DOSSIER

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A l’honneur : Steven Spielberg (2/2)


Deuxième partie "hommage" consacrée à l'un des plus grands réalisateurs de notre temps : Steven Spielberg dont nous fêtons la sortie 3D de "Jurassic park" (le 1er mai 2013 dans nos salles) et sa présidence du jury du prochain Festival de Cannes. Les rédacteurs spielbergphiles expriment toute leur gratitude et leur respect quant à son travail et l'influence qu’il a eu sur le cinéma au bout de ces près de 40 années de carrière…

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« L’aventure c’est l’aventure », par Olivier Bachelard

Si le futur président du jury du Festival de Cannes a pris un tournant en 1993 avec "La Liste de Schindler", alternant désormais film sérieux et blockbuster, et épousant au passage diverses causes (l’abolition de l’esclavage, la dignité dans le conflit, la mémoire de la Shoah...), c’est finalement surtout Spielberg le créateur d’aventures qui retiendra mon attention.

Que ce soit dans le domaine de la science-fiction ("Minority Report", "Rencontres du troisième type", "La Guerre des mondes", "A.I.", "E.T."), du conte pour enfants ("Hook"), de l’exploration (la saga Indiana Jones, "Jurassic Park", le premier des films 3D dédiés à Tintin...), le cinéaste a toujours su exploiter des figures emblématiques de cette quête de sensations qui anime chacun de nous, magnifiant avant tout l’homme, dans toutes ses dimensions, les plus retorses ("Arrête-moi si tu peux", "Lincoln", "Munich") et les plus généreuses.

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« Souvenirs, souvenirs… », par Frédéric Wullschleger

Je me souviens.

Octobre 1993. Mes parents étaient partis en voyage au Népal, me laissant à la maison avec mon grand-père, qui se demandait sûrement comment il allait m’occuper. Cet automne-là, un film enflammait la planète cinéma, rendait fou les plus jeunes et montrait aux plus âgés que désormais, tout était possible. Il faut savoir qu’à cette époque bénie de l’enfance et de l’innocence, ma culture ciné se limitait aux dessins animés Disney et à la vision exaltée (et exaltante) du survolté "Robin des Bois, prince des voleurs" (de Kevin Reynolds), deux ans plus tôt. Qu’elle ne fut pas ma joie, donc, lorsque mon grand-père m’annonça que nous irions voir ce "Jurassic Park" tant attendu.

Il faut se mettre dans la tête d’un garçon de neuf ans, pour comprendre le choc que fut la découverte de ce spectacle plus grand que nature : une scène d’introduction intrigante, la présentation amusée des héros, les promesses de jamais vu dévoilées lors de l’arrivée sur l’île aux accents de la somptueuse symphonie de John Williams, les premiers dinosaures, un voyage en voitures électriques, et, point d’orgue de ce prélude à une aventure grandiose, l’apparition électrisante d’un T-Rex furibard, émergeant d’une jungle battue par les vents !

Deux heures plus tard, la baffe était totale. Et le petit garçon que j’étais ne devait jamais s’en remettre. Ni mon grand-père, d’ailleurs, qui m’affirma, le regard fiévreux que l’on y retournerait le lendemain. Et le surlendemain ! Trois visions, en trois jours, qui allaient m’ouvrir la porte de l’univers sans commune mesure de ce géant du cinéma qu’est Monsieur Steven Spielberg. Et dont je n’ai plus jamais cessé d’explorer l’univers.

Parce que grâce à lui, à son talent pour l’Aventure dans ce qu’elle a de plus noble, à son amour d’un Art qu’il a su faire évoluer, je resterai à jamais ce petit homme excité vivant avec son aîné tant adoré le spectacle le plus puissant qui soit. On est bien peu de chose…

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« Je ne peux plus voir un camion dans le rétro sans avoir une certaine appréhension », par Gaëlle Bouché

En septembre 1981, je découvrais à l’écran, LE Héros de mon enfance : Indiana Jones. Intelligent et complexé, poissard autant qu’efficace, Indy avait avant tout un irrésistible sens de l’humour. Comme lui, j’ai une peur panique des serpents. Je revois encore ma sœur pouffer sur le fauteuil d’à côté, tentant des « Chuts ! » désespérément vains, face aux à mes petits cris d’horreur lors de la fameuse scène où Harrison Ford tombe dans une fosse bondée de reptiles. Nous étions toutes les deux conquises, et très vite nous abandonnions nos imitations de Chewbacca pour nous remémorez les meilleures répliques de notre aventurier préféré.

À cette époque, j’étais bien trop jeune pour que le nom de Steven Spielberg m’évoque quelque chose, pourtant il avait déjà émoustillé mon grand appétit cinématographique à deux reprises. Parmi les nombreux films vus en famille sur la petite télé du salon, il y avait eu "Duel" !… Minimaliste mais terriblement efficace, il reste encore aujourd’hui pour moi, la référence du thriller. Depuis, je ne peux plus voir un camion dans le rétro sans avoir une certaine appréhension. Tout comme je ne peux pas regarder "Les Dents de la mer" en gardant les pieds au sol. Des fois qu’un grand blanc surgisse de dessous le canapé.

