2010 fut une année mitigée pour le cinéma. De très bons films sont sortis cette année, certes, mais le constat général est à une frilosité de plus en plus présente de la part des studios à nous fournir quelque chose de nouveau, quelque chose qui nous transcende, quelque chose de « bandant » ! D’un autre côté, un certain classicisme et une rigueur cinématographique ont fait leur retour cette année, et il est plaisant de voir que certains réalisateurs connaissent encore leur grammaire, qu’elle soit perceptible par tous ou non. Parlons donc du positif !
Du côté des bonnes surprises, l’une ressort particulièrement du lot : « Le Guerrier Silencieux, Valhalla Rising » du danois Nicolas Winding Refn. Ce film me renvoie vers l’un des métrages qui me transcendent le plus, « 2001, L’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick. Tout comme « 2001 », « Valhalla » ne plaira pas à beaucoup de monde, son « défaut » étant peut-être une accessibilité réduite. Mais il fait partie de ces films qui se vivent, se ressentent jusqu’au fond de notre cœur et de notre esprit, sans se contenter d’être un enchainement d’images projetées sur une toile blanche. 2010 fut en quelque sorte un bon cru pour ces films sensoriels, car à l’heure ou la 3D envahit les écrans de façon plus conséquente que lors de ses précédentes tentatives, des films comme « Amer » d’Hélene Cattet et Bruno Forzani prouvent qu’une solide réalisation, un amour du cinéma et de sa grammaire sont plus forts que tous les effets farces et gadgets, pour nous faire vivre et ressentir des émotions.
2010 fut le retour de grands noms du cinéma derrière la caméra, dont un Martin Scorsese en pleine forme comme le prouve son « Shutter Island », et un Werner Herzog qui pourrait lui aussi donner des leçons à beaucoup de monde, avec sa relecture de « Bad Lieutenant ». David Fincher n’est pas en reste puisqu’avec « The Social Network », il arrive à rendre un film rempli de scènes de discussions beaucoup plus vivant que n’importe quel blockbuster estival. Et n’oublions pas Alejandro Amenabar et son sublime « Agora ».
Bilan positif également pour le cinéma français ! Il n’a jamais été aussi en forme depuis très longtemps. « Le nom des gens » de Michel Leclerc, « A bout portant » de Fred Cavayé, « Les petits mouchoirs » de Guillaume Canet, « Rubber » de Quentin Dupieux… Autant de métrages qui prouvent que le cinéma français n’est pas mort et qu’il a encore des choses à dire ! Même à l’étranger nos compatriotes dépotent, comme le prouve notre Alexandre Aja national avec son ultra fun « Piranha 3D » !
La révélation de l’année (à défaut d’en être le meilleur film) peut être attribuée à « Scott Pilgrim » de l’anglais Edgar Wright (« Shaun Of The Dead », « Hott Fuzz »). Concentré de « pop culture », le film n’invente rien (tout vient du monde du comics, du manga, de la littérature SF…) mais est novateur en proposant un savoureux et détonant cocktail sur grand écran. C’est bien simple, ce genre de relecture, nous n’en avions pas vu depuis l’avènement philosophiquo-christique des Wachowski, frère et sœur, et leur « Matrix ». Si la recette culinaire reste la même, celle du tiroir-caisse diffère. Pas sûr, donc, que ce « christ »-là soit suivi lors de la décennie qui s’ouvre à nous.
Une année mitigée…mais pleine d’espoirs !
François Rey
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