DOSSIER

Affiche

LE DETAIL QUI TUE : les objets tueurs au cinéma


Le cinéma fantastique et d’épouvante a imaginé à travers les âges de nombreux tueurs célèbres, qu’ils soient masqués ou non, armés d’un couteau ou d’une tronçonneuse… Il a été inventé des tueurs plus originaux encore, ceux qui sont au-dessus de tout soupçon, ceux qui nous sont familiers et qui une fois possédés par le Mal sont prêts à tout pour avoir votre peau : les objets tueurs !
A l’occasion de la sortie de « Rubber », le pneu démoniaque, voici une rétrospective de ces trucs, machins et autres bidules que nous ne regardons plus de la même manière depuis qu’un film les a imMORTalisés en sirial killeur… en quoi ? en serial killer !

Photo2

Une arme de séduction massive

Les objets tueurs sont souvent possédés par le mal mais aussi par… leur propriétaire, seul maître à bord et unique utilitaire de l’objet de toutes les convoitises qui utilise les forces maléfiques de leur chose dans leur unique intérêt.
Ainsi, Arnie, le jeune homme puceau aux lunettes plus larges que celles des cuvettes des toilettes, devient le tombeur qu’il n’a jamais été au contact d’une voiture aux pouvoirs surnaturels. « Christine » (1983) de John Carpenter (dont l’histoire est une adaptation de l’œuvre éponyme de Stephen King) est LA référence des films avec objets tueurs. Son esprit malveillant s’acharne contre les ennemis d’Arnie et éprouve de la jalousie vis-à-vis des filles qu’il drague. Christine prend même l’image de la voiture du diable quand elle sort en feu d’une station-service qu’elle vient de faire exploser. Dans une scène inoubliable, alors qu’elle s’est faite détruire à coup de barre de fer par une bande de voyous, elle reprend forme seule sous les yeux envoûtés de son jeune propriétaire. Arnie change de look, abandonne la raie au milieu pour devenir le « fonzie » du bahut qui n’a plus peur de personne et surtout plus des filles.

Même chose dans le film « Hellphone » (2007) où cette fois c’est un téléphone portable, une autre des inventions majeures de notre époque, qui trouve un rôle à la mesure de son succès. Car si aujourd’hui, on sent bien qu’on ne pourrait plus s’en passer, qu’adviendrait-il si l’objet était lui-même possédé par le diable ? Dans ce film adolescent, davantage comico-parodique qu’effrayant, James Huth, le réalisateur, déclare son amour pour les films teenage des années 80 et notamment le fameux « Christine ». Il en reprend les codes, en faisant également de l’appareil une arme de séduction dont le jeune héros se sert pour plaire à la plus jolie fille du lycée.

Dans le même style : « The Red shoes » (2005), est un film coréen où des souliers transforment la femme qui les porte. Gare à celles qui piqueront la paire tant convoitée, elles finiront par perdre pied…

Photo3

Bienvenue à Nanarland !

Les objets tueurs ont inspiré les pires scénaristes et metteur en scène de films d’épouvante ou films épouvantables, c’est selon !
Quand les appareils électriques de notre quotidien deviennent notre pire cauchemar cela donne « Le Démon dans l'île » (1982), un film français de Francis Leroi, qui après du porno soft s’est ainsi essayé au cinéma d’horreur (avec notamment Jean-Claude Brialy et Annie Duperey en tête d’affiche). Sur une petite île bretonne, les appareils électroménagers (cafetière, cocotte minute, télévision et autre four auto-nettoyant) se retournent contre leurs propriétaires en les ébouillantant, les tranchants et les électrocutant… Avec des effets spéciaux « made in France », c’est-à-dire complètement cheap, la petite série Z fait aujourd’hui mourir de rire tout en produisant son effet sur notre hyper consommation et notre dépendance aux objets du quotidien. Pour les frissons, on repassera (avec un fer prévu à cet effet bien sûr !).

Aussi réussi sur le fond que sur la forme, le film américain « Panique sur le green » (1989) met en scène une diabolique tondeuse aux dents d’acier super tranchantes qui, après en avoir eu ras le sol de couper le gazon, décide de s’attaquer aux jardiniers et aux joueurs de golf d’un club privé. Si les golfeurs ont perdu la balle, le réalisateur lui a perdu la boule, tant on ne peut s’empêcher de pleurer de rire quand on assiste au plan subjectif de la tondeuse nous montrant sa vision à hauteur d’herbe (que le scénariste a forcément fumé en grande quantité). Les comédiens n’en sont pas et la tentative parodique des « Dents de la mer » prend l’eau.

Dans le même style : « L’Ascenseur » (1983), qui ne relève absolument pas le niveau, aura pourtant remporté le Grand Prix d’Avoriaz et son réalisateur reçu un ticket pour la réalisation de son remake américain avec Naomi Watts !

Photo4

Bon appétit bien sûr !

Au menu des objets tueurs au cinéma, il y a également ceux qui vous font passer à la casserole ! « L’attaque de la Moussaka géante » (1999) en est un parfait exemple. Ce film grec qui parodie chacune des ses scènes s’illustre par ses morceaux de bravoure foireux, ses morceaux de musique folklorique et disco et surtout par ses jets de morceaux de viande et de sauce tomates meurtriers ! Autant dire qu’on a rarement vu aussi drôle dans le genre. Le pitch du film ? Ayant pris vie à la suite d’une manipulation extra-terrestre, une portion de moussaka abandonnée grandit dangereusement et va se dégourdir la béchamel dans les rues d’Athènes pour se venger des humains en leur demandant d’aller se faire voir chez les Grecs. Loin d’être un navet, le film est une joyeuse auto-parodie qui se déguste avec un bon verre d’ouzo entre amis (à consommer avec modération).

