En Angleterre, après la première guerre, Florence Cathcart est la meilleure chasseuse de fantômes de pays. Son secret ? Arriver à déceler à chaque fois les supercheries derrière chaque affaire, par un sens de la déduction et une logique hors du commun. Un vétéran de la guerre, Mallory, fait appel à elle, car dans l’école qu’il surveille, un enfant vient de mourir après avoir vu un fantôme...
Sortie en DVD et Blu-ray le 17 juillet 2012
Avec sa scène d’ouverture nous montrant son héroïne démasquer, tel Sherlock Holmes, une supercherie voulant faire croire au spiritisme à des personnes crédules, Nick Murphy pose immédiatement les bases de son récit. « La Maison des ombres » sera une histoire faite de faux semblants où certains de nos acquis en matière de films de fantômes seront remis en question. Une sorte de croisée des genres où Miss Marple rencontrerait Scooby-Doo et le gamin de « 6ème Sens ».
Scientifique, romancière et détective du surnaturel, Florence Cathcart, malgré ses démons intérieurs, est une femme profondément rationnelle et déterminée à faire la lumière là où tout le monde persiste à croire que des fantômes et autres spectres sont la cause de leurs soucis. « Ancêtre » de Dana Scully, rien ne résiste à sa perspicacité, mais la remise en question n’en est pourtant pas pour autant exclue si elle est nécessaire. Comme le disait Sherlock « Si l’on a écarté toutes les solutions logiques à un problème, c’est donc une solution illogique, aussi invraisemblable soit elle, qui en est la réponse ». Mais avant d’en arriver à ce type de conclusion, Florence use d’une intelligence et d’une volonté à toute épreuve pour démasquer les coupables.
Fraîchement débarquée dans une ancienne maison reconvertie en pensionnat, Florence doit retrouver les traces d’un soi-disant fantôme, hantant les lieux depuis des années, et responsable de la mort d’un jeune élève. Avec une construction digne d’un épisode de Scooby-Doo, le réalisateur va nous mener, ainsi que son héroïne de fiction, en bateau pendant le premier tiers du récit, afin de brouiller les pistes. Nous ne savons plus quoi croire, ne sommes plus sûrs de ce que l’on voit et Florence non plus. Les apparences sont trompeuses. À Florence d’oublier ses acquis et de se libérer d’un passé douloureux pour réussir à faire la lumière sur son habitant de l’ombre.
Partant d’un postulat proche de celui de « L’Orphelinat » de Juan Antonio Bayona, « La Maison des ombres », dont on préférera le titre anglais « The Awakening » (l’éveil), bien moins évocateur et plus juste, est à l’image du film espagnol, imprégné de l’ambiance de son pays de production. Là où la production Del Toro sentait bon la moiteur ibérique, ce sont des odeurs de « cup of tea » et de classicisme qui émanent du film de Nick Murphy. Porté par un casting solide dont fait partie l’habitué des planches londoniennes Dominic West (vu également dans « 300 ») on peut tout de même regretter que le réalisateur n’ait pas poussé plus loin l’ambiance horrifique de son métrage en provenance du plus grand studio de tous les temps en matière de film d’horreur (la Hammer, pour les deux du fond). Trop propre, trop clinique, parsemé de quelques petits moments d’inquiétudes (vous ne sauterez pas au plafond si vous êtes un habitué du genre), le film est à l’image de sa protagoniste : terre à terre et d’une précision chirurgicale. On se laisse porter par cette histoire très bien produite (magnifique photo d’Eduard Grau), mais l’ensemble manque au final de personnalité même s'il se démarque d’un genre déjà bien fourni.
Sans renouveler le genre de la maison hantée, et en respectant ses nombreux codes avec beaucoup de respect (peut être trop), « La Maison des ombres » réussit tout de même à se placer proche du haut du panier en matière de ghost story. Sans jamais atteindre les sommets de « 6ème Sens » ou de « L’Orphelinat », le film ne déçoit pas et procure un intérêt et un plaisir certain, à défaut d’émerveiller et de changer la donne.
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