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CESARS 2010 : résultats et commentaires


Il partait grand favori cette année, et c'est sans grande surprise qu'il a raflé la quasi-totalité des récompenses. "Un prophète" de Jacques Audiard, sans aucun doute le meilleur film français de 2009, repart donc avec neuf césars sur treize nominations, et entre dans le top trois des films ayant obtenu de plus de statuettes (Cyrano de Bergerac et Le Dernier Métro en ayant reçu dix, respectivement en 91 et en 81). Autant dire qu'il n'a laissé que des miettes à ses concurrents :

Meilleur film français de l'année :
Un Prophète (Jacques Audiard, Pascal Caucheteux, Grégoire Sorlat, Marco Cherqui)

Meilleur réalisateur :
Jacques Audiard (Un Prophète)

Meilleur acteur :
Tahar Rahim (Un Prophète)

Meilleure actrice :
Isabelle Adjani (La Journée de la Jupe)

Meilleur acteur dans un second rôle :
Niels Arestrup (Un Prophète)

Meilleure actrice dans un second rôle :
Emmanuelle Devos (A l'Origine)

Meilleur jeune espoir masculin :
Tahar Rahim (Un Prophète)

Meilleur jeune espoir féminin :
Mélanie Thierry (Un Dernier pour la Route)

Meilleur scénario original :
Un Prophète (Jacques Audiard, Thomas Bidegain, Abdel Raouf Dafri et Nicolas Peufaillit)

Meilleure adaptation :
Mademoiselle Chambon (Stéphane Brizé, Florence Vignon)

Meilleure première œuvre :
Les Beaux Gosses (Riad Sattouf & Anne Dominique Toussaint)

Meilleure musique écrite pour un film :
Le Concert (Armand Amar)

Meilleure photographie :
Un Prophète (Stéphane Fontaine)

Meilleurs décors :
Un Prophète (Michel Barthélémy)

Meilleurs costumes :
Coco avant Chanel (Catherine Leterrier)

Meilleur son :
Le Concert (Pierre Excoffier, Bruno Tarrière, Sélim Azzazi)

Meilleur montage :
Un Prophète (Juliette Welfling)

Meilleur court métrage :
C'est gratuit pour les filles (Claire Burger & Marie Amachoukeli)

Meilleur film étranger :
Gran Torino (Clint Eastwood)

Meilleur film documentaire :
L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot (Serge Bromberg & Ruxandra Medrea)


Un palmarès assez juste

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Comme bien souvent aux Césars, un grand favori récolte la majorité des prix. Le film d'Audiard ayant rencontré l'unanimité auprès de la presse, il y avait très peu de chance qu'un outsider lui fasse sérieusement concurrence, comme ce fut le cas l'année dernière entre "Mesrine" et "Séraphine".
On pourrait s'indigner, comme les années précédentes, qu'il en soit ainsi, mais reconnaissons-le, "Un Prophète" était techniquement la meilleure réalisation française de 2009. C'est donc à juste titre que ses concurrents pour les catégories de meilleur film, scénario original, réalisation, montage et photographie furent évincés au profit de l'œuvre d'Audiard. La récompense des meilleurs décors est plus discutable en analysant les films nominés, notamment lorsque l'on remarque que "Mic-mac à Tire la Rigot", "Coco avant chanel" ou même les chantiers de "A l'Origine" n'avaient rien à envier au hangar désaffecté servant de prison dans "Un Prophète". La maîtrise du metteur en scène a donc fait mouche auprès du jury et ce, pour notre plus grand plaisir.

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Sans vraiment de surprise, l'académie a remis le reste des Césars techniques à des films dont les sujets annonçaient les récompenses. Ainsi, quoi de plus opportun que de remettre le prix du meilleur son et de la meilleure musique composée pour "Le Concert", même si l'on aurait préféré que le compositeur de "Welcome" remporte la statuette. Enfin, quoi de plus consécrateur que de recevoir le César des meilleurs costumes pour un film sur la vie de Coco Chanel ? Catherine Leterrier a dû être fière de cette récompense bien méritée.
La plus grosse surprise fut celle de voir Tahar Rahim, l'acteur principal d'"Un Prophète", se faire remettre le prix du meilleur espoir masculin ET celui du meilleur acteur que l'on aurait pensé destiné à François Cluzet pour son excellente prestation dans "A l'Origine". Ceci dit, l'académie peut se targuer d'avoir été juste dans ces deux cas et de ne pas être tombé dans la distribution convenue de récompenses, car la performance du jeune "prophète" terrassait toutes celles nominées.

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Non, la grande escroquerie de ces Césars est bien évidement le prix de la meilleure actrice remis à Isabelle Adjani pour sa pathétique prestation dans le bancal "La Journée de la Jupe". Comme à chaque remise, l'actrice nous l'a encore joué en larmes, en faisant des tonnes, à l'image de son jeu dans le film de Lilienfeld… C'est d'autant plus navrant que, des cinq actrices nominées, c'était sans aucun doute celle qui était la moins méritante d'avoir sa place dans les nominations. Ainsi, la stupéfiante Dominique Blanc de "L'Autre" fut injustement oubliée au profit d'une actrice ayant certes, du talent, mais extrêmement mal dirigée dans cette production.


On se rassure avec les prix des meilleurs seconds rôles très justement remis à Niels Arestrup (effrayant César de "Un Prophète") et à Emmanuelle Devos pour sa touchante composition dans "A l'Origine".
Enfin, beaucoup d'entre nous se réjouiront aussi de voir le premier film de Riad Sattouf récompensé pour son hilarant et original "Les Beaux Gosses" et d'apprendre que le film préféré de la rédaction en 2009 fut sacré meilleur film étranger lors de cette cérémonie où Harrisson Ford reçut un César d'Honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Au final, cette cérémonie bien terne, à l'humour tombant souvent à plat, fut au moins savoureuse pour le plaisir de voir ses vainqueurs justement récompensés.

Alexandre Romanazzi

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