David Fincher continue lui son exploration de la face sombre de l’être humain, revisitant un néo-classique de la littérature policière scandinave en l’irriguant de ses obsessions les plus personnelles, créant par la même l’un des plus beaux personnages féminins jamais vu sur un écran de cinéma. Plus proches de nous, d’un point de vue géographique, Jacques Audiard et Pascal Laugier n’en sont pas moins deux excellents formalistes, dont les thématiques et obsessions ne cessent d’être revisitées de films en films : quand l’un s’attarde à montrer la relation chaotique de deux corps en peine (incroyables Matthias Schoenaerts et Marion Cotillard), l’autre se joue des codes du thriller rural américain pour mieux délivrer une fable amère sur l’innocence bafouée et la morale parentale. Apparemment moins énervé que sur son précédent film, l’espagnol fou Alex De La Iglesia délaisse un temps la folie pure et dure, et brocarde avec sévérité le comportement vénal et outrancier de ses compatriotes, le temps d’un film faussement mineur, mais toujours juste. Enfin, loin de la violence crépusculaire d’un "Il faut sauver le Soldat Ryan", Steven Spielberg plonge un ado et son cheval au sein d’un conte guerrier dont la stricte beauté picturale doit tout aux grands cinéastes de l’Âge d’or hollywoodien, John Ford en tête.

On ne reviendra pas sur la réussite hallucinante du nouveau monument d’heroic fantasy de Peter Jackson, dont les expérimentations techniques n’en sont qu’aux balbutiements, jetant un pont vers un avenir forcément radieux (James Cameron saura à coup sûr en explorer les tenants et aboutissants). Mais on pourra jeter un œil sur quelques « nouveaux » cinéastes, dont les films auront eu pour point commun, outre une indéniable réussite formelle, de jeter un regard neuf sur les dérèglements sociaux, affectifs et moraux d’une société en perte de repères. Qu’ils illustrent la descente aux enfers de tueurs à gages barjots ("Kill List"), la tentative de reconstruction d’une âme perdue (« Martha Marcy May Marlene") ou l’apocalypse intime de deux jeunes en manque de sensations fortes ("Bellflower"), tous auront proposé de nouvelles tentatives de cinéma. De quoi attendre 2013 avec impatience…

Meilleurs films
1. Le Hobbit : Un voyage inattendu, de Peter Jackson
2. Millénium : Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes, de David Fincher
3. Killer Joe, de William Friedkin
4. De rouille et d’os, de Jacques Audiard
5. The Secret, de Pascal Laugier
6. Kill list, de Ben Wheatley
7. Un Jour de chance, d’Alex De La Iglesia
8. Cheval de guerre, de Steven Spielberg
9. Rebelle, de Mark Andrews, Brenda Chapman & Steve Purcell
10. Martha Marcy May Marlene, de Sean Durkin

Pires films
1. Target, de McG
2. The Oregonian, de Calvin Reeder
3. Battleship, de Peter Berg
4. My soul to take, de Wes Craven
5. Total recall : Mémoires programmées, de Len Wiseman

Meilleurs réalisateurs
1. David Fincher (Millénium)
2. Steven Spielberg (Cheval de guerre)
3. Peter Jackson (Le Hobbit)
4. Sam Mendes (Skyfall)
5. Evan Glodell (Bellflower)

Meilleurs acteurs
1. Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os, Bullhead)
2. Matthiew McConaughey (Killer Joe)
3. Jérémie Renier (Cloclo)
4. Michael Fassbender (Prometheus)
5. Liam Neeson (Le Territoire des loups)

Meilleurs actrices
1. Rooney Mara (Millénium)
2. Noomi Rapace (Babycall, Prometheus)
3. Elizabeth Olsen (Martha Marcy May Marlene)
4. Salma Hayek (Un Jour de chance)
5. Isabelle Adjani (David et madame Hansen)

Thèmes au choix : Meilleurs inédits DVD
1. The Violent kind, de The Butcher Brothers
2. Red state, de Kevin Smith
3. The Incident, d’Alexandre Courtès
4. The Woman, de Lucky McKee
5. The Ward : L’Hôpital de la terreur, de John Carpenter

Frédéric Wullschleger

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