PORTRAIT

JUDI DENCH

Interprète

Portrait

©Gaumont Columbia Tristar Films

Judi Dench est certainement l’une des actrices britanniques les plus populaires, brillant aussi bien sur les planches que sur grand écran. Récompensée à de nombreuses reprises, elle n’a jamais cessé de tourner, et même si, aujourd’hui, elle se contente de rôles plus secondaires, son talent ne cesse d’éclabousser la pellicule.

Judi Dench est née à York, en Angleterre, le 9 Décembre 1934, au cœur d’une famille passionnée de théâtre. Son père, médecin, était aussi le directeur général d’un théâtre local tandis que sa mère s’occupait des costumes pour les différents spectacles. Son père n’hésitant pas à recevoir chez lui les différentes compagnies pour leur permettre de jouer durant plusieurs jours, la petite Judi a toujours vécu entourée de comédiens et de dramaturges. C’est ainsi qu’elle développe très rapidement une passion pour le théâtre. Mais l’enfance de la petite fille est marquée par le départ de son père pour la guerre, années difficiles durant lesquelles la petite fille se plonge dans les livres pour combattre sa peur. Élève douée, elle est régulièrement première de ses différentes classes. Après la guerre et au retour de son père, le théâtre de celui-ci connaît un essor qui lui permet d’attirer des compagnies de plus en plus prestigieuses. Judi Dench, alors adolescente, en profite pour se faire enrôler dans l’une d’elle et enchaîner les différentes prestations sur scène. Véritable passionnée, elle se transforme progressivement en comédienne confirmée et dévore les biographies des grands dramaturges. Elle ne possède que peu d’amis de son âge, mais peu importe, son existence lui convient pleinement, celle-ci s’évadant dès qu’elle le peut dans son univers shakespearien. Malgré son plaisir sur scène, Judi Dench s’oriente d’abord vers une carrière de scénographe, voulant donner vie, à sa manière, aux textes qui l’ont tant émue et comblée durant sa jeunesse. Néanmoins, face à l’enthousiasme et aux critiques dithyrambiques qu’elle reçoit de la part des amis comédiens de son père, cette dernière décide de s’inscrire à la Central School of Speech and Drama afin de parfaire sa formation. Désormais, ce sont ces professeurs qui sont sous le charme, complètement ébahis par les qualités de la jeune fille qui reçoit quatre récompenses, dont notamment ‘‘la médaille d’or pour un étudiant exceptionnel’’, consécration suprême.

Dès 1957, à la sortie de l’école, elle débute, avec brio, sur les scènes professionnelles, avec la Old Vic Compagny, en interprétant notamment Ophélie dans Hamlet, prestation qui lui ouvre les portes des théâtres londoniens. Elle restera dans la compagnie durant quatre saisons, améliorant sa maîtrise de la scène, avec des performances impressionnantes pour son jeune âge, particulièrement dans Henry V où elle incarne Katherine. Son talent s’exporte outre Atlantique avec des tournées au Canada et aux Etats-Unis. Judi Dench, déterminée et appliquée, multiplie les rôles marquants, et malgré les sollicitations, elle reste, pour le moment, insensible aux sirènes du 7ème Art, préférant rejoindre la prestigieuse Royal Shakespeare Compagny où elle amassera ses premières récompenses. En 1964, elle décide enfin de franchir le pas et c’est avec « The Third Secret » de Charles Crichton que sa carrière cinématographique prend son envol. Même si elle reste bien souvent cantonnée à des seconds rôles, son charisme et sa présence lui permettent d’interpréter des rôles notables, notamment dans « Four in the Morning », qui lui vaut dès l’année suivante, son premier BAFTA en tant que meilleure espoir, et dans les adaptations théâtrales pour lesquelles elle se tourne vers un expert en la matière, Kenneth Branagh (« Henry V » et « Hamlet »). Excellant dans les rôles d’époque, son interprétation de la Reine Victoria, en 1997, dans « La Dame de Windsor » lui rapporte le BAFTA de la meilleure actrice tandis qu’elle réussit la performance extraordinaire d’obtenir l’Oscar du meilleur second rôle en 1999, avec seulement 8 minutes à l’écran dans l’excellent « Shakespeare in Love » du même réalisateur, John Madden.

Ne délaissant jamais le théâtre, pour lequel, elle enchaîne les représentations avec toujours autant de talent, et n’hésite pas à jouer dans des compagnies moins reconnues, afin de donner un coup de pouce à la jeune génération. Celle qui s’est tant nourrie des conseils qui ont pu lui être administrés ne perd jamais l’occasion de transmettre sa passion et de faire naître une flamme chez les jeunes comédiens. Pour autant, elle trouve une place de plus en plus importante au cinéma, notamment lorsqu’elle se voit confier le rôle de M, en 1995, dans la saga des James Bond, auparavant toujours interprété par des hommes, la série télévisée des années 90 « As Time Goes By » lui offrant la notoriété. Reconnue comme une travailleuse acharnée, elle a ces dernières années, malgré son âge, intensifié son rythme de tournage, devenant très prolifique. On a ainsi pu l’apercevoir dans « Orgueil et Préjugés » de Joe Wright, « Chronique d’un scandale », « Nine » de Rob Marshall, « J. Edgar » de Clint Eastwood ou encore « My week with Marilyn ». Immensément talentueuse, se nourrissant du cinéma et respirant le théâtre, Judi Dench, malgré son immense carrière, ne semble pas encore avoir révélé toutes les surprises qu’elle pouvait nous offrir. Aujourd’hui, elle fait partie du cadre très fermé des comédiens qui parviennent à transformer un second rôle en prestation majeure, son charisme saisissant la caméra à chacun de ses dialogues.


Le saviez-vous ?

Judi Dench fait partie des actrices les plus récompensées. Elle a ainsi obtenu un Oscar, un Tony Award, dix BAFTAS, deux Golden Globes, sept Laurence Olivier Awards ainsi que de nombreuses récompenses moins prestigieuses. Elle fut ainsi la seule comédienne à avoir remporté deux Laurence Olivier Awards la même année, pour deux spectacles différents. En plus de ces prix, elle fut sacrée Dame commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique en 1998 et a rejoint l’Ordre des Compagnons d’Honneur en 2005 en tant que 39ème membre.


Filmographie sélective

2012 : Skyfall, de Sam Mendes
2012 : Jane Eyre, de Cary Fukunaga
2012 : Indian Palace, de John Madden
2012 : My week with Marilyn, de Simon Curtis
2012 : J. Edgar, de Clint Eastwood
2010 : Nine, de Rob Marshall
2008 : Quantum of Solace, de Marc Forster
2007 : Chronique d’un scandale, de Richard Eyre
2006 : Casino Royale, de Martin Campbell
2006 : Orgueil et Préjugés, de Joe Wright
2004 : Les Chroniques de Riddick, de David Twohy
2003 : L’importance d’être constant, d’Olivier Parker
2002 : Meurs un autre jour, de Lee Tamahori
2002 : Terre Neuve, de Lasse Hellström
2001 : Iris, de Richard Eyre
2001 : Le chocolat, de Lasse Hellström
1999 : Le monde ne suffit pas, de Michael Apted
1999 : Shakespeare in Love, de John Madden
1998 : La dame de Windsor, de John Madden
1997 : Demain ne meurt jamais, de Roger Spottiswoode
1997 : Hamlet, de Kenneth Branagh
1995 : GoldenEye, de Martin Campbell
1991 : Henry V, de Kenneth Branagh
1986 : Chambre avec vue, de James Ivory et Paul Bradley
1965 : Quatre heures du matin, d’Anthony Simmons

Christophe Brange
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