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Les meilleurs films de 2011 selon Véronique Lopes


Cette année fut synonyme de crise financière et de licenciement (« De bon matin », « Les Winners », « The Company men »), de réflexion profonde sur notre place dans ce monde (« The Tree of life »), sur la fragilité de l’être humain (« Melancholia »), sur les changements politiques nécessaires (« Les Marches du pouvoir », « L’Exercice de l’Etat »)… A croire que les cinéastes ont voulu immortaliser sur leur pellicule la sombre destinée de notre planète, la noirceur de nos sentiments, mais aussi l’impuissance face à un système en roue libre, qui ne trouvera sa fin que dans sa destruction…

En France, il semble que la grande tendance fut de rétablir des vérités historiques, pour ne pas jeter aux oubliettes les failles de nos systèmes judiciaire et politique (« L’Ordre ou la morale », « Omar m’a tuer », « Présumé coupable »), un épisode héroïque (« L’Assaut ») ou encore la toute puissance du gouvernement et de son chef, à la veille de la présidentielle (« La Conquête », « l’Exercice de l’Etat »).

2011 a aussi rimé avec saga : fin d’Harry Potter, avant-dernier Twilight, avec recyclage des vieilles recettes qui fonctionnent : « X-men : Le commencement », « La Planète des singes : Les origines »… et déterrage de supers-héros à la pelle : « Green lantern », « Captain America »...

De toute cette noirceur parfois en manque d’inspiration, j’aime à retenir des films dont l’intensité m’a laissé une émotion encore vive. « Blue Valentine » est incontestablement LE film qui m’a le plus marquée. Son intensité et sa justesse quant à la transcription de l’érosion du couple semblent encore inégalées et d’une étrange rareté. Un sentiment moins intense mais tout aussi juste décrit dans « Last Night » sur la fragilité du couple, dont la précision chirurgicale de la psyché des personnages est poignante.

Il y a aussi ces films qui laissent des traces, encore plusieurs semaines après les avoir vus. « Polisse » pour sa façon de nous permettre de regarder par un trou de serrure ce qui se passe et qui peut être à côté de nous. « Never let me go » pour son réalisme, sa cruauté et la détresse permanente de ses personnages.

Je retiens aussi des films dont l’attention à la qualité de chaque plan est autant léchée que la psychologie des personnages. Plaçant parfois les hommes dans des décors de mégalopoles sur-éclairées ou des paysages dont la lumière naturelle est spectaculaire, mais sans jamais leur prendre la vedette. C’est pour moi cet esthétisme poussé qui rend d’autant plus belle l’histoire des personnages qui évoluent devant la caméra, laissant voir leurs défauts et leurs blessures à vif : « Shame », « Drive », « Beginners », « This must be the place », « Cartes des sons de Tokyo ».

2011 fut donc une belle année, de laquelle quelques bijoux ont su émerger de la noirceur.

Meilleurs films
1. Blue Valentine, de Derek Cianfrance
2. Polisse, de Maïwenn
3. Drive, de Nicolas Winding Refn
4. Never let me go, de Mark Romanek
5. Wasteland, de Lucy Walker
6. Beginners, de Mike Mills
7. Last night, de Massy Tadjedin
8. This must be the place, de Paolo Sorrentino
9. Melancholia, de Lars Von Trier
10. Cartes des sons de Tokyo, d’Isabel Coixet

Pires films
1. L’Etrange affaire Angelica, de Manoel de Oliveira
2. Tree of life, de Terrence Malick
3. Comment savoir, de James L. Brooks
4. Rien à déclarer, de Dany Boon
5. Paul, de Greg Mottola

Meilleurs réalisateurs
1. Nicolas Winding Refn (Drive)
2. Steve Mc Queen II (Shame)
3. Mike Mills (Beginners)
4. Derek Cianfrance (Blue Valentine)
5. Danny Boyle (127 heures)

Meilleurs acteurs
1. Ryan Gosling (Blue Valentine)
2. Michael Fassbender (Shame)
3. Christian Bale (Fighter)
4. Mel Gibson (le Complexe du castor)
5. James Franco (127 heures)

Meilleures actrices
1. Keira Knightley (A Dangerous method)
2. Carey Mulligan (Shame)
3. Mia Wasikowska (Restless)
4. Jennifer Lawrence (Winter’s bone)
5. Natalie Portman (Black swan)

Top 5 thématique : les films français qu’il fallait voir
1. Polisse, de Maïwenn
2. Intouchables, de Eric Toledano et Olivier Nakache
3. Poupoupidou, de Gérald Hustache-Mathieu
4. Omar m’a tuer, de Roschdy Zem
5. Présumé coupable, de Vincent Garenq

Véronique Lopes

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