En cette fin de Guerre de Sécession, des attentats sont perpétrés par des Sudistes à l’encontre du secrétaire d’État, du vice-président et du Président Abraham Lincoln qui périront tous les trois. Les fuyards seront pour la plupart retrouvés et un procès militaire s’ouvrira pour les juger : sept hommes et une femme, la mère d’un suspect en fuite, inculpée des mêmes charges. Un Capitaine devenu avocat se voit confier sa première affaire : défendre cette femme que tout le monde accuse, y compris lui…
Sortie en le 24 novembre 2011
Dans les grands procès de l’Histoire américaine, je demande celui de Mary Surrat et sept autres prévenus accusés d’avoir planifié l’assassinat du Président Lincoln en 1865. Robert Redford se saisit de cet épisode douloureux de l’Histoire de l'Amérique pour en faire un film où la frontière entre Justice et Vengeance n’a jamais été aussi fine. Il en tire un portrait peu glorieux des États-Unis d’Amérique, ce qui a peut-être entraîné son peu de succès et de reconnaissance à sa sortie sur les écrans outre-atlantique. Le film n’a en effet même pas récolté 15 millions de dollars alors qu’il en avait déjà coûté dix de plus.
Ce qui est intéressant dans l’analyse faite par Redford est le prix à payer pour exercer les lois les plus fondamentales d’un pays. La Justice libre et pour tous est le berceau de nos démocraties. Que penser de l’avocat qui défend ceux qui ont conduit à la mort un Président aimé de tout un peuple ? Trahit-il son pays ? Non, il fait juste son métier, en rendant ses lettres de noblesses aux amendements qui régissent cette nation.
Redford dresse ainsi le portrait d’un homme de loi qui croit en les institutions de son pays. Un homme qui mettra sa propre vie et ses propres intérêts en jeu, qui ira jusqu’à perdre amis et compagne, mais qui ne se détachera pas du serment qu’il a fait en devenant défenseur des droits de chaque homme et femme. Cet homme est dignement interprété par James McAvoy (« X-Men, le commencement », « Reviens-moi ») et cette femme prend les traits de la formidable Robin Wright.
McAvoy rappelle furieusement les débuts de Edward Norton, même physiquement, ce qui est avant tout un compliment. Il joue un peu le rôle de Jim Garisson tenu par Kevin Costner dans « JFK » (autre affaire d’assassinat de Président), avec beaucoup de droiture et de retenue. Robin Wright, façon Juliette Binoche en veuve de Saint-Pierre, n'en fait presque pas suffisamment mais est parfaite dans ce rôle de mère prête à se sacrifier pour sauver la chair de son sang. Le casting réserve d’autres bonnes surprises comme Kevin Kline, Evan Rachel Wood ou Tom Wilkinson.
On pourra regretter que le film soit d’un académisme presque exemplaire – grandes éloquences au procès, idées de faire triompher la vérité et le bien – mais on déplorera surtout le conformisme de la réalisation et les faits édulcorés de l’Histoire. Néanmoins, Redford amène avec pudeur l’émotion de son récit tout en réussissant à ne pas tomber dans le pathos et en réservant quelques surprises qui tiendront en haleine les spectateurs.
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