Le grand génie de Steven Spielberg est de maîtriser à merveille la narration. Quelque soit son sujet, il arrive toujours à nous passionner sans aucun temps mort. Sa filmographie est tellement variée qu’elle regorge de chef-d’œuvre qui n’existe que par eux-mêmes, au point d’en oublier que c’est une seule et même personne qui les a réalisés. Autant de légendes qui ont ponctué notre existence. On a toujours un souvenir marquant lié à ses films. Le vélociraptor derrière le hublot, la classe incarnée de Di Caprio dans "Arrête-moi si tu peux", et même si ce n’est pas le meilleur, "Cheval de guerre" a réussi à me captiver alors que je n’ai que peu d’affection pour les histoires de chevaux. Sans conteste, l’un des plus grands réalisateur du cinéma, Spielberg m’apparaît comme un homme simple, un artisan du cinéma qui adore son boulot et qui se fait plaisir… autant que moi, à voir et revoir ses films.


« Cher Monsieur Steven S. », par Raphaël Jullien

Je souhaiterais vous convier pour un futur rendez-vous posthume. Lorsque vous quitterez, à regret, ces chers mortels que vous côtoyez encore à ce jour, vous aurez en effet droit à une invitation pour une place de choix à un banquet d’immortels du 7e art, dans la trop rare catégorie « populaire de très grande classe ». À cette table, vous rejoindrez notamment un bedonnant de génie (Alfred H.), un moustachu chapeau-melonné (Charlie C.), un vermicellier du colt (Sergio L.), un prestidigitateur de l’inconnu (Georges M.), un amateur de souris et de canards (Walt D.) ou encore un métaphorique Germain (Fritz L.), dont je suis sûr que vous saurez apprécier la compagnie éternelle.

Les autres convives de ce festin cinématographique ne seront pas en reste car je suis convaincu qu’ils auront aussi pour vous (et pour votre œuvre) une haute estime et une grande admiration. Ils auront de la chance de vous accueillir parmi eux.
Certes… Mais aucune de ces autres immenses étoiles de la pellicule n’aura eu le même privilège que moi ou que des millions d’autres humains dont la banalité a été rehaussée par petites touches grâce aux émotions multiples qu’ont procurées vos films.
- Le jeune Georges M. (1861-1936) a sans doute fantasmé sur les Sélénites ou sur leurs lointains cousins de notre vaste univers. Mais il n’a pu le faire aux côtés d’Elliott ("E.T. l’extraterrestre") ou du duo Roy Neary/Paul Lacombe ("Rencontres du troisième type").
- Le jeune Walt D. (1901-1966) a peut-être gardé son âme d’enfant et voulu la partager. Mais il n’a pas pu rester aux côtés de Peter Pan quand celui-ci a fini par grandir lui aussi ("Hook ou la revanche du capitaine Crochet").
- Le jeune Fritz L. (1890-1976) s’est probablement intéressé assez vite aux complexités de l’âme humaine. Mais il n’a pas pu saisir la torture dans les âmes de John Anderton ("Minority Report") ou de Ray Ferrier ("La Guerre des mondes").
- Le jeune Charlie C. (1889-1977) a possiblement eu l’envie d’exécrer la guerre avec talent. Mais il n’a pas eu l’occasion de partir à la rescousse de Ryan ("Il faut sauver le soldat Ryan") ni d’aider Oskar ("La Liste de Schindler").
- Le jeune Alfred H. (1899-1980) a peut-être été rapidement fasciné par la peur que l’on peut suggérer aux autres à partir d’un rien. Mais il n’a pas pu frissonner lui-même devant la vue d’un simple camion ("Duel"), d’un aileron de requin ("Les Dents de la mer") ou de dinosaures anachroniques ("Jurassic Park").
- Le jeune Sergio L. (1929-1989) a sans aucun doute beaucoup rêvé de héros solitaires aux grands chapeaux. Mais il n’a pas eu la chance de s’enthousiasmer devant les chevauchées épiques et westerniennes d’un archéologue au nom canin ("Indiana Jones").
- En revanche, le modeste Raphaël J. que je suis a connu d’immenses privilèges, comme enfant, comme adolescent ou comme jeune adulte. Celui de se laisser gagner par la frénésie. Celui de percevoir le souffle épique courir sur ses yeux. Celui de vouloir parcourir l’Histoire sans frontières physiques ni temporelles. En bref, celui de se sentir grand en restant tout petit ! En beaucoup d’ex-enfants de ma génération, il y a une part d’Elliott, de Goonies, de Peter Pan ou d’Indiana Jones… Et gageons que la génération suivante aura aussi en elle des petits riens de Tintin, de Frank Abagnale Jr ou de Lincoln !
Cher Steven S., vos pépites sont éternelles. Vous serez comme elles.
Très respectueusement.

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Mathieu Payan et la rédaction

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