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Depuis son divorce, Lucas, quarante ans, vit seul dans sa maison d’une petite ville du Danemark. Le fait de ne pas voir son fils l’affecte beaucoup. Heureusement, Klara, la fille de son meilleur ami, passe beaucoup de temps à s’amuser avec lui, y compris hors de son travail d’éducateur à la crèche. Un jour, Klara fait des allusions sur le pénis de Lucas à l’une des éducatrices de la garderie, ce qui ne manque pas de l’interpeller…
Il suffit d’un rien parfois pour ruiner une existence. Quelques paroles en l’air, une rumeur qui court, et très vite l’effet de groupe entraine une haine conjointe envers le coupable tout désigné. Si « La Chasse » n’est pas le premier film à traiter de la paranoïa et de l’effet d'entrainement collectif, il pose tout de même un vrai problème de fond dans une société danoise marquée par les affaires de pédophilie. Quinze ans après le terrassant « Festen » instigateur du Dogme 95 aujourd’hui obsolète, Thomas Vinterberg est revenu à Cannes pour explorer d'un autre point de vue les accusations de crimes pédophiles.
Amical, serviable et modeste, Lucas est un quadragénaire récemment divorcé vivant seul dans une grande maison. Travaillant à la garderie du village, il est aimé et respecté des gens du quartier, jusqu’au jour où Klara, la fille de six ans de son meilleur ami se confie à une éducatrice en avançant que Lucas lui a montré son zizi « aussi dur qu’une queue de trique », paroles qu’elle répète simplement après que son frère adolescent ait prononcé ces mots tout en lui montrant furtivement une revue porno. D’abord rejeté, sans la moindre audition sur les faits (seule la gamine est questionnée au cours d’un interrogatoire orienté par un psy du coin), Lucas devient la cible de ses voisins et tout le monde le croit pédophile. En prime, l’ensemble des enfants de la garderie viennent corroborer les déclarations de Klara. Preuve qu’elle n’est pas la seule à avoir subi des sévices sexuels. Coupable avant d’être jugé, Lucas est devenu l’homme à abattre.
L’histoire est née de la lecture d’un prospectus de psychiatre y développant une théorie sur les souvenirs fabriqués et induits à partir d’assertions de tierces personnes. Vinterberg pose plusieurs problèmes qui s’avèrent plutôt délicat à résoudre. L’un d’eux, et non des moindres, est résumé dans cette réplique qu’énonce le parrain du fils de Lucas, seul homme encore persuadé de l’innocence de Lucas : « on part toujours du principe que les enfants ne mentent jamais, mais malheureusement, c’est souvent le cas… ». Comment distinguer le vrai du faux ? Lorsque des allégations aussi sérieuses sont prononcées comment se douter un seul instant qu’il s’agisse de mensonges ? Et lorsque l’enfant se rétracte, est-ce par gêne de ce qu’il a subit ou parce qu’il mesure la portée de ses paroles ? Autant de questions aussi délicates que dérangeantes lorsque ce type de situation fait surface.
À côté de ces dilemmes, Vinterberg expose les conséquences désastreuses d’une diffamation. Paria, Lucas est un indésirable à la supérette du coin et même lorsqu’il se terre dans sa maison, il reste la cible de ses voisins les plus hargneux. Certes, les ficelles sont énormes et même si le sujet de l’injustice se prête plus facilement à embarquer émotionnellement le spectateur, le réalisateur danois parvient à équilibrer son récit et ne relâche jamais la pression. Mads Mikkelsen, prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2012, est métamorphosé et habité par cet instituteur détruit qui refuse de partir de cette bourgade qui le rejette violemment. Et lorsque la vérité éclate au grand jour et que l’heure est à la réconciliation et l’apaisement, celui-ci se sent toujours chassé. Signe que le traumatisme est définitivement indélébile…
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