Pour finir sur une note sucrée, découvrez « The Stuff », aussi titré « Yaourt Attack » (1985) de Larry Cohen, scénariste des récents « Phone Game », « Cellular » et « Captivity ». Incroyable, Hollywood finance un film sur un yaourt tueur qui, commercialisé à grande échelle aux Etats-Unis, se vend comme des petits pains. Mais sa recette cache un ingrédient meurtrier qui tue tous ceux qui le mangent ! Une parabole de la lutte entre le bloc soviétique et l’Amérique de Bush ?! Quoi qu’il en soit, le film accumule les lourdeurs (d’estomacs) et ne nous fait pas oublier que c’est dans les vieux pots de yaourts qu’on fait les meilleurs films d’horreur.

Dans le même style : « L’attaque des tomates tueuses » (1978) et sa suite « le retour des tomates tueuses » (1988) avec George Clooney dans ses débuts cinématographiques. What else ? « Les tomates tueuses contre-attaquent » (1991). Une trilogie qui nous passe l’envie de devenir végétarien !


Salut poupée !

Chucky, Douce nuit sanglante, Dolly dearest, Dolls, Black devil doll from hell, Puppet masters, Demonic toys, Doll graveyard, Dollman VS demonic toys, Death doll, Blood dolls, La revanche de Pinocchio, Dead silence, Le Singe du diable… Les films mettant en scène des poupées démoniaques se comptent par rayon. Chucky, la poupée rousse, en est le porte étendard avec cinq épisodes inégaux mais qui se placent dans le haut du tableau des films d’horreur avec poupée. Chucky, à l’origine, est un jouet inoffensif de la collection Good guy (traduit par Brave gars !). Il prend vie dans le film « Jeu d’enfant » (1988), lorsque Charles Lee Ray est abattu par la Police et que ce dernier arrive à transférer son esprit sadique dans le corps inerte d’une grande poupée rousse vêtue d’une salopette en jean. Le jouet atterrira dans le foyer d’Andie qui n’en finira pas d’en voir de toutes les douleurs avec ce bout de chiffon qui lui veut la peau et son corps pour reprendre forme humaine.

« Chucky, la poupée de sang » et « Chucky 3 » suivront rapidement (1990 et 1991), avant une pause bénéfique et la renaissance du poupon avec « La fiancée de Chucky » (1999) et du « Fils de Chucky » (2004) où l'humour noir et l'horreur gore feront le malheur des plangonophobes, comprenez celles et ceux qui ont une peur panique des poupées.

Les inclassables, mais indispensables !

Six ans après « Duel », le premier film (TV) de Steven Spielberg, Elliot Silverstein réalise « Enfer mécanique » avec James Brolin (le père de Josh) où une voiture folle fait des ravages dans une région du sud-ouest américain. A-t-elle un conducteur au volant ? Si non, a-t-elle le permis ? Autant de questions que se pose la Police qui tente par tous les moyens d’arrêter le bolide qui sème panique et mort sur son chemin.

Adapté de l’œuvre de Ralph Kônig, le film « Killer Condom » (1997) est un film couillu où le burlesque atteint des sommets (32 cm) d’humour noir. Les préservatifs armés jusqu’aux dents occupent le milieu dépravé de New York où ils laissent traces de leur passage. Pendant que les émasculés se font plus nombreux, la Police enquête. Les effets spéciaux sont signés H.R Giger, celui-là même qui a été récompensé d’un Oscar pour son travail sur « Alien » et « La Mutante ».

Les deux maisons les plus effrayantes de l’histoire du cinéma sont celles de « Psychose » et d’« Amityville ». Cette dernière est au centre d’une histoire dont les faits sont tirés d’événements s’étant réellement déroulés. Le fils d’une famille Ronald DeFeo assassine avec son fusil de chasse père, mère, frères et sœurs parce qu'une voix -celle de la maison- le lui a ordonné. Arrêté et jugé, il est condamné à perpétuité. Un an plus tard une nouvelle famille vient habiter les lieux. Ils raconteront avoir vécu des manifestations surnaturelles et inquiétantes : portes qui se ferment, esprits qui se manifestent, la maison semble être possédée et agir sur ses occupants... Qu’on y croit ou pas, l’histoire fiche la chair de poule. Et la maison du diable, comme elle sera surnommée ensuite, avec ses fenêtres en quart de lune inspirera pour toujours la terreur.



Le cinéma s’est emparé de nombreux objets de consommation courante pour en faire des meurtriers de premier plan, avec plus ou moins de réussite. Dans un scénario où une tondeuse, voire un yaourt, a des pulsions meurtrières, le plus dur est encore de l’expliquer. Origines extra-terrestres, esprit d’humain déporté dans l’objet, apparition d’un esprit satanique… les explications n’ont jamais manqué défiant parfois l’absurde et le ridicule. La meilleure idée qui n’ait jamais été trouvée est celle de Quentin Dupieux dans « Rubber ». A la question pourquoi un pneu prend-t-il vie et veut-il dégommer tout le monde ? La réponse tombe tel un couperet : « No reason ». La création n’a aucune limite. Le cinéma non plus !

Mathieu Payan

Partager cet article sur Facebook Twitter